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Instituteur sadique de Faa’a : un an ferme supplémentaire requis en appel

Crédit photo : TNTV

Les 22 élèves d’une classe de CM1 d’une école de Faa’a se souviendront longtemps de leur instituteur. Mais pas en bien. Car cet ancien militaire, devenu professeur des écoles, avait sa propre méthode pédagogique faite de violences et de brimades.

L’homme de 61 ans incitait ainsi les enfants à se violenter entre eux ou à s’embrasser. Et il les affublait tous de surnoms humiliants. Ainsi dans sa classe « fatiboul », côtoyait « la suceuse », « Miss idiote » ou encore « l’handicapé ». Le sexagénaire allait même jusqu’à cracher dans la bouche des enfants.

Une mère de famille réclame l’ouverture d’une enquête

Jusqu’à la fois de trop où un élève est revenu chez lui les oreilles violettes et en sang, poussant sa mère à alerter les autorités. Une femme encore écœurée par ce que son fils a vécu. Elle a souhaité s’exprimer de manière anonyme :

« Au début, c’était un professeur sympa. On avait confiance en lui comme dans le corps enseignant », raconte cette maman. « J’ai été choquée de voir mon enfant revenir, se mettre en retrait, comme s’il se cachait. Il pleurait. Un neveu qui rentrait avec lui a déclaré qu’on lui avait demandé de tirer l’oreille de mon fils parce qu’il n’a pas su répondre à la question : combien font 9×2? Il a répondu 16, alors l’instituteur lui a ordonné de faire une bise à une fille de la classe. Il a refusé et a du coup été contraint de s’agenouiller, puis a été passé à tabac par les élèves à la demande de l’enseignant ».

« Ce matin, nous sommes avec des mamans pour qu’on rende justice à nos enfants »

Mais la jeune femme n’en est pas restée là : « Je suis allée voir le directeur et l’inspecteur de circonscription. J’ai demandé à ce que l’on ouvre une enquête ».

« Actuellement, mon fils ne veut plus aller à l’école. Il commence à sécher les cours. Il est traumatisé. Ce n’est plus l’enfant que j’ai élevé, plein d’entrain. »

Ce n’est pas la première fois que cet enseignant faisait l’objet de signalements

Pourtant plusieurs signalements visant l’instituteur avaient été émis au cours de sa longue carrière. Et il avait même curieusement pu continuer à exercer alors qu’en 2006 il avait été condamné à un an de prison avec sursis pour atteinte sexuelle sur la fille de sa compagne.

Depuis son box, l’enseignant a présenté ses excuses aux enfants mais en leur faisant porter une part de responsabilité dans les évènements. Pour son avocat, son client n’est pas un pervers sadique. Mais un homme qui a été dépassé par une classe qu’il trouvait turbulente.

« Les faits qui sont reprochés à mon clients peuvent laisser penser à un pervers ou un sadique. Mais malgré les expertises psychologiques et psychiatriques réalisées : ce trait de personnalité n’apparaît pas« , indique maître Lau. « Nous sommes face à une personne qui a voulu bien faire son métier, en faisant en sorte que les enfants reçoivent une instruction pour réussir dans leur vie. Hélas, les moyens d’y parvenir ont totalement dérapé, dans la mesure où il était dans une classe difficile. L’enseignant n’a pas pu contrôler la situation et a commencé à réagir n’importe comment. De ce fait, il a fait appel à ce qu’il a vécu lui-même quand il était jeune. Mon client a indiqué que lorsqu’il était petit à Huahine, il était puni un peu de la même manière. Il reproduit un passé douloureux ».

Trois ans de prison ferme requis

Dans ses réquisitions, l’avocate générale a dénoncé des faits inadmissibles et a requis une aggravation de la peine de première instance, soit 3 ans de prison ferme. Elle a également demandé 6 mois de prison avec sursis contre l’ancien directeur de l’école pour ne pas avoir dénoncé ces agissements. La cour d’appel rendra sa décision le 4 février.

Mais si 22 élèves sont aujourd’hui parties civiles, l’instituteur aurait marqué un bien plus grand nombre d’enfants. Lors de leur enquête les gendarmes ont retrouvé sur une page Facebook un appel à témoin lancé par une jeune femme à propos de l’enseignant. Une page sur laquelle 618 témoignages ont été relevés. 

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