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Damas Teuira : « On ne peut plus se permettre aujourd’hui de construire pour construire »

Damas Teuira, invité du journal


Tahiti Nui Télévision : Samedi matin, la compétition Ma’ohi Rescue avait lieu sur la plage populaire de la Pointe Vénus. Est-ce que les moyens humains et matériels sont-ils suffisants aujourd’hui à Mahina ?
Damas Teuira, maire de Mahina : « Pour l’instant, il faut se réjouir de cette première manifestation qui s’est tenue. Le temps était avec nous, le temps était clément, il y avait de belles conditions pour promouvoir cette première édition de la Ma’ohi Rescue. Ce sont encore de nouveaux métiers qui sont en train de s’afficher et qui viennent en complément déjà de ce que font déjà nos sapeurs-pompiers dans chaque commune.
Aujourd’hui, ça s’inscrit dans une logique de renforcer l’intervention de nos équipes en milieu marin. Les pompiers sont souvent sollicités pour du sauvetage aquatique. Si on avait une unité déjà formée, ce serait bien d’optimiser un peu l’intervention en partenariat avec la Fédération de secours en mer qui fait déjà énormément pour les populations de la Polynésie française. C’est une édition qui devra être renouvelée et qui devrait susciter de nouvelles vocations, de formations à la clé pour les futurs sauveteurs en mer. »

Proposer plus de formations : en avez-vous parlé avec le haut-commissaire lors de sa visite dans votre commune ?
« On a évoqué plusieurs sujets qui concernent Mahina. On a évoqué la sécurisation du littoral parce que Mahina a quand même une bonne proportion d’accès à la mer et du littoral qu’il faut avant tout sécuriser et notamment apporter tout le lot d’infrastructures, tout le lot de logistique au moyen humain quand il y a des intempéries, notamment des alertes au tsunami. On n’est pas à l’abri de ce genre d’événements qui peuvent frapper nos côtes et qui peuvent toucher les populations de toutes les communes qui sont impactées. Aujourd’hui, le maire est en première loge pour parler de tout ça et il a le devoir de prévenir, et prévenir c’est aussi avoir des équipes formées dans l’eau. »

Récemment, deux équipages de va’a ont eu des problèmes en mer nécessitant l’intervention des pompiers en jet-ski. Pensez-vous que les usagers de la mer sont imprudents ou sont-ce juste des incidents dus aux aléas ?
« Je pense que comme le dit si bien l’adage, prenez la mer et pas les risques. Je pense qu’au niveau de la pratique du va’a, les gens connaissent bien tous les aléas qui peuvent survenir quand on est en haute mer. C’est des choses qui arrivent, mais c’est des choses aussi qu’il faut prévenir.
Aujourd’hui, personne n’est à l’abri de ce qui peut arriver en haute mer et les deux équipages malheureux qui ont connu cette petite mésaventure, en ont fait les frais. Il faut en tirer les leçons à l’heure actuelle et tirer les leçons pour nous, c’est former, prévenir, mettre des équipes opérationnelles qui pourront intervenir en complément des sapeurs-pompiers qui sont déjà bien formés et aguerris pour ce genre d’intervention. »

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Toujours concernant la sécurité, les débordements de rivières sont un risque naturel, surtout pendant la saison des pluies. On l’a constaté en février dernier dans la vallée de la Tuauru. Y a-t-il encore des zones à sécuriser dans les vallées à Mahina ?
« On n’est jamais à l’abri. La prévention n’est toujours pas suffisante donc c’est une intervention permanente. Aujourd’hui, on est associé avec l’État à repérer les embâcles possibles dans les différentes vallées. En février dernier, dans la vallée, certaines familles ont pratiquement tout perdu. Il ne faut pas que ce genre d’opération se renouvelle, donc en amont, avec l’équipement, la commune, et l’État, on participe à la pré-période d’intempéries où les ruisseaux, les caniveaux, tout écoulement d’eau, sont susceptibles d’être nettoyés. C’est ce qui s’est passé notamment dans les deux vallées d’Ahonu et surtout Tuauru, parce qu’il y a des îlots qui se sont formés en plein milieu de la rivière et qui peuvent avoir des conséquences graves sur les berges parce que l’eau va choisir le chemin le plus court. C’est ce qui s’est passé dans la vallée de Tuauru où une grande partie de la chaussée a disparu et c’est la deuxième fois. Donc, on est en train de réfléchir avec l’équipement de quelle manière on pourra réguler le flux de manière à ce qu’il aille tout droit. Mais aller tout droit, c’est prévenir s’il y a des embarques et c’est le cas avec du survol avec l’hélicoptère le Dauphin, qui participe aussi au repérage des embarques possibles dans pratiquement toutes les rivières de Polynésie et en particulier sur Mahina. On les a repérés par points GPS, et nos équipes seront dépêchées sur place pour libérer un peu les voies d’écoulement de nos rivières. »

