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Meuel, Haddad, Auroy : l’affaire de la SEP jugée en appel

Karl Meuel est Dominique Auroy, ce mercredi, au Palais de justice. (Crédit: TNTV)

Le procès s’est ouvert par une surprise : le désistement de Karl Meuel de son appel. La condamnation de l’ancien directeur général de la SEP à 5 ans de prison, dont 2 avec sursis, devient par conséquent définitive. Cette peine n’étant pas aménageable, il devrait être écroué prochainement.

Cette (très ancienne) affaire avait débuté par un contrôle de la Chambre Territoriale des Comptes portant sur la gestion de la société d’économie mixte dont la Polynésie était l’actionnaire principal. En investiguant, la juridiction financière avait découvert de nombreuses infractions.

Malgré une rémunération mensuelle de plus d’1,5 million de francs, Karl Meuel s’était octroyé d’importantes avances sur salaire et autres primes exceptionnelles, sans en référer au conseil d’administration.

Il utilisait également à sa guise la carte bancaire de la société, notamment lors de nombreux voyages à l’étranger, mais aussi deux véhicules. Et il faisait également appel à deux salariés de la SEP pour effecteur gracieusement du jardinage et des travaux de terrassement à son domicile.  

« Jamais je n’aurais pensé qu’il utilisait la carte bancaire de la société (…) Je pensais que c’était quelqu’un d’honnête », a témoigné, ce mercredi, son ex-femme, renvoyée devant la cour pour l’utilisation à des fins personnelles d’un voiture de l’entreprise.

Le procès en appel n’intéresse donc désormais plus son ancien mari. Ce qui n’est pas le cas des autres prévenus. En premier lieu le patron du groupe 2H, Hubert Haddad, absent à l’audience pour raison médicale, ainsi que l’homme d’affaires Dominique Auroy.

Le premier est accusé d’avoir remis d’importantes sommes en espèces à Karl Meuel en échange de l’obtention de contrats au profit de ses sociétés de communication. Des contrats « aux tarifs prohibitifs » et « très défavorables à la SEP », selon l’accusation. « Si la société avait fait appel à un prestataire diffèrent, elle aurait réalisé une économie de plus de 13 millions de francs », avait ainsi estimé le juge d’instruction chargé de conduire l’enquête. Ces campagnes de communication auraient en outre été sans intérêt pour la SEP.

Une partie des avocats de la défense. Trois d’entre eux sont venus de Paris. (Crédit: TNTV)

Dominique Auroy est, lui, suspecté d’avoir accordé un prêt de 15 millions de francs à Karl Meuel afin qu’il rembourse les avances sur salaires qu’il s’était octroyé, sachant que la Chambre Territoriale des Comptes commençait à mettre son nez dans la gestion de la société.  

Une faveur contre l’acquisition par la SEP d’une chaîne de traitement de déchets, propriété d’une société de Dominique Auroy, pour un montant de 37 millions de francs. Mais ce matériel était « inutilisé depuis 1996 », recouvert de végétation. Il n’était donc « pas en état de fonctionnement », selon le successeur de Karl Meuel.

A la barre Dominique Auroy a nié catégoriquement ces accusations : « Il n’y a aucun rapport. C’est un prêt à titre amical. Il est venu me voir et je l’ai aidé. Point ».

Seule partie civile à l’audience, le syndicat Fenua Ma, qui a remplacé la SEP.  Son avocat, Me Gilles Jourdainne, a réclamé une centaine de millions de francs de dommages et intérêts. « Ce prêt n’avait pas pour seul but de permettre le remboursement d’une dette entre amis (…) Monsieur Meuel s’est comporté comme un dirigeant omnipotent (…) Il disposait des fonds publics à sa guise », a-t-il dit.

Le procès reprendra, ce jeudi, avec les réquisitions de l’avocat général, suivies des plaidoiries des avocats de la défense. En début d’audience, ils ont fait état de deux « obstacles » au procès. 

L’imprécision de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction, qui fait « qu’on ne sait pas exactement ce qui est reproché à mon client », pour reprendre les propos de l’avocate du patron du groupe 2H, Me Sofia Bougrine. Mais aussi la prescription des faits, dont les premiers remontent à 2002.

Des demandes qui seront tranchées sur le fond lorsque la cour rendra sa décision. Le procès, initialement prévu sur 3 jour, devrait s’achever ce jeudi.

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