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Trois charbonniers condamnés pour avoir séquestré un jeune travailleur  

Trois individus, dont deux frères, tous charbonniers de métier, ont été condamnés à des peines de prison ferme et avec sursis, ce jeudi, après avoir été jugés en comparution immédiate pour séquestration. (Photo d'archives/ TNTV)

Le jeune homme venait d’être recruté pour épauler cette équipe de trois charbonniers œuvrant dans la vallée de la Papenoo. Un dur labeur pour lequel il devait être rémunéré à peine 40 000 francs par mois.

Mais le 14 février, les choses ont mal tourné. Le groupe électrogène alimentant la cabane des travailleurs a été dérobé. L’un des deux frères, à la tête de cette entreprise artisanale, l’a immédiatement suspecté d’être l’auteur du larcin, sans le moindre début de preuves.

Pour lui faire avouer le vol, il a alors décidé de le ligoter avec l’aide d’un autre travailleur. La victime était restée attachée plusieurs heures, pieds et mains liés, tout en recevant des coups de ses geôliers. Des violences qui lui ont vallu 5 jours d’incapacité de travail.  

« Un groupe électrogène c’est au moins 100 000 francs. C’est cher. C’était juste pour lui faire peur. Quand je l’ai détaché. J’ai regretté. Je l’ai pris dans mes bras et j’ai pleuré », a expliqué à la barre, les larmes aux yeux, le leader du trio.

« Quand il est venu me voir. On n’avait pas besoin de gens. Mais je lui ai ouvert la porte. Je l’ai logé, nourrit et je lui ai donné un travail alors qu’on ne se connaissait pas », s’est-il encore justifié avant de présenter une nouvelle fois ses excuses.

« Ces gens-là se considèrent sincèrement comme des bienfaiteurs »

L’avocat de la victime

Des propos qui on fait bondir l’avocat du jeune homme : « On lui offrait à manger et à dormir. Pour beaucoup d’employeurs de ce type, c’est déjà un bienfait. Ces gens-là se considèrent sincèrement comme des bienfaiteurs. Mais on est dans l’exploitation de l’homme par l’homme. C’est inadmissible en 2024 ».

« Il a pris le premier travail qu’on lui a offert, si on peut appeler ça un travail », a enchaîné l’avocat selon qui, son client, « a vu l’instant où il allait mourir ». Le médecin qui l’a examiné a d’ailleurs relevé une « peur de représailles », une « sensation de mort imminente », ainsi qu’une « hypervigilance ». Les stigmates de son traumatisme.

« Il a toujours reconnu les faits sans demander une quelconque clémence », a de son côté plaidé l’avocate du principal mis en cause. Un homme « psychologiquement fragile » qui a déjà tenté de mettre fin à ses jours. « Je ne pense pas que le mettre en détention soit une bonne idée. Il n’y a aucun risque de représailles », a-t-elle assuré.

La cellule, il n’y a finalement pas échappé. Le tribunal l’a condamné à 8 mois de prison ferme. Son frère à 4 mois ferme, et le troisième prévenu à 6 mois avec sursis. Ils devront aussi lui verser 250 000 francs de dommages et intérêts.

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