Nicole Bouteau a confirmé le dépôt de sa démission vendredi. « J’ai effectivement déposé ma démission du gouvernement auprès du président de la Polynésie française vendredi. Je n’ai pas souhaité communiquer de suite, me laissant le week-end (…) Je pense qu’il était important de m’expliquer. »
Pour expliquer sa décision, elle est d’abord revenue sur les débuts de la crise sanitaire en Polynésie et sur les décisions difficiles qui ont dû être prises par le gouvernement.
Membre fondateur du Tapura Huiraatira, elle a admis que la majorité « vit des turbulences sans nom » depuis le mariage, en pleine crise, de l’ex-vice président du Pays Tearii Alpha : « J’étais à ce mariage. Nous n’avons pas fait preuve d’exemplarité alors que le pic était au plus haut« .
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« Nous nous sommes rendus à l’Eglise, nous avons constaté que des chapiteaux extérieurs avaient été installés, qu’à l’intérieur nous étions 3 par banc… (…) Tout allait bien jusqu’au restaurant (…) Nous avons vu monter cet espèce de tsunami d’incompréhension, ce que je comprends parfaitement. (…) Nous ne sommes plus crédibles, notre voix ne porte plus. Nous avons du mal à faire passer les choses importantes, la vaccination (…) Je fais le mea culpa. Nous n’aurions pas dû mais nous aurions souhaité que le principal intéressé puisse s’exprimer (…) C’est finalement à la demande du président qu’il s’est exprimé mais finalement pour dire qu’il était heureux et qu’il avait un statut particulier. »
Mais si elle quitte le gouvernement, c’est avant tout parce qu’elle ne se sent pas « en phase » avec la situation actuelle. Alors que des discussions au sein de la majorité ont eu lieu avant la proposition de loi sur l’obligation vaccinale à l’assemblée, deux membres du Tapura ont attendu l’adoption de la loi pour marquer leur désaccord…
« À l’unanimité les dispositions ont été adoptées par notre majorité avant d’être soumises à l’assemblée (…) Nous sommes fin août et quelle n’est pas notre surprise, une fois que la loi est votée, d’entendre une voix dissonante : celle du président de l’assemblée de la Polynésie qui sur sa radio communale, longuement parle de son état de santé (…) À aucun moment le président de l’assemblée et le vice-président de la Polynésie ne se sont exprimé durant nos discussions« .
« Les dispositions ne viennent pas cibler spécifiquement les élus, mais c’est une obligation morale. Il y a une question de cohérence. (…) Il n’est pas possible que des responsables politiques puissent avoir une position individuelle où l’intérêt collectif ne prime pas. Je respecte les convictions personnelles de chacun, on peut en avoir, mais à ce niveau de responsabilité, il n’est pas possible de venir fragiliser une politique publique (…) Nous avons aujourd’hui des gouvernants qui sont aujourd’hui au-dessus des lois. (…) j’ai attendu et j’attendais des décisions fortes et cohérentes« , a-t-elle déclaré. « Parmi les décisions possibles c’était aussi de se dire « est-ce qu’on la retire cette loi ? Est-ce qu’on l’amende ? (…) Mais puisqu’on décide de la maintenir », il faut que nos responsables la respectent.
Elle souhaite cependant rester au Tapura.
Nicole Bouteau a par ailleurs annoncé qu’elle avait déposé sa candidature pour les élections législatives. Mais, « au moment où j’ai déposé ma candidature, nous n’étions pas dans les turbulences que nous vivons là, actuellement », précise l’élue qui attend toujours un appel du président du Pays suite à sa lettre de démission. « J’attends que le président m’appelle ce qu’il n’a pas fait (…) Il attendait peut-être que je m’exprime… ».
Nicole Bouteau attend également le prochain conseil politique du parti rouge qui doit avoir lieu à la fin du mois et durant lequel elle compte bien s’exprimer.
Le président du Pays n’a pas encore annoncé qu’il acceptait la démission de sa ministre du Tourisme. Celle-ci a tout de même déclaré qu’elle faisait ses cartons…