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Condamnés pour l’envoi de 362 grammes d’ice par la poste depuis les Etats-Unis

La drogue avait été dissimulée dans deux bougies. (Crédit : Antenne OFAST de Polynésie)

L’affaire avait débuté en juin 2022 avec la saisie, par les douaniers, au centre de tri postal de Faa’a d’un colis en provenance des États-Unis. Celui-ci contenait divers objets dont deux bougies dans lesquelles étaient dissimulés 362 grammes de méthamphétamine.

La drogue était destinée à une boite postale d’Arue que son usager avait resiliée peu de temps auparavant. En auditionnant des témoins, les enquêteurs sont arrivés sur la piste d’une femme de 44 ans. Celle-ci avait contacté un salarié de l’OPT qu’elle connaissait pour l’interroger sur le suivi du colis.

La quadragénaire était de surcroit connue des enquêteurs car elle avait effectué deux années de prison aux États-Unis. En 2017, elle avait été arrêtée à l’aéroport de Los-Angeles en compagnie de l’ex-guide touristique Yannick Mai alors qu’ils transportaient plusieurs kilos de méthamphétamine. Ce même Yannick Mai purge actuellement une peine de 8 ans de prison en lien avec le “dossier Marlier”.

Durant l’enquête comme devant le tribunal, ce mercredi, la quadragénaire a assuré qu’elle n’était pas la tête pensante de cet envoi de 362 grammes. Elle a expliqué avoir rencontré des trafiquants derrière les barreaux aux États-Unis qui l’ont contactée une fois son retour en Polynésie. Et ils lui ont proposé, selon ses dires, de lui faire parvenir de la drogue.

Je leur ai dit que je ne voulais pas car je n’avais pas envie de retourner en prison”, a-t-elle dit. Pourtant deux premiers colis arriveront au fenua, mais sans contenir de drogue. Une manœuvre destiner à “tester le trafic”, selon l’accusation. Le troisième sera intercepté par la douane.

“J’ai peur de dire non à des hommes”, a indiqué la mise en cause qui a raconté avoir subi un traumatisme dans son enfance. Selon elle, c’est un homme de 51 ans, le troisième prévenu au procès, qui lui avait demandé de passer commande. Deux envois d’environ 400 grammes pour un total de 20 000 dollars US. Une somme qui n’a jamais été payée.

“Si ça se passe mal, c’est pas toi toute seule”

Aux États-Unis ils m’ont dit : ‘Tu sais comment ça se passe ici’. J’ai pris peur. Ils m’ont dit : ‘Si ça se passe mal, c’est pas toi toute seule. C’est toi et toute ta famille’. (…) Je n’ai pas reçu de drogue. Je n’étais pas à l’initiative”, s’est défendue la quadragénaire.

 “Il y a des histoires de trafiquants mexicains ou américains qui viennent ici régler leur compte à des Polynésiens ? Vous plaisantez”, a retorqué le procureur peu convaincu par ses explications.

D’autant que le commanditaire supposé a nié catégoriquement ce rôle. Le quinquagénaire ne parle d’ailleurs pas anglais, ne dispose pas de passeport, et son compte bancaire affichait à l’époque un solde de quelques milliers de francs. En revanche, c’est lui qui a repéré les boites postales en phase de résiliation où les colis devaient être livrés.

Elle disait qu’elle allait me donner quelque chose (…) ça m’intéressait parce que j’étais en difficulté”, a déclaré l’homme, condamné en 2018 à 5 ans de prison pour trafic de stupéfiants. Quant à Yannick Mai, il s’était contenté, à la demande de la quadragénaire, de passer quelques coups de fil à des connaissances pour savoir où se trouvait le colis et s’il avait été saisi.

Dans ces réquisitions, le procureur a souligné que l’importation de drogue par colis postaux était une méthode régulièrement employée par les trafiquants. “Toute la difficulté, ensuite, est de récupérer les colis (…) Il faut donc des complicités, soit au sein du fret express, soit à la Poste (…) Le stratagème n’a pas fonctionné cette fois-ci”, a-t-il ajouté.

Le magistrat a considéré que la jeune femme était bien “à la tête du projet d’importation” : “C’est elle qui a le contact avec le fournisseur, c’est elle qui passe la commande et qui s’inquiète que le colis n’arrive pas (…) C’est elle qui est à la manœuvre”.

Une lecture du dossier conforme à celle du tribunal. La quadragénaire a finalement été condamnée à 5 ans de prison ferme et son complice à 4 années de détention. Ils devront également s’acquitter d’une amende douanière solidaire de 45 millions de francs. Quant à Yannick Mai, il a écopé d’un an supplémentaire derrière les barreaux.

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