L’or noir de Polynésie cacherait-il des zones d’ombre ? L’établissement public en charge du soutien de certaines exploitations, du contrôle qualité et de la promotion de la tige parfumée à travers le monde, pourrait être entaché.
Après près de 20 ans de boîte, une ancienne agente de l’EPIC Vanille est licenciée en février 2024. Elle avait, en novembre 2022, déposé plaintes contre X pour détournements de fonds publics, et plus récemment, en février 2024, pour harcèlement moral.
Des plaintes qui incriminent respectivement l’ancienne et l’actuelle direction : « J’ai commencé à dénoncer en interne toutes les procédures qui n’étaient pas respectées, à savoir tout le protocole de livraison des lianes virosées dans toutes nos nouvelles ombrières, à dénoncer toutes les procédures qui étaient transgressées en faisant passer des dossiers incomplets qui n’avaient pas les garanties nécessaires pour le financement de la cote part du porteur de projet. Mais j’ai tout fait en interne avant de demander audience à mon ministre de l’époque qui, lui au terme de notre rencontre, m’a poussée à déposer plainte. J’aurai pu rester et ne rien dire, faire comme tout le monde, aller au travail et fermer ma bouche. Mais en tant que cadre de l’entreprise et voyant toutes les dérives qu’il y avait à l’intérieur, je ne pouvais pas. Notamment parce que j’avais tous les agriculteurs qui revenaient vers moi ».
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Selon la plaignante, ces faits pourraient aussi être reprochés à la direction précédente. Leur dénonciation aurait d’ailleurs accentué des faits de harcèlement auprès de plusieurs employés. Contactée par nos soins, l’ancienne directrice, réintégrée en tant qu’agent dans l’EPIC, ne nous a pas accordé d’interview :
À ce jour, la plainte pour détournement de fonds publics apparait encore en cours d’enquête auprès des services de la gendarmerie. La seconde, plus récente, est en cours d’examen par un magistrat. Déposée sur conseil de certains élus de l’actuelle majorité, elle vise cette fois-ci la nouvelle directrice de l’EPIC Vanille de Tahiti.
« C’est notamment suite à toutes les rencontres effectuées avec certains agents de l’établissement et anciens agents qui ont été harcelés, que les élus m’ont motivée à déposer cette plainte contre la nouvelle directrice parce qu’ils estimaient que c’était trop grave. Elle s’était engagée auprès du collectif des agents harcelés pour faire cesser ces troubles au sein de l’établissement et surtout, toute la souffrance que les agents ont subie et qu’ils continuent à subir d’ailleurs. Donc moi, je m’appuie aujourd’hui sur la faute inexcusable de l’employeur parce que j’estime que toutes les autorités compétentes ont été saisies, ils nous ont entendus … mais rien n’est fait » déplore la plaignante.
Toujours sollicitée par notre rédaction, l’actuelle directrice de l’EPIC Vanille de Tahiti a également refusé notre demande d’interview. Reste à la justice de décider quelle suite donner à cette affaire.