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« Dire que l’économie est à l’arrêt, c’est un mensonge », assène Moetai Brotherson

Le président du Pays a dressé le bilan de sa première année de gouvernance, ce vendredi. (Crédit: TNTV)

« Dire que l’économie est à l’arrêt, c’est un mensonge », assène Moetai Brotherson

Interrogé dans un premier temps sur la santé économique du Pays, Moetai Brotherson a déclaré avoir découvert à sa prise de fonction « un passif » de « plus de 34 milliards de francs » en raison « d’impayés de l’OPH », des coûts liés aux « satellites du Pays » et de « la mauvaise gestion budgétaire léguée en héritage », notamment des « autorisations de programmes qui ont été volontairement sous-dotées ».

Pour autant, le président de la Polynésie a estimé que l’économie n’était pas dans le rouge : « Nous avons une inflation inférieure à celle de métropole et des autres outre-mers (…) Je n’ai pas vu dans les chiffres (…) d’indicateurs qui viennent décrire un ralentissement de l’économie (…) L’IEOM constate que nous avons, à l’inverse de tous les outre-mers français, un taux de fermeture des entreprises moins élevé (….) Dire que l’économie est à l’arrêt, je pense que c’est un mensonge (…) Les carnets de commandes des entreprises du BTP sont pleins (…) Venir dire qu’il n’y a pas de chantiers, c’est éloigné de la vérité ».

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Le chef de l’exécutif a également considéré que sans la suppression de la TVA sociale, l’inflation aurait été plus forte encore aujourd’hui. « Nous avons maintenu le soutien au FRPH. Nous avons maintenu le prix de l’électricité (…) Cela concourt au pouvoir d’achat », a-t-il souligné.

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Moetai Brotherson a également évoqué la possibilité d’une réforme à venir des exonérations fiscales dont bénéficient certains produits importés, estimant qu’il n’était « pas normal » que des entreprises réalisent des marges de « 300% » sur ces denrées. Les allocations familiales versées sans condition de ressources pourraient, elles aussi, être réétudiées. « Cela fait partie des pistes et elles ont du sens », a-t-il dit.

L’hôpital en souffrance

Autre dossier d’importance : l’hôpital du Taaone où l’ensemble des chefs de services viennent de proposer leur démission en raison des conditions de travail dégradées. « Je comprends tout à fait leur désarroi », a déclaré le président du Pays qui reconnait que la Polynésie « a de plus en plus de mal à recruter ». « Nous avons inscrit au collectif budgétaire des sommes relativement importantes pour essayer d’améliorer les choses et répondre à leurs attentes », a-t-il ajouté.

« On va investir dans des postes au niveau des urgences de manière massive », a de son côté indiqué le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, qui a aussi annoncé une réforme à venir du statut de l’hôpital pour pouvoir programmer des subventions sur un échéancier de plusieurs années.

« La partie oncologie, c’est un vrai drame (…) On a une concurrence mondiale (…) Il faut être attractif et ne pas se résoudre à chercher dans le cheptel métropolitain (…) Il faut élargir la venue de professionnels de santé de l’Union européenne, voire au-delà », a estimé celui-ci.

En termes de prévention, Moetai Brotherson a indiqué qu’une loi de Pays pour taxer les « produits nocifs à la santé » était en préparation : « Les études montrent que les effets se font sentir dès la 2e année sur les dépenses de santé ».

L’objectif de 600 000 touristes maintenu

Au sujet du tourisme, le président a renouvelé ses vœux de 600 000 visiteurs par an au fenua d’ici à « 10 ans ». « Ce que l’on veut, c’est l’équivalent économique de 600 000 touristes », a-t-il précisé en indiquant vouloir privilégier le développement de « la petite et moyenne hôtellerie » grâce à la défiscalisation, car c’est un « modèle adapté à beaucoup de nos îles ». Il s’est dit également favorable à la construction d’un aéroport international aux Marquises pour capter une partie des visiteurs qui séjournent à Hawaii.

« Les Marquises sont à 2 heures 30 de Hawaii, et Hawaii, c’est 10 millions de touristes », a-t-il dit. Il a aussi évoqué la constitution d’une « flottille de pêche » autour de l’archipel pour favoriser les exportations des produits de la mer par voie aérienne.

Concernant Air Tahiti Nui, le président a estimé que l’entreprise ne pouvait « pas continuer » à vivre de subventions. « Il va falloir que cette compagnie vole de ses propres ailes (…) Il faut remobiliser le personnel, lui présenter un projet qui lui donne envie de se donner à fond », a-t-il déclaré. Le chef de l’exécutif s’est aussi dit « convaincu » de la nécessité de « faire entrer au capital d’ATN, un acteur majeur du secteur (…) qui puisse seulement amener du capital, mais aussi une vision ».

Nouvelle-Calédonie et Azerbaïdjan

Interrogé dans la foulée sur les évènements qui secouent actuellement la Nouvelle-Calédonie, le président du Pays a considéré qu’il y aura « forcément des conséquences » pour la Polynésie, mais a exclu de celles-ci « le risque de contagion » : « On n’est pas du tout dans le même contexte ».

En revanche, il a expliqué avoir été contacté par de nombreux Polynésiens résidant sur le Caillou qui envisagent de revenir s’installer au fenua. Quant aux « non Polynésiens », il a dit ne pas « avoir l’intention de profiter de ce qui se passe » pour leur « dérouler le tapis rouge ».

« On a déjà observé ce phénomène à l’approche des referendums (…) Il y a une libre circulation des personnes au sein de la République française. On n’a pas vocations et les moyens règlementaires de les empêcher de venir. Mais il faudra faire attention au phénomène de spéculation (…) Ces personnes qui vont venir vont aussi contribuer à l’économie polynésienne. Je ne souhaite pas le favoriser, mais on accompagnera les choses si cela se produit », a-t-il déclaré.

Au sujet d’un éventuel encadrement de la vente de foncier, Moetai Brotherson s’est interrogé : « Mais qui vend les terrains ? Ce sont des Polynésiens. Avant de changer la loi, il faut peut-être soi-même changer ».

Quant au rapprochement entre le Tavini Huiraatira et l’Azerbaïdjan, dont la France dénonce les ingérences dans les outre-mers, le président a estimé ne pas avoir à se « prononcer en tant que chef de l’exécutif sur une décision du parti ». « Le militant indépendantiste que je suis vous dira qu’il ne voit pas où est le problème (…) Si vous avez une voiture japonaise, est-ce que cela veut dire que vous soutenez la chasse à la baleine ? Je ne le pense pas. Il ne faut pas tout mélanger », a-t-il toutefois ajouté.  

Moetai Brotherson a enfin profité de cette rencontre avec la presse pour annoncer qu’il procèderait à un remaniement de son gouvernement. La nouvelle équipe sera présentée le 3 juin.

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