En janvier 2024, une détenue avait confié à l’une des surveillantes de la maison d’arrêt de Faa’a qu’elle subissait depuis plus d’un mois des attouchements et qu’elle était aussi la cible de propos graveleux de la part de deux autres prisonnières plus âgées.
Deux femmes de 43 et 47 ans condamnées à de la prison ferme pour des violences et des destructions de biens appartenant à autrui. La victime s’était plainte de subir de leur part des caresses à la poitrine, aux fesses et sur le sexe, dans sa cellule. Deux autres détenues, qui n’ont pas déposé plainte, avaient également raconté être confrontées aux mêmes agissements.
« Elles se sont mises à parler de sexe, à me poser des questions. C’était leur seul sujet de conversation (…) Puis elles ont commencé des jeux de ‘touche touche’. Et ça a été comme ça tous les jours (…) Des fois, elles m’ont enlevé mon pareo pour voir en dessous. J’étais à bout. Ça devenait vraiment lourd. Je ne le supportai plus », avait témoigné la plaignante auprès des enquêteurs de la gendarmerie.
Entendues ce mardi par les magistrats du tribunal, les deux mises en cause ont soit nié, soit minimisé les faits. « Tout ce qu’elle dit ce n’est pas vrai. C’était plutôt elle qui nous racontait des choses sexuelles », s’est défendue l’une d’elles. Celle-ci avait pourtant reconnu des « paroles et des gestes envers » la victime lors de son audition.
« Quand j’ai touché, c’était pas long. C’était juste frotter. C’était un jeu entre nous. C’est tout », a-t-elle fini par consentir. « C’est vrai qu’au début, c’était pour jouer », a acquiescé la plaignante, « au début ça fait rire, mais quand c’est fréquent…ça me gênait. Je n’arrivai pas à dire stop ».
« Il n’y a pas eu d’opposition frontale de ma cliente (…), donc il peut y avoir une certaine confusion. Mais elle n’était pas en mesure de leur dire d’arrêter, et elle a subi. À terme, c’est devenu invivable », a plaidé l’avocat de la jeune femme.
Pour celui des deux prévenues, la plaignante n’a eu « aucun geste et aucune parole de refus ». « Est-ce que l’on peut parler d’agressions sexuelles ? je ne le pense pas. Personne ne dit s’être sentie en danger (…) Il y avait une ambiance générale où l’on parlait de sexe tout le temps », a-t-il ajouté en réclamant la relaxe des deux quadragénaires.
« Les actes qu’on leur reproche ne sont pas violents (…), mais l’on ne peut pas tolérer ce genre de comportements, à fortiori à l’intérieur d’une prison », a de son côté argué la procureure pour qui l’infraction d’agressions sexuelles est bel et bien caractérisée.
Une position à laquelle s’est rangé le tribunal. Il a condamné les deux femmes à 4 mois de prison avec sursis et à verser 40 000 francs de dommages et intérêts à leur victime. Leurs noms seront également inscrits au fichier national des auteurs d’infractions sexuelles.