Il avait admis devant les enquêteurs une relation consentie avec sa demi-sœur, âgée de 15 ans au moment des faits, avant de déclarer, à l’audience, ce jeudi, qu’il ne s’était jamais rien passé. L’accusé, 29 ans, a souvent changé de versions depuis la révélation des faits présumés.
A l’inverse de sa demi-sœur qui n’a jamais varié et a maintenu une nouvelle fois à la barre ses accusations. A savoir que dans la nuit du 20 octobre 2020, alors qu’elle dormait, l’accusé s’était introduit dans sa chambre, un couteau de cuisine à la main. Sous la menace de l’arme blanche, il l’avait ensuite forcée à avoir un rapport. « Si tu le dis à maman, je te ferais du mal », lui aurait-il lancé après être parvenu à ses fins.
Tous deux n’ont pas grandi ensemble. Ils ont été retirés jeunes à leur mère biologique, alcoolique et actuellement en prison. Une enfance chaotique qui les a menés de foyers sociaux en familles d’accueil. Et ces placements à répétition sont bien loin d’avoir été un havre de paix pour le jeune femme, tout juste majeure aujourd’hui.
Le père de l’une de ses « 8 à 9 » familles d’accueil l’a agressée sexuellement. Un autre a demandé que les services sociaux la retirent de sa maison car il avait du désir pour elle. Sa mère l’aurait également volontairement laissé dans les griffes d’un ressortissant américain, ce qui lui vaut d’être mise en examen pour complicité de viol. Un dossier toujours à l’instruction au palais de justice.
Malgré ce parcours plus que difficile, la jeune femme se tenait droite à la barre, ce jeudi, répondant d’une voix assurée aux questions de la cour. « Aujourd’hui, quel est ton sentiment à l’égard de ton demi-frère », l’a interrogée l’avocate générale.
Automutilation
« Un peu de tout », a-t-elle répondu, « je lui en veux un peu mais pas trop. Le fait d’être balancé à droite et à gauche à chaque fois, le fait que maman soit alcoolique…Des fois, elle nous tapait dessus, pour rien (…) Quand j’avais 3 ans, elle m’a jetée dans la mer. C’est un gendarme qui a réussi à me rattraper (…) Mais j’aimerais bien vivre avec elle, quand elle sera bien dans sa tête (…) Même si elle ne m’a pas élevée, je l’aime », a-t-elle témoigné, émue.
Son demi-frère a, lui, été beaucoup moins prolixe. Depuis son box, il est apparu agité. Son cou et ses bras laissaient apparaitre de très nombreuses cicatrices rougeâtres. De l’automutilation à coups de lame de rasoir. « En fait, je me fais du mal. Je n’ai pas l’habitude d’être à Nuuatnia, enfermé », a déclaré l’homme qui s’est vu prescrire, en outre, de puissants psychotropes. « De temps en temps, je les refuse quand j’arrive à gérer mon stress (…) Ma maladie, à moi, c’est l’asthme ».
Selon son avocat, Me Sylvain Fromaigeat, l’expertise psychiatrique a conclu que son client était aux « limites inferieures de l’intelligence, mais pas attardé ». « Mon impression, c’est que c’est quelqu’un qui manifeste des carences évidentes. Est-ce un malade psychiatrique ? Je ne sais pas. Mais cela saute aux yeux qu’il a des soucis », a déclaré le conseil en marge de l’audience.
Des éléments de personnalité dont jurés et magistrats seront « amenés à tenir compte » au moment de décider du verdict, selon lui. Quant à la victime présumée, les experts ont décelé chez elle un stress post-traumatique et ont conclu à la crédibilité de ses accusations. Le procès doit s’achever ce vendredi. Le demi-frère encourt 20 années de réclusion criminelle.