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Moetai Brotherson : « Ce n’est pas le Tavini qui imposera l’indépendance, ce sont les Polynésiens qui choisiront d’y aller »

Moetai Brotherson : "Ce n'est pas le Tavini qui imposera l'indépendance"

TNTV : C’est donc une vague bleue qui a déferlé au 1er tour de ces Territoriales sur la Polynésie; On imagine votre satisfaction.
Moetai Brotherson :
« Oui c’est une grande joie. Je voudrai d’abord remercier tous ceux qui sont allés voter, tous les partis qui se sont engagés dans ce 1er tour et toutes nos équipes qui se sont données à fond sur le terrain depuis le début de la campagne. »

TNTV : Vous imaginiez remporter autant de communes ?
Moetai Brotherson : « On avait fait les calculs. Moi je suis un passionné de mathématiques donc on avait fait les calculs avant l’élection et ça correspond à peu près aux projections qu’on avait réalisées. »

TNTV : Comment est-ce que vous analysez ces résultats ? Certains y voient un vote sanction contre le Tapura, dont vous auriez bénéficier, le résultat d’une division autonomiste ou est-ce au contraire une volonté de changement qui s’exprime ?
Moetai Brotherson : « Nous, ce que nous avons entendu dans toutes les rencontres que nous avons pu faire, dans nos meetings, c’est réellement une volonté de changement. Il y a aussi, c’est vrai, une partie de votes sanction, mais je ne pense pas que ce soit le facteur déterminant. »

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TNTV : Le parti d’Edouard Fritch insiste lui sur le fait que les votes des autonomistes étaient majoritaires hier par rapport à ceux des independantistes. Il appelle à l’union des autonomistes. À votre sens, le clivage autonomie / indépendance, ce sera l’enjeu majeur du second tour ?
Moetai Brotherson : « Non, ce ne devrait pas être l’enjeu majeur de ce second tour. L’enjeu devrait être réellement l’avenir de notre société, l’avenir de la Polynésie. Ensuite chaque parti a son identité, chaque parti a son ADN mais je crois que le président actuel fait une erreur de comptabilité. »

TNTV : C’est-à-dire ?
Moetai Brotherson : « C’est-à-dire qu’il a oublié que le parti Amuitahira’a est un parti souverainiste et pas un parti autonomiste. »

TNTV : Vous êtes la carte maitresse du Tavini Huiraatira. Pour apaiser les questions autour de l’indépendance et élargir votre électorat, clairement, vos velléités pour l’accession à l’indépendance, est-ce qu’elles vont guider vos choix, vos actions si vous devenez président ?
Moetai Brotherson : « Notre volonté d’accéder à l’indépendance à terme, d’abord elle est conditionnée par le choix des Polynésiens. Ce n’est pas le Tavini qui imposera l’indépendance, ce sont les Polynésiens qui choisiront d’y aller ou pas. En revanche, l’indépendance pour nous ça reste un guide parce que ça nous oblige à penser autrement. Ça nous oblige, à chaque fois qu’on prend une décision, à se poser la question de « est-ce que ça va aller dans le sens d’une plus grande dépendance ? » ou est-ce que ça va nous permettre de franchir des palliers qui vont nous rendre de moins en moins dépendants ? »

TNTV : Est-ce que vous êtes en accord sur la question avec Oscar Temaru qui lui, disait qu’il voulait aller vite ? Il ne s’en cache pas. Vous, sur le processus de l’indépendance, comment est-ce que vous voyez cette question ?
Moetai Brotherson : « Le processus d’autodétermination, avant de parler d’indépendance, est un processus qui est calé par les lois internaitonales, qui doit être fait sous l’égide des Nations unies. C’est pour ça qu’on a été rénscrits en 2013, donc ce n’est pas quelque chose qu’on peut précipiter. On peut évidemment souhaiter que ça arrive demain et je pense que tous les indépendantistes aimeraient que ça arrive demain mais nous sommes des gens pragmatiques, des gens réalistes, on sait bien qu’il faut le préparer. »

TNTV : Concrètement, ça se manifesterait comment ? Sur 5, 10, 15 ans ? Comment est-ce que vous voyez ce processus ?
Moetai Brotherson :
« Tout va dépendre du dialogue qu’on va pouvoir établir avec l’Etat et des discussions qu’on va pouvoir avoir avec les autres composantes de la vie politique polynésienne parce qu’encore une fois ce n’est pas quelque chose qui se décide uniquement au niveau du Tavini. »

