Eliane Tevahitua note que la Polynésie est « réputée pour détenir des records sanitaires peu enviables : taux d’obésité les plus importants au monde, prévalences hors normes de diabète et de cancers, consommation d’alcool par habitant la plus importante au monde, taux de personnes en longue maladie parmi les plus élevés au monde. »
Mais aussi que le fenua est l’un des pays qui « enregistre le taux de contamination à la covid le plus élevé au monde ». La représentante estime que le président du Pays improvise et que ses discours sont « contradictoires ».
« Vous ne gérez plus rien du tout » écrit Eliane Tevahitua qui critique la décision de fermer les salles de sports alors que dans le même temps « 20 000 Polynésiens s’entassent chaque jour dans des autobus bondés et climatisés. »
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Le président Edouard Fritch a répondu ce jeudi par voie de communiqué. Il estime que la lettre de l’élue indépendantiste est « pétrie de haine et de rancoeur » à son égard.
« Avec raison, vous soulignez que la Polynésie française détient des « records sanitaires peu enviables » en matière d’obésité, de diabète, de longue maladie… Je ne pense pas toutefois, comme vous l’affirmez, que ces fléaux sanitaires ne touchent que les plus pauvres d’entre-nous. Tout notre Fenua est affecté. Mais il est certain que dans le contexte actuel de la pandémie, ces affections sont facteurs de comorbidité. »
« Faut-il pour autant, comme vous le faites, en accuser le gouvernement. Je ne décèle pas dans vos propos le moindre sentiment de responsabilité vous concernant. Auriez-vous assisté, sans rien faire, durant toutes vos années en responsabilité à l’explosion de ces maladies ? », poursuit Edouard Fritch.
Gestes barrières
Dans sa lettre, Eliane Tevahitua estime que le président accable la population alors que le gouvernement lui-même ne donne pas l’exemple : « Vous en appelez, M. le président, à l’exemplarité des gestes barrières et au respect des règles de distanciation sociale, mais vous êtes malheureusement le premier à les enfreindre. Il suffira pour s’en convaincre de se souvenir des embrassades de ce même président et des sénateurs nouvellement élus à l’origine du foyer de contagion de grande ampleur qui aura ensuite essaimé parmi les élus et habitants de retour dans leurs archipels notamment ».
Une critique à laquelle le président a choisi de ne pas réagir : « Je ne m’étendrais pas sur le pseudo cluster qui aurait été généré par les élections sénatoriales. Là encore, vous avancez des certitudes sans pouvoir les étayer », estime Edouard Fritch.
Les frontières
Edouard Fritch met en avant le protocole mis en place pour tout visiteur arrivant en Polynésie et explique que la réouverture des frontières était une nécessité pour l’économie du fenua.
« Vos propos acerbes et les contrevérités que vous assénez ne sont pas dignes d’élus. Le gouvernement est en responsabilité et il lui appartient de faire des choix. Il me semble d’ailleurs, compte-tenu des échanges que nous avons eu à l’Assemblée de la Polynésie française, que votre groupe Tavini Huiraatira a partagé notre décision de rouvrir les frontières, tout comme les maires de Polynésie française qui sont eux-mêmes mobilisés pour lutter contre la pandémie. »
Enfin, le président invite l’élue « à participer à l’effort collectif et à user de votre position pour combattre la propagation du virus plutôt que d’être source de division de notre peuple. »
Des propositions
Pour faire suite à son premier courrier, Eliane Tevahitua a envoyé une nouvelle lettre ce jeudi, dans laquelle elle fait 4 propositions pour lutter contre la covid-19 : un dépistage massif et rapide de l’ensemble de la population », l’isolement des cas positifs durant deux semaines, un suivi et un contrôle de la population, « en partie des cas contaminés », et la « mise en septaine stricte de l’ensemble des visiteurs en provenance de l’extérieur ».