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Une femme condamnée pour exercice illégal du métier d’avocat

L'Ordre des avocats représenté par le bâtonnier, Me Dominique Bourion (au centre), s’était constitué partie civile.

C’est un magistrat du tribunal foncier qui avait donné l’alerte après avoir constaté que cette femme de 42 ans déposait de curieuses conclusions écrites devant sa juridiction et qu’elle était aussi mandatée par des justiciables pour les représenter aux audiences.

Elle avait d’ailleurs convaincu l’une de ses proches de se passer des services de l’avocat qui suivait ses dossiers de terres, pour les gérer elle-même. “Il n’a abouti à rien. Quand j’ai rencontré cette mamie, j’ai eu mal au cœur. Je lui ai dit qu’il fallait qu’elle arrête de payer les frais d’avocat”, a expliqué la prévenue à la barre.

Combien de personnes avez-vous aidées ?”, l’a interrogé le président. “Mon peuple”, a-t-elle asséné sans ciller, “je ne suis plus dans le système français. J’ai déposé une déclaration souveraine, ici”. Des propos salués par les applaudissements d’une partie du public, des hommes et des femmes venus la soutenir.

La quadragénaire a ensuite déclaré aux magistrats, mi-ébahis, mi-atterrés, qu’elle faisait partie de “l’association universelle des êtres humains naturels” et qu’elle représentait “la cour tahitienne”, dont son grand-père était l’un des membres.

J’ai des documents qui me donnent le droit de défendre nos affaires de terres (…) Je me lève pour sauver mon peuple (…) Tout ce qu’il y a sur terre appartient à Dieu”, a-t-elle encore martelé, de nouveau sous les applaudissements de sa suite. Le président a dû menacer de faire évacuer la salle pour que le calme puisse reprendre ses droits.

Vous avez mis ces gens dos au mur”

Le président du tribunal.

On ne peut pas laisser passer ce genre de situation”, a soufflé le bâtonnier de l’Ordre, Me Dominique Bourion, qui s’était constitué partie civile au nom du barreau.

Malheureusement, beaucoup de gens se font passer pour des avocats et certains prennent des sommes considérables. Madame fait un amalgame de toute une série de textes qui n’ont rien à voir entre eux”, a-t-il ajouté.

Car les dossiers qu’elle a eus entre les mains “n’ont pas avancé”. “Vous dites que vous êtes en dehors du système français, mais pour intervenir devant le tribunal il y a des règles. En imposant les vôtres, vous avez mis ces gens dos au mûr. Ce n’est pas productif”, lui a fait remarquer le président du tribunal, sans obtenir de réponse.

La quadragénaire, dont le casier judiciaire était vierge, a finalement été condamnée à une amende de 200 000 Fcfp, dont 100 000 avec sursis, ainsi qu’à verser un franc symbolique de dommages et intérêts à l’Ordre des avocats.

Je conteste cette décision”, a-t-elle immédiatement réagi. “Vous allez au greffe si vous comptez faire appel”, l’a coupé le président avant de l’inviter fermement à quitter les lieux avec ses soutiens. 

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