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Moetai Brotherson : « l’indépendance ne sera jamais imposée »

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Moetai Brotherson : « l’indépendance ne sera jamais imposée »

TNTV : Vous êtes en tête de la section 4 pour le Tavini Huiraatira mais également le candidat du parti indépendantiste à la Présidence du Pays en cas de victoire. Pensez-vous incarner le rajeunissement du parti ?
Moetai Brotherson : « Je pense que le rajeunissement a déjà été annoncé lors des législatives. On a quand même placé le plus jeune député de l’histoire de la République. On avait déjà fait le plus jeune sénateur de la République, en 2008, avec Richard Tuheiava, donc ce n’est pas une nouveauté au Tavini de mettre les jeunes en avant. Ce n’est pas du jeunisme mais c’est réellement croire en la jeunesse. Sur la liste que nous avons déposée, nous avons beaucoup de jeunes à des places éligibles. Nous avons voulu mettre la jeunesse en avant, parce qu’on y croit. Cette décision de me placer candidat à la Présidence…c’est vrai qu’au début il y a eu un peu des grincements. C’est normal dans la vie d’un parti qui est né en 1977. Les choses évoluent. Il faut parfois un peu bousculer les lignes. C’est ce qui a été fait mais avec tout de même beaucoup de respect. »

TNTV : On a vu le remplacement de Éliane Tevahitua sur la liste du Tavini. Aujourd’hui, les choses se sont apaisées ?
Moetai Brotherson : « Les tensions se sont apaisées. Des personnes de qualité comme Éliane Tevahitua, on peut les retrouver à l’assemblée mais aussi au gouvernement. »

TNTV : Vous avez affirmé lors du Congrès du Tavini Huiraatira que vous serez le président de tous les Polynésiens en cas de victoire et qu’il faudra travailler avec le gouvernement central. Allez-vous aborder la question de la pleine souveraineté de Maohi Nui d’une autre manière ou maintenir le même cap ?
Moetai Brotherson : « Le cap est toujours le même et la méthode pour y arriver est celle qui est inscrite dans le statut du Tavini depuis 1977, à savoir l’accession à la pleine souveraineté par tous les moyens démocratiques et légaux, sans aucune violence. Donc l’indépendance ne sera jamais imposée, ce sera un choix que les Polynésiens feront, ou ne feront pas, à l’issue d’un processus d’autodétermination. C’est ce pourquoi nous nous sommes battus aux Nations Unies. C’est ce pourquoi nous avons obtenu la réinscription -de la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser, Ndlr- en 2013. Il ne manque à la table des négociations, depuis 2013, que l’Etat qui se réfugie derrière le fait que l’exécutif polynésien n’est pas Tavini Huiraatia. Demain, quand nous gagnerons ces élections, l’Etat n’aura plus cet argument. Mais encore une fois, il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit mais de mettre en place un processus équilibré d’autodétermination. Nous n’allons pas demander à l’ONU l’indépendance. »

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TNTV : Cela passera par un référendum….
Moetai Brotherson : « Il y aura forcément un acte d’autodétermination à la fin de ce processus et ce sont les Polynésiens qui choisiront. »

TNTV : Parlons de votre programme. Quels en sont les grands axes ?  On parle de logement, de la lutte pour le pouvoir d’achat et d’emploi…
Moetai Brotherson : « Plutôt que de faire la liste du Père Noël, nous avons voulu avoir un programme qui soit structuré autours de trois mots importants : faatura, le respect, faaora, soutenir et faatupu, bâtir. C’est vraiment autour des ces 3 concepts que nos avons articulé l’ensemble de nos mesures. Et le premier mot est très important, car je crois qu’aujourd’hui, la crise n’est pas qu’économique. C’est avant tout une crise de respect.  Nous avons vu ces derniers mois, ces dernières années, le gouvernement manquer de respect au peuple. Nous avons vu le gouvernement manquer de respect à l’assemblée, avec un président qui insulte les représentants. Ce n’est plus possible. Il faut aussi, au sein de l’assemblée, que l’on retrouve une forme de respect. Il faut que la minorité soit représentées dans toutes les commissions, internes et externes, dans tous les conseils d’administration. Certaines listes préconisent une diminution du nombre de représentants. Je ne crois pas que les Polynésiens cherchent réellement une diminution du nombre des représentants. En revanche, ils veulent que les représentants bossent. Aujourd’hui, 95% des textes qui sont examinés à l’assemblée sont issus du gouvernement. L’assemblée est réduite à être une chambre d’enregistrement. Nous voulons qu’il y ait, demain, 50% de textes qui soient issus de l’assemblée. Cela veut dire une assemblée qui bosse. »  

TNTV : Envisagez-vous une réforme de la fiscalité, taxer davantage les plus riches ?
Moetai Brotherson : « Il y a une réforme de la fiscalité qui est obligatoire. Le tissu économique, le contexte mondial, ont évolué. Nous avons un système fiscal qui est inéquitable avec une majorité de taxes indirectes et très peu de taxes directes, donc progressives et proportionnelles. Il faut rééquilibrer ça. Notre volonté n’est pas de taxer les riches. On n’a pas cette culture un peu franchouillarde qui consiste à détester les riches. Les personnes qui ont travaillé dur toute leur vie et qui ont bâti de grandes sociétés sont des personnes respectables et des Polynésiens qui aiment leur pays. Le message que nous leur envoyons, c’est de dire : ‘nous voulons vous donner la possibilité, au travers de la fiscalité, de faire plus d’investissements productifs’. »

TNTV : Avez-vous, comme certaines listes, l’intention de supprimer la TVA sociale ? Vos projets rejoignent parfois ceux d’autres listes. Qu’est-ce qui fait la différence, finalement, entre vous et les autres ?
Moetai Brotherson : « J’ai toujours dit : ‘une bonne idée n’a pas de couleur’. Sur la TVA sociale, je crois que toutes les listes sont d’accord sauf une, celle qui l’a mise en place. Qu’est ce qui fait la différence ? Demain, les professions de foi vont être distribuées, il y aura des meetings où chacun ira détailler les programmes. Mais au-delà du programme, il faut aussi se poser la question de savoir qui va porter ce programme demain, qui va mener le gouvernement. C’est un élément déterminant. »

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