L’appel dans le cadre de l’affaire radio Tefana sera examiné en mars 2022, à l’approche d’échéances électorales. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
« Je suis serein. Le jugement de radio Tefana a été reporté à cause de la pandémie et l’avocat de radio Tefana, Me David Koubbi, avait également des problèmes de santé. Ça veut dire qu’au mois de mars, il sera là ».
Comment est-ce que vous envisagez la suite si votre première condamnation venait à être confirmée dans cet affaire ?
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« On ira jusqu’en cassation et on ira jusqu’à la Cour européenne de justice, parce que cette affaire, c’est une affaire éminemment politique ! J’ai déjà eu l’occasion de le dire : c’est suite à la plainte que j’ai déposé en octobre 2018 quand j’ai annoncé à l’ONU que je venais de déposer plainte contre les différents présidents français encore en vie, pour rappeler ce que Mr Macron a dit à Alger : la colonisation est un crime contre l’humanité, c’est exactement cela. Je l’ai fait en tant que Français, or j’ai l’impression d’être jugé en tant que terroriste ».
Ce n’est pas cela qui va vous empêcher de vous présenter aux prochaines échéances électorales ?
« Ce n’est pas un soucis pour moi ».
« L’indépendance n’est pas un crime, c’est un droit que tout le monde doit respecter«
Oscar Temaru, président du Tavini Huiraatira
Gaston Flosse a annoncé sur notre plateau se porter candidat aux prochaines législatives : vous en pensez quoi ?
« Nous avons trois candidats : un jeune à Papeete, qui a 21 ans. Un jeune qui connaît bien la politique de notre Pays, qui fait encore des études en France et qui est très diplômé. Choisir un jeune de 21 ans, pour moi c’est ça l’avenir. Ensuite, il y a Steve Chailloux et bien sûr, Moetai Brotherson. J’ai vraiment envie que ces trois-là gagnent ces élections. Parce qu’il faudra tout de suite mettre en place un comité pour discuter avec la France à l’ONU des accords de coopération qu’il faudra mettre en place. Ça va durer 3 ans, 4 ans ou 5 ans de discussions, mais c’est une urgence de mettre en place ce comité de négociation sous l’égide des Nations Unies ».
Le Président de la République a déclaré à son retour en France vouloir mettre l’exploration des grands fonds marins comme l’une des priorités du plan d’investissement France 2030. Comment interprétez-vous ces déclarations ?
« Moi, j’appelle ça du néocolonialisme. Je pense que c’est une époque qui est révolue. Le 10 décembre 2020, l’Organisation des nations unies rappelle à l’Etat – puisque l’Etat est intervenu lui-même pour demander le retrait de notre pays de la liste des pays à décoloniser – notre droit de souveraineté. Là, elle [ndlr : la France] est en train de prendre notre droit de souveraineté et également notre droit de propriété sur toutes ces ressources qui sont ici, chez nous ».
Et cela vous inquiète ?
« Bien sûr ! C’est pour cela que je dis qu’il faut absolument qu’au mois de juin prochain, nos trois élus, nos trois députés sortent vainqueurs de cette élection. C’est très important, parce que c’est le seul argument utilisé par la France à l’ONU pour dire que la population de notre pays ne veut pas entendre parler d’indépendance. Pourquoi : parce que les gens ne sont pas informés ! […] L’indépendance n’est pas un crime, bien au contraire : c’est un droit que tout le monde doit respecter ».
« Pourquoi ne pourrait-on pas payer les médecins selon leurs performances ?«
Oscar Temaru, président du Tavini Huiraatira
Justement sur l’indépendance, c’est le non qui l’a emporté lors du référendum d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.
« C’est une affaire qui est loin d’être terminée, d’ailleurs c’est une élection qui n’est pas reconnue par l’ONU, étant donné que les premières personnes, le peuple intéressé dans cette affaire, le peuple kanak, n’a pas participé à cette élection. Donc c’est une mascarade ».
C’était un accord entre vous et le leader indépendantiste calédonien, Jean-Marie Tjibaou : la Polynésie va emboiter le pas à la Nouvelle-Calédonie concernant l’indépendance.
« Il faut faire vite. Peut-être que je pourrais gagner ce pari. C’est ce qu’il s’est passé à New York avec Jean-Marie Tjibaou quand on a vu tous ces drapeaux devant le bâtiment de l’ONU. Jean-Marie m’a dit ‘Oscar, je te parie que notre drapeau sera hissé ici à l’ONU avant le vôtre. Je lui ai dit ‘ah je ne sais pas, on parie’. Mais malheureusement, il n’est plus là. C’est une boutade mais c’est un droit que toutes les nations doivent respecter : le droit des peuples à l’autodétermination ».
Vous allez continuer votre combat malgré tout ?
« Bien sûr, c’est le combat le plus noble, c’est le seul combat qui compte ! Tout le reste, n’importe qui peut le faire ».
Sur la situation sanitaire du fenua, quel est votre positionnement par rapport aux dernières mesures prises par le gouvernement, notamment sur la TVA sociale ?
« Il y a des possibilités de diminuer les dépenses dans notre pays. Je pose une question ici et peut-être que c’est une question qui doit se poser dans le monde : pourquoi ne pourrait-on pas payer les médecins selon leurs performances ? Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne paye les médecins qu’une fois que la personne qui a été consultée soit guérie. Parce que là, j’ai l’impression que vous rentrez dans le cabinet de votre médecin, vous commencez déjà à payer. Que vous soyez guéris ou pas, ça continue. Ce n’est pas possible, voilà des dépenses qu’on pourrait diminuer. Ensuite, quand je vois les repos médicaux qu’on accorde pour n’importe quoi, même pour un mal aux cheveux… Qui prend en charge tout ça ? C’est la CPS, c’est nous qui prenons en charge. Ça nous coûte 60 milliards de Fcfp par an. Selon une enquête, des médecins arrivaient à consulter 100 malades par jour. C’est inadmissible. Il y a des possibilités de diminuer des dépenses. Si c’était des médecins de Cuba qui étaient venus ici, on aurait tout de suite diminuer de moitié, on serait à 30 milliards de Fcfp de dépenses donc on aurait pas besoin de faire ces nouvelles taxes ».