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​Des réformes pour sauver le système de santé

Quelles sont les grandes orientations correctives sur ce budget des dépenses de santé que vous prévoyez ?
« Il y a deux choses. D’abord, le budget général du Pays qui est en cours d’examen à l’assemblée et porte sur la situation générale du Pays. C’est un budget de continuité, d’investissement et de poursuite des actions de redressement menées depuis mai 2013.
Et il y a effectivement ce sujet de la protection sociale généralisée (PSG) qui porte depuis plusieurs années des déficits sur la retraite et sur l’assurance maladie, et qu’il faut traiter. Je vais juste vous donner un exemple très simple. Sur la retraite, nous atteignons 6 milliards de déficit chaque année. En 1995, nous comptions 8500 retraités en Polynésie,  aujourd’hui un peu plus de 30 000.  Il y a 20 ans, 6 actifs permettaient de financer un retraité, contre moins de 2 actifs aujourd’hui. Cette situation nous emmène logiquement à devoir prendre des mesures. »
 

Quelles mesures envisagez-vous ?
« Jusqu’à présent nous n’avons qu’augmenté les cotisations sociales. Mais en les augmentant, vous augmentez le coût du travail et vous rendez encore plus difficile la création d’emplois. Il nous faut donc créer des emplois. Cependant, les entreprises ne peuvent créer de l’emploi avec un coût du travail aussi élevé. Le SMIG est à 152 000 Fcfp aujourd’hui et les cotisations patronales pour ce SMIG à presque 30 000 Fcfp. Ce coût du travail est très important. Nous pensons donc que l’augmentation des cotisations a atteint ses limites. Il faut donc sur l’assurance maladie, responsabiliser les patients pour faire en sorte que la prise en charge se fasse de façons différentes. »
 
Des mesures qui sont forcément impopulaires ?
« Il va falloir travailler sur le ticket modérateur, c’est-à-dire la part de dépense de santé qui reste à la charge de l’assuré après le remboursement de l’assurance maladie. Nous allons faire des propositions aux partenaires sociaux, mais l’absence de décisions depuis plusieurs années, nous conduit à une situation qui est limite. Nous avons un ticket modérateur qui est de l’ordre de 30% pour la maladie. En Nouvelle-Calédonie, on approche les 60%,  nous avons donc un écart très important avec eux.
 
La question est de savoir si une prise en charge aussi importante par la collectivité – je le rappelle 70% pour la maladie, 95% pour les longues maladies et 100% pour l’hospitalisation – la question est de savoir si notre collectivité peut assurer le financement d’un système aussi généreux.
 
Ce remboursement extrêmement important est unique. Vous trouvez très peu de pays dans le monde qui proposent un système d’assurance maladie aussi généreux. Donc la question qui nous est posée collectivement est de savoir comment arriver à trouver un point d’équilibre, si on souhaite que ce système continue à exister. »

Quel est votre plan d’action ?
« Je l’ai indiqué, il y a l’intervention sur cotisations sociales, mais on ne peut pas les augmenter indéfiniment sinon on impacte le coût du travail et la création d’emploi.Nous devons réfléchir sur les modalités de prises en charge individuelles et de remboursement.
 
Le gouvernement va donc proposer un certain nombre de mesures qui seront étudiées à l’assemblée qui les votera ou pas. Ce que je dis, c’est que nous aurions dû prendre des décisions depuis déjà très longtemps. Le report de ces décisions nous conduit à des situations, aujourd’hui, qui sont difficilement supportables.
Je vais juste vous donner un exemple. Si des mesures ne sont pas prises concernant la retraite, nous allons constater dans le futur un épuisement de la réserve. C’est ce que la Caisse de prévoyance sociale (CPS) annonce depuis plusieurs années. Les conditions du financement de l’assurance maladie doivent être à nouveau réfléchies.
 
Pour le budget du régime de solidarité territorial (RST) par exemple, nous parlons d’un peu plus de 24 milliards pour 2015. Et sur ces 24 milliards, un peu plus de 12 milliards sont liés à l’assurance maladie. Comment allons nous financer l’ensemble de ces coûts ? C’est la question qui est posé pas seulement au gouvernement, mais à l’ensemble de la collectivité. »

 
Peut-on compter sur le financement de l’Etat ?
« J’ai indiqué la semaine à l’assemblée de la Polynésie lors de mon intervention devant les représentants, qu’à mon avis il ne fallait pas trop compter chaque année sur l’Etat pour venir combler nos déficits, car le déficit de la sécurité sociale en métropole est de l’ordre de 2300 milliards de Fcfp. Nous devons donc nous prendre en charge et prendre un certain nombre de mesures. Par rapport aux discussions avec l’Etat sur le retour au financement du RST, des solutions ont été évoquées et je sais que le président Edouard Fritch a abordé ce sujet avec le président de la République et nous espérons des décisions avant la fin de l’année. »
 

 

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