Pas d’élus, pas de séance. Ce mardi à Tarahoi, c’est Ueva Hamblin, 1er vice-président de l’Assemblée, qui a pris la parole au perchoir pour faire le constat de l’absence de quorum et suspendre la 1ère séance de la session extraordinaire, les élus de la majorité requis n’étant pas réunis en nombre suffisant pour qu’elle se tienne.
D’abord prévue à la fin mars, puis reportée, cette session prévoit l’examen d’un collectif budgétaire, du soutien du Pays à la compagnie Air Moana et la revalorisation salariale des agents de catégorie D de la fonction publique. Et c’est bien ce dernier point qui serait à l’origine des dissensions au sein de la majorité, retardant le démarrage de la séance. À 10h30, les sièges des représentants Tavini Huira’atira, du président de l’institution et du gouvernement étaient toujours vides. Les 16 élus du apura et les 3 non-inscrits ont fini par sortir de l’hémicycle.
Hinamoeura Morgant-Cross est la seule élue de la majorité qui a accepté de s’exprimer à l’annonce de la suspension. « Je pense comme mes collègues, on est un peu désemparés. Parce qu’on est encore une fois face à cette éternelle bataille entre l’Assemblée et le gouvernement depuis 2023 (…). On a eu une commission jeudi dernier. S’il fallait dire les choses, on avait tout le week-end. Il y avait vendredi, samedi, dimanche et hier, lundi. Pourquoi on fait ça à une heure du collectif budgétaire ? Est-ce que ce n’est pas par rapport au Congrès qu’il y aura ce week-end ? Moi, je condamne totalement ce genre d’acte. Là, ça fait deux ans qu’on est dans cette dualité entre le gouvernement et l’Assemblée » .
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Même l’opposition n’a eu aucune explication sur cette longue attente. Une situation qui l’a conduite à quitter l’hémicycle prématurément. « À l’Assemblée, il y a deux assemblées. Il y a celle qui ne se réunit pas officiellement et qui prend des décisions, et celle qui normalement devait se réunir depuis deux heures, qui ne le fait pas. On voit qu’il y a de plus en plus un mépris envers les élus, envers la presse, et surtout envers tous les téléspectateurs qui attendaient le début de cette séance, alors qu’on sait qu’il y a des sujets importants, peste Nuihau Liaurey. Le point de blocage réel, c’est des divergences qui deviennent de plus en plus importantes entre le législatif de la majorité et le gouvernement » , pointe-t-il.
En début d’après-midi, le Tapura Huiraatira s’est fendu d’un communiqué cinglant. « Le groupe Tapura Huiraatira déplore cette démonstration inquiétante d’impréparation et de désunion au sein de la majorité. Ce dysfonctionnement révèle un malaise profond entre le président de l’Assemblée et le président du Pays, et jette une ombre sur la capacité du Tavini à gouverner de manière stable et cohérente » , a-t-il dénoncé.
Pour les élus des îles, le calendrier fluctuant pose problème. « Pour nous, les maires, c’est un jour de moins aux côtés de notre population. Mais c’est notre population qui va en pâtir (…) plus on retarde, plus la ligne de conduite de notre population va être retardée » , souffle Tahuhu Maraeura, représentant Tapura Huira’atira à l’Assemblée de la Polynésie.
Présents à l’Assemblée, les représentants de la FRAAP déplorent cette politique de la chaise vide. « Il y a certainement des tensions entre les représentants du Tavini à l’Assemblée et le gouvernement. Je suis sûr et certain que des élus, voire même la majorité des élus du Tavini sont pour ces améliorations-là. Mais comme l’amendement vient de A Here ia Porinetia… donc si le report a été décidé, c’est certainement une cohésion, commente Georges Ateo, membre du syndicat. Peut-être qu’il va y avoir un dossier ensemble qui sera présenté par tous les représentants de l’Assemblée pour faire aboutir les choses et que tout le monde gagne » .
Les représentants ont rendez-vous demain, 9h, pour participer à la séance, quorum ou pas. Une séance en parallèle de celle des représentants de l’Assemblée junior, qui incarne la relève politique.
La FRAAP appelle quant à elle à une mobilisation pacifique, demain, à 8h, devant l’Assemblée.