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Une juge venue de Nouméa pour instruire des plaintes contre Mario Banner

L'ancien directeur de la DTPN Mario Banner - Archives TNTV

La juge d’instruction Isabelle Ardeeff a commencé mardi les auditions dans un dossier très sensible. Jusqu’en 2023, le commissaire Mario Banner-Martin dirigeait la DTPN et ses 328 agents. Il était en relation quotidienne avec les magistrats de Papeete : difficile donc d’imaginer qu’un juge d’instruction du fenua puisse se pencher sur son cas. Lors des dépôts de plaintes, le parquet de Papeete avait donc délocalisé les plaintes à Nouméa.

Selon une note de l’Inspection Générale de la Police nationale, datée du 17 février 2023, que TNTV a pu se procurer, “Mario Banner-Martin, de longue date, à l’oral comme dans ses écrits, tient des propos injurieux à l’égard des partenaires institutionnels (gendarmerie, justice, autres services de police, organisations syndicales…) et dénigrants vis-à-vis de ses agents. Il a également eu des comportements discriminants à l’égard de certaines collaboratrices.”

Quatre agents ont ainsi déposé plainte pour harcèlement, menaces, dénonciations calomnieuses ou diffamation publique. Certains ont été de longs mois en arrêt maladie. Mme Ardeeff est notamment au fenua pour les entendre, parmi une vingtaine d’agents. Mario Banner devrait être la dernière personne auditionnée.

“Le directeur de la DTPN 987 n’a eu de cesse de me salir dans mon dos auprès de mes collègues notamment en prétendant depuis trois ans que j’allais partir très prochainement en détention” a témoigné lors de son dépôt de plainte l’un des officiers plaignants. “Il s’est permis de salir la réputation de ma concubine actuelle en exposant une photo de celle-ci (…) et en la traitant de proxénète” regrette-t-il. Une autre agente dénonce des “conditions de travail très difficiles” sous la direction de l’ancien DTPN, qui l’ont menée “en limite du burn-out” et ont conduit à plusieurs arrêts maladies. Une troisième se plaint de “harcèlement”, “des notes de services critiquant ou des mails critiquant notre état de santé et proférant des dénonciations calomnieuses”. Elle précise que la situation a encore empiré après l’inspection de février 2023.

Jointe par TNTV, une de ses anciennes subordonnées dénonce un “management tyrannique” avec les agents qui ne lui prêtaient pas allégeance. Et un laxisme avec les autres : “Il y a eu des faits de violence par policier que Mario Banner a volontairement mis sous le coude parce qu’ils étaient proches” regrette-t-elle.

Les anciens subordonnés de Mario Banner ne sont pas les seuls à critiquer son action à la tête de la DTPN. “Les services du haut-commissariat actuels déplorent le manque de réflexion et d’anticipation du DTPN sur les sujets de sécurité importants, et l’absence de réponse ou leur pauvreté, à leurs demandes. Le Haut-Commissaire actuel n’est pas satisfait du travail du DTPN” précisait la note de l’IGPN, qui préconisait sa “mutation sans délai”.

Mario Banner avait finalement été mis en arrêt maladie quelques semaines après l’inspection de 2023, jusqu’à sa retraite en juillet 2024.

Il n’a pu être joint ce mercredi. Il reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés. TNTV reste à sa disposition pour recueillir sa version de cette affaire.

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