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Mondial au Qatar : Reynald Temarii dément toute corruption

Me Gilles Jourdainne et son client Reynald Temarii - Photo : Mike Leyral

« Je n’ai jamais fait l’objet d’un quelconque pacte de corruption dans ma vie », a martelé Reynald Temarii, lors d’une conférence de presse au côté de son avocat, Me Gilles Jourdainne.

Son audition par deux juges d’instruction du Tribunal judiciaire de Paris date de novembre 2021, mais elle a été révélée mercredi par l’AFP. Il n’est pas blanchi, mais se dit satisfait de la tournure que prend le dossier, puisqu’il a été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, et non mis en examen.  

« Le juge d’instruction qui m’a interrogé l’année dernière est en train de considérer d’autres éléments du dossier qui pourraient justifier demain que M. Temarii n’ait jamais fait l’objet d’un pacte de corruption, et même pire, que M. Temarii est susceptible d’avoir été victime de faits d’escroquerie », a indiqué Reynald Temarii, évoquant sa situation à la troisième personne.

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Alors que la justice investigue d’éventuels faits de corruption sur l’attribution du Mondial au Qatar, elle s’interroge sur le comportement de M. Temarii. L’affaire remonte à 2010. À l’époque, Reynald Temarii est soupçonné de corruption, après avoir été piégé par un journaliste du Sunday Times qui s’est fait passer pour un investisseur.

Il est alors suspendu de la Fifa. Décision qu’il accepte, tandis qu’un autre représentant doit représenter l’Océanie lors de l’attribution du Mondial. Ce représentant doit lui-même voter pour les Etats-Unis. Mais deux jours avant le scrutin, Reynald Temarii change d’avis : il fait appel de la sanction, empêchant l’autre représentant de voter. Les Etats-Unis perdent alors une voix, au profit du Qatar.

Pour autant, Reynald Temarii affirme n’avoir pas soutenu le Qatar. Il indique d’ailleurs avoir réuni l’OFC (Confédération Océanienne de Football, qu’il présidait) où les dirigeants s’étaient entendus afin de voter au premier tour pour l’Australie, puis pour les Etats-Unis si l’île continent n’était pas qualifiée. Le Qatar l’avait finalement emporté par 14 voix contre 8 pour les Etats-Unis, ce qui fait dire à Reynald Temarii que, de toutes façons, son vote n’aurait pas pesé.

Selon Reynald Temarii, ce PV de réunion (extrait ci-dessous) de l’OFC, atteste de la volonté de soutenir l’Australie puis les Etats-Unis, et non le Qatar

Mais surtout, sans l’accuser directement, Reynald Temarii s’interroge sur le comportement de son ancienne avocate, Me Lesieur. Car l’assistant de cette avocate, M. Brisard, aurait remis une note à Reynald Temarii quelques jours avant le scrutin. Une note qui a encouragé M. Temarii à faire appel de la sanction de la Fifa pour mieux assurer sa défense. Or, les éléments communiqués dans cette note sont faux, selon M. Temarii. Il suggère donc qu’on l’a incité à faire appel pour les mauvaises raisons (par exemple, pour favoriser le Qatar en supprimant un vote pour les Etats-Unis), et que de ce fait, il a peut-être été escroqué. « Le dossier d’instruction s’oriente sur des faits qui le présentent comme ayant été abusé par certaines personnes qui étaient chargées de sa défense, » renchérit Me Jourdainne.

Me Jourdainne et Reynald Temarii se disent persuadés que l’affaire va évoluer en leur faveur. Pour le moment, Me Lesieur, M. Brisard et M. Temarii en sont cependant au même stade : ils ont tous été placés sous le statut de témoin assisté.

Pour sa part, Reynald Temarii fait face à une autre difficulté : ses relations avec le richissime Qatari Mohammed Bin Hammam, candidat face à Sepp Blatter à la tête de la Fifa. M. Bin Hammam l’a en effet invité à le rencontrer à Kuala Lumpur, où il lui a aussi payé ses frais de défense. Pourquoi ? « Bin Hammam était en conflit avec Blatter et a considéré que j’étais victime », explique Reynald Temarii, qui assure aussi que c’est son ancienne avocate, « Me Lesieur, qui a organisé la rencontre avec M. Bin Hammam ». De quoi faire dire à Reynald Temarii qu’il n’a pas été influencé par cette rencontre et cette assistance. Ni pour soutenir la candidature de Mohammed Bin Hammam, ni celle du Qatar.

Entre temps, les instances dirigeantes du football ont été largement renouvelées. Mais le Qatar, lui, a bien obtenu l’organisation de la Coupe du Monde de football, en dépit de toutes les questions sociales et environnementales soulevées au cours des dernières années. L’événement débutera dans moins d’un mois, le 20 novembre.

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