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Tensions à la DTPN : Me Millet juge la prise de position d’Edouard Fritch « irresponsable »

La semaine dernière, le Journal du dimanche révélait que le président du Pays Edouard Fritch avait adressé un courrier au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Une lettre dans laquelle il défend le directeur de la police nationale en Polynésie, Mario Banner.

Le commissaire est visé par les plaintes de deux commandantes pour son management. Une mission de l’Inspection générale de la police nationale est venue enquêter au fenua. Parallèlement, l’une des deux commandantes, originaire de métropole, est accusée de propos racistes.

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Dans sa missive, Edouard Fritch se positionne ouvertement du côté de Mario Banner, soulignant que la commandante et son époux, « fonctionnaires de police (…) impriment par leurs propos et leurs comportements racistes, une ambiance délétère telle que 70% des agents de la DTPN, de toutes tendances syndicales et de tous statuts ont signé une pétition dénonçant les méfaits et les nuisances de ce couple de fonctionnaires expatriés. » Il ajoute que le couple « se permet de porter des jugements méprisants sur les institutions polynésiennes et sur la gouvernance de notre pays. »

Ce lundi dans une lettre ouverte intitulée « Le commissaire Banner protégé ? », l’avocat des deux commandantes, Me Millet, réagit au courrier d’Edouard Fritch. Il juge la partialité du président du Pays « choquante ». « Quelles que le soient les raisons qui poussent le Président Fritch à venir en aide au commissaire Banner, je l’appelle à la prudence, au respect de la présomption d’innocence, et au sens des responsabilités qui sont, encore, les siennes« , prévient-il.

La lettre ouverte de Me Millet :

LE COMMISSAIRE BANNER PROTÉGÉ ?

En novembre dernier, M. Mario BANNER a été visé par une plainte pénale pour des faits de menace et de harcèlement moral déposée par une brillante commandante polynésienne, cheffe d’état major de la police, dont j’ai l’honneur d’être l’avocat.
Bizarrement, en dépit des liens évidents existant entre le procureur et le directeur de la police, cette plainte n’a pas été dépaysée, le procureur Hervé LEROY choisissant de la garder entre ses mains et… de ne rien faire.
Du fait de l’immobilisme du procureur, le juge d’instruction vient d’être saisi de l’affaire.
Depuis, la rumeur circule d’une sanction administrative contre M. BANNER.
Ce dimanche 26 mars nous apprenons (par un article du journal du dimanche) que le Président Edouard FRITCH demande au ministre de l’intérieur Gerald DARMANIN, de ne pas sanctionner le commissaire Mario BANNER.
Pourquoi ? Parce qu’il serait innocent de ces accusations de menace et de harcèlement moral ? Pas du tout ! M. FRITCH n’aborde pas une seconde les délits reprochés à M. BANNER.
Plutôt que d’évoquer ce dossier embarrassant, le Président FRITCH préfère souffler sur les braises du racisme.
Il reprend à son compte, manifestement sans rien vérifier, et sans jamais avoir sollicité la version de ma cliente, la fumeuse accusation de racisme qui avait été imaginée contre une autre commandante, métropolitaine cette fois, et dont j’ai également l’honneur d’être le conseil.
Cette odieuse accusation était tombée comme par hasard le jour de l’arrivée d’une inspection sur le management du commissaire BANNER en janvier dernier, alors que cette autre commandante venait à son tour de déposer plainte contre ledit commissaire et qu’elle était en arrêt maladie depuis 5 mois. Pourquoi aurait-on attendu 5 mois pour dénoncer des propos racistes au sein du commissariat… si ce n’est pour faire diversion le moment venu.
Un pur « contre feu » initialement allumé par le syndicat de police ALLIANCE en soutien à son commissaire, que le Président FRITCH a décidé de relancer pour soutenir le commissaire BANNER.
La partialité du Président FRITCH est d’autant plus choquante qu’il n’a pas eu la moindre attention pour ces deux femmes en souffrance qu’il n’a même pas pris la peine de contacter.
C’est évidemment le droit le plus fondamental de M. BANNER de se défendre, et ses proches sont légitimes à lui venir en aide, mais là c’est autre chose.
Faire diversion pour obtenir un passe droit en agitant fallacieusement le spectre du racisme dans une affaire plus que douteuse, à la veille des élections territoriales, c’est tout simplement irresponsable.
Il ne faut pas jouer avec le racisme, c’est un phénomène sérieux qui doit être combattu avec force, et qui ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiques. 
Quelles que le soient les raisons qui poussent le Président FRITCH à venir en aide au commissaire BANNER, je l’appelle à la prudence, au respect de la présomption d’innocence, et au sens des responsabilités qui sont, encore, les siennes.

Thibaud MILLET, avocat

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