TNTV : L’Etat avec qui vous serez obligé de travailler sur cette question. Est-ce que vous n’avez pas peur qu’il y ai des tensions ?
Moetai Brotherson :
« Non. je ne vais pas vous les montrer, mais j’ai reçu des messages de félicitations de Paris donc je ne pense pas que l’Etat soit dans une volonté de couper les robinets, ou de ne pas discuter avec les indépendantistes. Je pense qu’ils ont compris qu’on était des gens raisonnables avec lesquels on peut travailler. »

TNTV : Je reviens sur les propos d’Oscar Temaru sur notre plateau la semaine dernière. Je cite : « L’Etat français est un partenaire privilégié et historique voué à le rester ». C’est une première en terme de discours d’Oscar Temaru, du chef de file indépendantiste. Est-ce aujourd’hui une vision partagée par tous les membres du Tavini Huira’atira ?
Moetai Brotherson :
« Il doit bien y avoir deux ou trois illuminés qui pensent autrement encore quelque part. Mais l’immense majorité des gens du Tavini savent très bien comment fonctionne le monde, comment fonctionne la géopolitique mondiale. Et quand Oscar Temaru parle de partenariat, il parle de partenariat d’égal à égal, plus de cette relation complètement asymétrique qu’on a aujourd’hui. »

TNTV : On en vient à ce mot qui guide votre programme, « le respect » ?
Moetai Brotherson :
« Tout à fait. C’est essentiel pour nous : respecter l’Etat et également que l’Etat nous respecte. »

TNTV : Et comment il va guider le programme du parti en cas de victoire ? Quelles mesures seront proposées ?
Moetai Brotherson :
« Elles sont détaillées dans notre profession de foi, elles sont détaillées dans un programme qui fait une quarantaine de pages. Elles sont évidemment orientées vers le respect, ensuite il y a le soutien à la population qui aujourd’hui a des difficultés tout simplement à faire ses courses ou à manger, à se loger. Donc on a un certain nombre de mesures là dessus et puis il faut développer ce pays parce que c’est en développant ce pays, en créant de l’emploi qu’on va arriver finalement à tirer notre société vers le haut et par effet mécanique, d’avoir moins besoin de soutenir puisqu’on aura développé. »

TNTV : Si vous l’emportez, vos relations avec l’Etat, vous restez apaisé à ce sujet-là ?
Moetai Brotherson : « Je n’ai aucun problème. En tant que député, ça fait des années que je fonctionne avec l’Etat. Je les connais tous les ministres actuels, je les ai tous pratiqué et je ne suis pas un excité du bocal. je suis quelqu’un d’assez calme. »

TNTV : Le Tavini a dirigé le Pays de 2004 à 2013. Dans le cadre d’une alliance, on se rappelle de l’UPLD, l’instabilité politique était permanente. Là, si vous êtes élus, vous dirigerez le Pays seul, ou bien vous comptez peut-être faire des alliances ?
Moetai Brotherson : « Il ‘y aura pas d’alliance au second tour puisque, on l’a annoncé dès le départ, le Tavini va aller seul jusqu’au bout de cette élection. »

TNTV : Vous partez seul et vous espérez remporter cette victoire seul le 30 avril ?
Moetai Brotherson : « Oui on pense remporter cette victoire le 30 avril. En revanche on a déjà annoncé que le gouvernement que je mettrais en place sera un gouvernement d’ouverture. Il y aura un ministère qui sera réservé à la minorité. Et dans le fonctionnement qu’on va instaurer à l’assemblée de Polynésie également on va changer les choses. »

TNTV : Ce gouvernement, est-ce que vous le dévoileriez avant le 30 avril ?
Moetai Brotherson : « J’ai déjà révélé qui sera la vice-présidente, Eliane Tevahitua. Sur l’ensemble des ministères, il y en a encore deux ou trois sur lesquels les personnes n’ont pas encore répondu. Il y a celui qui est réservé à la minorité. Je peux vous donner un exemple sans vous donner de nom, et ça va nous changer, le ministère des Grands travaux et de l’Equipement, il a 29 ans, il est diplômé des plus grandes écoles et il a une expérience à l’international. Voilà c’est un petit changement. Ça va faire du bien. »

TNTV : On en saura plus un peu plus tard dans cette campagne. Quelle sera votre première priorité en cas de victoire ?
Moetai Brotherson : « La première priorité sera de remercier les Polynésiens évidemment, et ensuite de supprimer cette TVA sociale mais pas comme certains l’avaient annoncé, au premier conseil des ministres. Il faut faire cela de manière étagée, de manière raisonnable. En même temps, réformer notre fiscalité qui aujourd’hui est très inéquitable, pour faire en sorte qu’elle soit plus équitable. »

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