Comme en première instance, c’est seul que Yannick Mai a comparu devant les magistrats de la cour d’appel. L’homme se trouvait en effet en détention aux États-Unis lorsque les autres protagonistes de ce vaste trafic, au premier rang desquels Moerani Marlier, ont été jugés.
Pour l’accusation, c’est ce guide de voyage à la voix haut perchée qui était en réalité le cerveau du trafic. Grâce à des va-et-vient de mules entre Los Angeles et Faa’a, le réseau avait importé entre 6 et 8 kilos de méthamphétamine en à peine un an. Pour un bénéfice à la revente estimé à plus de 700 millions de Fcfp.
Mais à la barre, Yannick Mai a nié une grande partie des faits qui lui sont reprochés. « Je ne suis vraiment pas à la tête de ce réseau », a-t-il clamé. Et ce malgré les millions placés sur différents comptes bancaires, les voitures haut-de-gamme et, surtout, les écoutes téléphoniques des gendarmes, accablantes. Dont certaines de ses proches.
« Certaines personnes qui m’ont impliqué, je ne les connais même pas. J’ai été arrêté en juin 2017 (aux États-Unis, NDLR). Ils avaient le temps de se concerter et de monter un dossier assez costaud. Et pour mon fils, je ne sais pas si monsieur Marlier ne l’a pas manipulé », a avancé l’ex-guide de voyage en guise de défense.
Et quid de son surnom de « Parrain » ? : « Je suis très chrétien. Je vais à l’église toutes les semaines. ‘Parrain’, ce n’est pas dans le sens mafieux », répond l’intéressé.
Au final, l’homme ne reconnaît qu’une tentative d’importation. Celle où il s’est fait appréhender par les douanes américaines en possession de 3,7 kilos d’ice.
« Il est à la tête de ce réseau », a martelé de son côté l’avocate générale : « Monsieur Mai est au-dessus de monsieur Marlier. Dans leurs conversations (sur écoute, NDLR), ça se ressent très bien ». La magistrate a par conséquent requis la confirmation de la peine de première instance, soit 9 années de détention.
« Cette hiérarchie est fausse. Marlier se faisait appeler ‘El Chapo’ et ce n’est pas lui le ‘boss’ ? Il n’a pas choisi son surnom pour rien », a retorqué l’avocat de Yannick Mai, Me Vincent Dubois. Le conseil a également fait valoir que son client avait passé trois années en détention dans une prison américaine suite à son arrestation à l’aéroport de Los Angeles. Et demandé que cette période soit déduite de la condamnation que la cour prononcera. Celle-ci rendra sa décision le 31 mars.