Monsieur, tout juste reconnu coupable, et Madame, la victime, s’affichaient côte à côte à l’issue de l’audience. L’image n’a rien de surprenant au tribunal de Papeete. Le prévenu aurait pourtant pu avoir à faire face à une cour d’assises pour les faits commis sur sa conjointe en mai 2019 à Tipaerui.
Ce jour-là, Monsieur ne supporte plus que sa moitié lui rappelle sa condamnation pour des attouchements sur sa nièce. Quand Madame lui répète qu’il est un violeur, il lui assène plusieurs coups de poings, jusqu’à lui fracturer le nez. Depuis les faits sur sa nièce, Monsieur n’obtient plus vraiment les faveurs de sa conjointe. Il lui arrache alors ses vêtements et la viole. Conscient de ses actes, il lui indique « une dernière pénétration avant Nuutania ».
Le lendemain, l’hôpital signale les faits. Monsieur est placé en détention. Mais sa conjointe, d’abord décidée à aller jusqu’au bout, demande finalement l’indulgence des juges pour celui qu’elle décrit comme un « bon papa », « pilier de la famille ». Ce mardi, elle n’a pas demandé de dédommagements.
« Si elle n’a pas souhaité demander des dommages et intérêts, elle voulait se constituer partie civile pour démontrer que cette fois-ci, elle entendait soutenir les poursuites, même si elle a demandé de l’indulgence, explique son avocate, Me Solenne Rebeyrol. Et Madame a voulu également lui transmettre le message que si ça devait recommencer, elle serait capable d’aller à nouveau devant le tribunal. »
La victime assure être retombée amoureuse. Elle a d’ailleurs eu un nouvel enfant avec lui, qu’elle a ensuite confié à l’adoption. Pour la procureure pourtant, Monsieur a une emprise inquiétante sur la victime, dont il sait qu’elle est dépendante de lui au niveau financier. Elle requiert 8 ans de prison. Il est finalement condamné à 7 ans, dont 5 ans avec sursis.
« C’est un bon compromis, je suis satisfait et le prévenu aussi, indique son conseil, Me Étienne Chapoulie. Le tribunal a entendu les arguments. Ils ont tenu compte de la gravité des faits, et en même temps du contexte très particulier. Il n’a fait que ça, exprimer des regrets, dire qu’il regrettait. Et il n’a eu de cesse que d’essayer de se rattraper en aidant la victime du mieux qu’il pouvait puisque c’est le seul à travailler dans le couple. »
Les juges ont obligé Monsieur à suivre des soins pendant 3 ans, période durant laquelle il ne pourra pas résider avec la victime.