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Législatives : « Il est temps de passer à l’alternance du pouvoir » estime Steve Chailloux

Législatives : "Il est temps de passer à l'alternance du pouvoir" estime Steve Chailloux

Après avoir intégré le conseil municipal de Teva i Uta en 2020, aujourd’hui vous êtes dans la course à la députation. Pourquoi s’être lancé en politique ?
« J’ai vécu pendant 10 ans à Hawaii en tant que professeur à l’université de Hawaii. J’ai pu constater là bas, de loin, la situation catastrophique vers laquelle nous nous dirigeons nous dans notre pays en Maohi Nui. Donc en 2017 j’ai décidé de démissionner de l’Université de Hawaii pour revenir m’installer dans mon pays et pour venir servir mon pays. Et donc j’ai bien connu cette problématique de cette jeunesse qui revient dans son pays et à qui on dit « on n’a pas de travail ». Ou alors tu as des diplômes beaucoup trop élevés et donc c’est difficile de payer. Moi je l’ai vécu dans mon vécu personnel et c’est pour ça aussi qu’aujourd’hui je me lève dans le cadre des législatives pour essayer d’apporter ma petite pierre. Essayer de rectifier certaines choses et notamment par rapport à la problématique des jeunes qui reviennent s’installer dans leur pays. »

Un peu moins de 40% de la population de la 2e circonscription est allé voter. c’est moins que dans les deux autres. Pourquoi selon vous et comment convaincre ces personnes de se rendre aux urnes samedi ?
« Je pense que ces dernières années, notamment l’année dernière à partir de 2021 particulièrement, la parole publique a été décrédibilisée. la parole des responsables politiques de notre pays a été décrédibilisée par certaines attitudes dont on a pu être les témoins l’année dernière et notamment chez moi à Papeari puisque je suis un élu de la commune de Papeari. Je pense que ça c’est un élément qui a fait que la confiance a été rompue et qu’aujourd’hui on a une espèce de défiance de la part de notre population vis à vis des politiques parce que nous avons montré, ils ont montré une certaine image des responsables politiques de notre pays qui n’était pas tout à fait reluisante. »

Justement on vous a entendu parler du fiu de la population face à la politique à l’ancienne. Que proposez-vous de différent ?
« Déjà (…) je pense que c’est une nécessité de passer par l’alternance du pouvoir. Une des problématiques de notre pays c’est la concentration des pouvoirs dans un seul parti politique. Et on a bien vu que la concentration des pouvoirs dans un seul parti politique a engendré certaines dérives. Et je pense qu’aujourd’hui il nous faut absolument l’alternance du pouvoir dans notre pays afin que nous puissions aussi exprimer d’autres courants de penser dans notre pays. Et l’alternance du pouvoir commence par les élections législatives. »

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Tepuaraurii Teriitahi dispose d’une avance de 1000 voix sur vous. Comment la rattraper aujourd’hui ?
« En allant rencontrer notre population tout simplement. En allant les convaincre. Moi je suis en campagne depuis mi janvier. Depuis mi-janvier je sillonne toute la circo 2. On connait la circo 2. Elle est assez grande de Mahina jusqu’à Paea et les Australes. Et tous les jours, tous les soirs, tous les matins, tous les après-midis je rencontre les gens, je discute avec eux et j’essaie de les convaincre par rapport au programme bien évidemment mais aussi par rapport à ma personnalité puisque je suis nouveau en politique d’une certaine manière en tout cas dans ces échéances là et j’essaie d’apporter finalement un nouveau regard, une nouvelle pratique politique en tant que jeune de 36 ans. On a une autre façon d’aborder la politique peut-être et peut-être de nouvelles pratiques politiques à mettre en place de manière urgente dans notre pays. »

Quelles sont les attentes de la population que vous avez rencontrée ?
« Les attentes de notre population elles sont très simples et elles sont très concentrées. C’est le travail. Le niveau de précarité de notre pays est innommable. Les gens sont dans la pauvreté. Les gens souffrent particulièrement après la crise du covid. Et donc aujourd’hui la problématique principale c’est celle de l’emploi. Quand bien même l’emploi, le travail, n’est pas une compétence du député, la population vient nous voir par ce qu’elle vit dans la précarité et elle essaie de trouver un moyen pour s’en sortir. »

Il y a un autre sujet qui est au coeur des débats, c’est l’identité maohi. Aujourd’hui vous parlez beaucoup de défendre les intérêts des maohi. C’est quoi être maohi en 2022 ?
« Disons que, je suis anthropologue de formation donc je peux donner une définition anthropologique. mais cette définition anthropologique là n’est pas forcément une définition politique. La définition politique doit être discutée avec tous les partenaires. Ceci étant dit, la définition anthropologique de ce qu’est un maohi : un maohi c’est celui ou celle qui peut se prévaloir de par sa mère ou de par son père, d’un lien de filiation généalogique qui le relie à la terre. Cette terre en l’occurrence. Et l’importance est dans la conjonction « ou ». C’est-à-dire que souvent on oppose le métissage à la maohitude. Quand on introduit la conjonction « ou », ça veut bien dire finalement qu’on introduit le métissage comme une partie intégrante de la maohitude. Ça c’est la définition anthropologique. Maintenant pour ce qui est de la définition politique, il serait bon de pouvoir en discuter avec toutes les composantes politiques de notre pays pour émettre un périmètre de ce qu’on pourrait définir comme étant maohi ou Polynésien. ce sont des sujets qu’il faut discuter ensemble. »

Parmi les candidats malheureux : Gaston Flosse. Selon lui, vous maniez les mots aussi bien en Français qu’en Tahitien pour convaincre. Comment rassurer les électeurs que ce ne sont pas juste des belles paroles ?
« Déjà par rapport à mon parcours. Je suis engagé pour mon Pays au niveau de la culture et au niveau de la langue depuis un certain nombre d’années maintenant. Et aujourd’hui la concrétisation de ce combat pour la culture, pour les langues, se fait sur le plan politique. Ce sont les politiques finalement qui décident et si on veut faire avancer des dossiers notamment de la culture, de l’identité de nos langues, il faut s’engager en politique.

(…) Ça fait longtemps qu’on appelle la jeunesse à se lever pour aller servir et s’engager en politique. Aujourd’hui le Tavini Huiraatira permet à cette jeunesse de s’exprimer et de se présenter à vous les électeurs et je pense qu’il est temps maintenant d’un certain renouveau de la classe politique de notre pays. Il est temps de passer à l’alternance du pouvoir dans notre pays en passant par un renouveau de la classe politique et surtout en faisant confiance à la jeunesse maohi de notre pays. »

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