La sécurité touche aussi la santé. Des milliards de francs sont nécessaires pour gérer les eaux usées. Comment financer un chantier aussi important ?
« Je pense qu’au niveau de l’État, il y a matière à financer aujourd’hui puisqu’on parle d’assainissement, mais ce sont des opérations très coûteuses parce qu’il va falloir construire. Et surtout, ce sont les coûts de fonctionnement qui après devront être répartis sur chaque famille. C’est un impact qu’on est en train d’étudier parce qu’on a adopté un schéma de directeur d’assainissement sur la ville de Mahina. Aujourd’hui, l’impact qu’on a plus ou moins évalué atteint une proportion qu’il est pratiquement impossible de faire supporter par toutes les familles. L’assainissement est un souci pour pratiquement toutes les communes et en particulier sur Mahina. Si un jour, on veut doter la Pointe Vénus du Pavillon Bleu, comme c’est le cas dans d’autres communes, on est obligé de passer par là.
Mais l’investissement va être important parce qu’aujourd’hui, la commune de Mahina ne peut pas être liée à la station d’épuration de Papeete. On a un obstacle naturel qui est le col du Tahara et je vois mal comment on peut évacuer nos bouts, parce qu’il s’agit d’évacuer des bouts en matière d’assainissement vers la station d’épuration de Papeete. On est obligé de réfléchir en interne comment on va assainir nos eaux sur la commune de Mahina. Il faut quand même bien réfléchir pour ne pas que ça soit trop impactant au bout de la chaîne.
Donc il y a des fonds qui ont été mis en place par l’État, par le Pays, pour accompagner les communes sur le domaine de l’assainissement, des eaux usées notamment. Et aujourd’hui, on parle d’équipement collectif, parce que c’est l’assainissement collectif qui va toucher toute la plaine de Mahina. Mais le sujet après, c’est la facturation qui va impacter toutes les maisons qui seront raccordées. C’est un peu lourd comme décision à prendre, en tout cas l’évaluation qui a été faite ne permet pas d’envisager une opération de ce type-là. Alors, on réfléchit à d’autres moyens moins coûteux, mais les fonds existent aujourd’hui. Il ne reste qu’au comité de définir le plan, le schéma directeur en matière d’assainissement. »

D’autres réflexions se posent aussi. Vous souhaitez une commune plus verte et plus respectueuse de l’environnement. Comptez-vous vous lancer à la conquête du Pavillon Bleu ?
« C’est en cours, c’est dans le plan de mandature, de la ville de Mahina entre 2020 et 2026, même 2030. (…) L’impact sur l’environnement sera à retenir et c’est le mot d’ordre aujourd’hui. On est parti dans la reconstruction de nos bâtiments scolaires. La valeur décarbonée des bâtiments aura une part importante à l’intérieur de la construction des futurs bâtiments communaux, notamment scolaires, parce qu’il va falloir faire avec tout le respect de l’environnement.
On ne peut plus se permettre aujourd’hui de construire pour construire. Aujourd’hui, il faut construire intelligemment et observer de manière beaucoup plus rigoureuse pour l’environnement qui nous entoure. J’ai entendu qu’ils manquaient d’espaces verts, qu’ils allaient favoriser des espaces verts sur Faa’a. On est dans cette dynamique sur Mahina, il faut la préserver cet espace vert. (…) Ce rapprochement de l’homme à la nature manque un peu, aujourd’hui. Il faut trouver un compromis sur le développement des bâtiments administratifs ou des bâtiments, et la sauvegarde patrimoine culturel et naturel qui nous entoure. C’est sur ce socle-là qu’on devra bâtir l’avenir, on ne peut pas faire autrement que de préserver notre magnifique pays, comme c’est le cas aussi à Raivavae »

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