TNTV : Lors de votre conférence de presse vous avez étrillé Edouard Fritch sur sa gestion de la crise sanitaire. Vous avez estimé que l’exécutif aurait pu mieux faire et voire même plus d’un point de vue sanitaire comme du soutien à l’économie…
Gaston Flosse : « C’est vrai que la semaine dernière, Oscar Temaru a souhaité s’adresser au président de la Polynésie et aux maires réunis dans leur conseil syndical du SPC. Et il s’est adressé à cet auditoire alors qu’il était interdit de parler de politique dans ces réunions des maires. Mais enfin il passe outre et il demande au président de la Polynésie et aux maires de signer une lettre qu’il adresserait au Secrétaire général des Nations Unies, au président de la 4e Commission des Nations Unies. Il avait essayé de me faire signer cette lettre également mais je n’ai pas signé cette lettre. Et, malheureusement pour lui ça a été un échec. Le président n’a pas signé sa lettre, et les maires, aucune signature. Ceci est un échec c’est vrai. Mais ce qui est important c’est de retenir les interventions de notre président Edouard Fritch. Edouard Fritch en s’adressant à Oscar Temaru lui dit, ‘vous êtes mon metua, vous êtes notre metua’. Or, je metua c’est la personne avec qui nous sommes sur la même longueur d’onde politiquement, institutionnellement. La question que l’on se pose c’est est-ce que Edouard Fritch est devenu indépendantiste ? Nous ne savons pas. »
C’est pour cela que vous avez étrillé son gouvernement en ce qui concerne ma crise sanitaire et l’économie ?
« C’est vrai mais ensuite il s’adresse à Oscar Temaru et il dit ‘nous sommes tous indépendantistes, nous avons l’indépendance dans notre sang’. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je crois qu’il faudrait interroger le président et qu’il vienne s’expliquer publiquement. »
Quel rapport ?
« En mars dernier, lorsque le haut-commissaire a décidé le confinement local, nous avions fermé nos frontières, il n’y avait pratiquement pas de malades, en tout ca spas de décès. En juillet, le 15 juillet dernier, ils décident, le haut-commissaire et le président Fritch, décident d’ouvrir nos frontières. Les avions allant chercher les touristes partout. Et au final, qu’est-ce que nous constatons aujourd’hui ? Le nombre de malades est important, plusieurs milliers, et surtout, nous avons 136 morts aujourd’hui. »
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Comment auriez-vous fait pour gérer cette crise monsieur Flosse ?
« Il n’y a pas eu de crise comme ça par le passé. Mais aujourd’hui il aurait fallu continuer par exemple les tests massivement pour savoir qui est positif : ‘toi tu es positif tu restes chez toi, toi tu es négatif, tu peux continuer à travailler, tu travailles’. C’est le confinement intelligent et non pas tout bloquer ou tout ouvrir. On va d’un extrême à l’autre. Résultat, voilà la situation. Le vaccin c’est le rempart contre cette maladie. Qu’est-ce qu’on voit ? Première commande on reçoit 14 000 doses de vaccin. Ils commandent 18 000 quelques jours après, nous ne recevons que 2000 doses de vaccin. Mais où allons nous ? C’est un échec total. »
Pour vous c’est un échec mais aujourd’hui, revenons à votre parti, vous ne disposez plus de mandat et le groupe Tahoeraa à l’assemblée compte seulement 8 représentants dans l’opposition. C’est difficile pour le président du parti que vous êtes d’exister politiquement dans ces conditions ?
« Non pas du tout. J’existe comme nous avons toujours existé. Nous avons un groupe à l’assemblée qui est présidé par Teura Iriti, qui n’a pas le temps de s’occuper. Elle est maire de Arue, elle est présidente de la fédération, elle est présidente d’une commission… À quel moment s’occupe-t-elle des travaux de l’assemblée ? »
Vous lui faites toujours confiance à Teura Iriti malgré les propos que vous avez tenus ?
« Regardez comment se comporte le groupe Tahoeraa à l’assemblée. Il est inexistant. »
Est-ce que vous demandez son départ du groupe monsieur Flosse ?
« Non, non, non. Vous savez, ça c’est un petit détail. C’est un pe’ape’a de famille. Ce qui est important c’est vraiment la gestion de cette épidémie. Eh bien nous pouvons dire que c’est un échec total. Il y a des milliers de malades, il y a une centaine de morts. On ne peut pas continuer comme ça. Les tests on n’en parle plus, les vaccins n’arrivent plus. Qu’est-ce qu’on fait ? Et puis l’aide, là aussi c’est une question qu’il faut poser au président : en mars 2020, l’Etat français crée le fonds national de solidarité. Et à travers ce fonds là, il aide évidemment les sinistrés de France, des départements français, et des deux collectivités d’outre-mer, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. La Nouvelle-Calédonie demande à bénéficier de cette aide-là et la Nouvelle-Calédonie reçoit des aides de l’Etat (…). »
La Polynésie a reçu 6 milliards…
« (…) Pourquoi est-ce que le président de la Polynésie ne fait pas la même demande que la Nouvelle-Calédonie ? »
Il s’est exprimé sur la question sur notre plateau monsieur Flosse…
« (…) Il essaie de se débrouiller, il veut nous montrer quoi ? »
Monsieur Flosse il nous reste quelques secondes. Il est important pour les téléspectateurs de comprendre ce que vous souhaitez exactement. Vous n’aimez pas qu’on vous pose cette question. On va quand même vous la poser ce soir : vous avez 89 ans aujourd’hui. Est-ce que vous pensez un jour prendre votre retraite politique et passer la main ?
« Lorsque nous échangeons là, vous croyez que j’ai 89 ans ? »
Donc vous n’êtes pas prêt à passer la main ?
« Il ne faut pas regarder le nombre d’années, ce qu’il faut regarder c’est ‘est-ce qu’il est toujours en bonne santé, est-ce qu’il est solide encore, est-ce que sa tête marche bien, est-ce qu’il a tout ce qu’il faut pour pouvoir mener ce parti, ce mouvement, le Amuitahiraa no te nunaa Maohi, avec la nouvelle ligne institutionnelle qui est la suite de l’autonomie c’est l’Etat souverain mais associé à la France. »