TNTV : La mise en place de cette plateforme autonomiste a été annoncée en avril 2023. Ce n’est toujours pas fait. Y croyez-vous encore ?
Gaston Flosse, président du Amuitahiraa o te Nunaa Maohi : « Ce n’est pas facile. Il y a deux voies qui se présentent à nous : la fusion ou l’alliance. La fusion, c’est de taire nos partis politiques, faire un seul parti qui sera présidé par quelqu’un de nouveau. C’est pour cette raison que Moetai (Brotherson) a gagné ces élections. Il ne faut pas n’importe quel jeune. Il ne faut plus parler en termes d’indépendantiste ou d’autonomiste. Ce n’est pas l’essentiel. Allez dans les quartiers, laissez vos bureaux climatisés avec vos fauteuils, allez à la rencontre du petit peuple au fond de Titioro ou de Tipaerui. Ils vous parleront du coût de la vie, du travail, de la pauvreté (…) Ils vous diront que le statut, ça leur est égal » .
TNTV : Qui est ce jeune que vous voudriez mettre à la tête de ce parti ?
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Gaston Flosse, président du Amuitahiraa o te Nunaa Maohi : « Ce n’est pas facile non plus. Déjà à ma place, depuis quelque temps, je cherche quelqu’un qui puisse me remplacer et prendre en main le Amuitahiraa. Mais je ne désespère pas. En tous les cas, on ne parle plus en termes d’indépendantistes. Il suffit de prendre les résultats des élections : aux législatives en 2022, le Tavini a eu 23 490 voix au premier tour, et 61 000 au second tour. Ça ne veut pas dire qu’il y a 61 000 indépendantistes chez nous. Pour les territoriales, le Tavini fait 43 000 puis 64 000 voix au second tour. ça ne veut pas dire que la population est devenue indépendantiste. La population a confiance en Moetai, pense que c’est lui qui va s’occuper d’elle, mais malheureusement ce n’est pas le cas » .
TNTV : Concrètement, qu’attendez-vous du jeune gouvernement de Moetai Brotherson ?
Gaston Flosse, président du Amuitahiraa o te Nunaa Maohi : « C’est ça la mode, en France aussi, c’est pareil avec M. Attal, mais lui est formé et a déjà fait quelques années au gouvernement. Les nôtres, le président a voulu faire pareil, mais que font-ils ? Quel est le résultat ? Cela fait 9 mois qu’ils sont au pouvoir, nos députés ça fait plus d’un an, qu’ont-ils apporté au fenua ? Rien sur les problèmes essentiels. On parle de souveraineté, mais c’est le quotidien du Polynésien qui compte, comment va-t-il faire pour vivre ? » .
TNTV : Qu’avez-vous de mieux à proposer ?
Gaston Flosse, président du Amuitahiraa o te Nunaa Maohi : « Ce qui compte, ce n’est pas le statut, c’est le quotidien (…) Ce qui est aussi essentiel, c’est de dire qu’aucun des présidents de parti aujourd’hui ne sera président du parti unifié. C’est ce qui gêne M. Nuihau Liaurey, qui aimerait bien être président, ou Nicole Sanquer. Ce n’est pas étonnant. (…) Si cette plateforme autonomiste avait existé avant les territoriales, nous aurions atteint 101 000 bulletins » .
TNTV : Vous aurez 93 ans en juin. Vous disiez sur vos réseaux sociaux être « prêt pour le grand voyage » . Pour autant, vous ne raccrochez pas. Que vous reste-t-il encore à accomplir ?
Gaston Flosse, président du Amuitahiraa o te Nunaa Maohi : « Je suis encore en bonne santé physiquement et intellectuellement. C’est vrai que je cherche quelqu’un pour prendre ma suite, mais ce n’est pas facile. J’ai déjà dit que je servirai mon peuple jusqu’à mon dernier souffle. C’est ce que je veux faire, c’est ce que je fais aujourd’hui. Je pense que l’autonomie est terminée, on est arrivés au bout du chemin. C’est le Tahoeraa Huiraatira qui a créé l’autonomie. Il faut que nous prenions un autre chemin, qui sera adapté à notre Pays et dans nos relations avec la France. C’est vrai que nous avons besoin de la France, mais la France a également besoin de nous. Travaillons ensemble » .