Lundi, le président du Pays a débuté sa visite par une rencontre le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville. Plusieurs sujets ont été évoqués.
Sur la protection des fonds marins, « on a des positions alignées entre celle de l’État et celle de la Polynésie« , a déclaré le président du Pays. L’assemblée de Polynésie avait voté l’an dernier un moratoire interdisant l’exploitation des fonds marins, suivi quelques semaines plus tard par l’Assemblée nationale, tandis que depuis la COP27, Emmanuel Macron faisait part de son opposition à l’exploitation.
Pour autant, le parti indépendantiste Tavini Huira’atira, duquel est issu Moetai Brotherson, avait montré quelques divergences internes sur l’exploitation des grands fonds marins, entre un courant favorable à l’exploitation et un second opposé à celle-ci, et une abstention lors du vote du moratoire polynésien à l’Assemblée locale. Un sujet que le nouveau président a voulu préciser : « Notre position est claire : on est pour l’exploration à des fins scientifiques, pour étudier le vivant, les potentiels médicaux et scientifiques mais on est contre l’exploitation des fonds marins en l’état actuel des technologies« .
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« Moetai Brotherson avait pris des positions fortes et courageuses et le gouvernement est sur la même position« , a d’ailleurs rappelé le secrétaire d’État Hervé Berville, qui avait été interrogé par Moetai Brotherson à l’Assemblée nationale sur la position de l’État lors de questions au gouvernement du 17 novembre dernier. « Nous sommes pour l’interdiction totale de l’exploitation minière dans les grands fonds marins », avait insisté Hervé Berville, assurant que « cette interdiction totale de l’exploitation minière dans les grands fonds marins s’applique (…) également dans la ZEE française ». Une position réaffirmée ce lundi à l’issue de son entretien avec Moetai Brotherson.
Autre sujet : celui de la formation. « Il y aura des annonces lors de la prochaine visite (d’Hervé Berville, NDLR), en termes d’études de mises en place, forcément conjointes entre l’État et la Polynésie qui est compétente en termes d’éducations, sauf pour l’enseignement supérieur. Ce sont des discussions qu’on va entamer très bientôt« , a expliqué le président du Pays. « Un territoire comme celui-ci ne peut pas ne pas avoir de formation dans les métiers de la mer, que ce soit dans la transformation des produits halieutiques, la recherche, le tourisme« .
« La France a 33% de son espace maritime qui est sous statut d’Aire marine protégée » a aussi rappelé Hervé Berville, précisant que dans la notion d’aires marines protégées rentrent également celles qui sont ouvertes à la pêche artisanale, « enjeu de souveraineté et d’autonomie alimentaire ». « Nous devons concilier activité économique et protection de l’environnement », a-t-il estimé. « Il y a des endroits où nous devons renforcer cette protection », avec un « objectif de 10% des eaux françaises sous statut de protection forte ».
JO 2024 : L’épreuve de surf aura bien lieu à Teahupoo
Autre rencontre à Paris : Moetai Brotherson s’est entretenu avec les organisateurs des JO2024 à Paris. Objectif : lever tous les doutes après les inondations de Teahupoo, les retards et certaines déclarations politiques contradictoires. « J’ai voulu réaffirmer la détermination du gouvernement à ce que ces épreuves (de surf, NDLR) se déroulent chez nous, berceau du surf dans le monde. Ça, c’est un point qui n’est pas négociable. »
Non négociable, tout comme le soutien financier du comité olympique après les dégâts causés par les inondations. Pour l’instant, il n’y a rien d’insurmontable pour les organisateurs. « On a tous été très touchés et très marqués par ce qui s’est passé sur le site. Les indicateurs dont on dispose ne montrent pas de côté irréversible ou d’inquiétude majeure. Il y a des solutions et on va les mettre en place. »
S’il n’y a plus de doute sur la tenue des épreuves de surf, d’autres questions restent à régler pour le président du Pays. « Il faut que les Polynésiens se sentent partie prenante de ces jeux, qu’ils ne se sentent pas exclus et ce qu’on va qualifier de la notion d’héritage : qu’est-ce qui va rester après les Jeux ?«
Prochaines étapes de la visite du président de la Polynésie : Moetai Brotherson est attendu place Beauvau pour un entretien avec Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, et Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, avant de poser sa dernière question au gouvernement à l’Assemblée nationale, avant d’officiellement passer le flambeau à sa suppléante Mereana Reid Arbelot, ce vendredi.