Les membres du gouvernement ont pris les premiers la parole ce mardi devant la 4e commission de l’Assemblée générale des Nations unies, chargée des questions de décolonisation.
Edouard Fritch a rappelé qu’il avait été élu, lui représentant d’un parti autonome, de manière « démocratique », par la majorité de la population. « La Polynésie n’est pas une colonie qu’il faut décoloniser. (…) Aujourd’hui, vous devez accepter le fait démocratique que mon peuple n’a toujours aucun désir d’indépendance », a-t-il déclaré. Les indépendantistes estiment de leur côté que l’élection n’a pas été si démocratique.
Le président de la Polynésie se questionne sur « l’intérêt social, éducatif, culturel », pour son « peuple de rester inscrit sur la liste des pays à décoloniser ? « Il en appelle à ses « amis du Pacifique » afin qu’ils soutiennent sa position. « Mon pays est membre du Forum des Iles du Pacifique et qu’à ce titre, il est incohérent de dire, ici devant l’ONU, que mon pays est à décoloniser alors que vos états respectifs que vous représentez, me considèrent comme leur égal. »
Concernant les ressources de la Polynésie, Georges Moarii, mareyeur, s’est également exprimé devant la commission. Il estime que « la France accompagne la Polynésie dans le développement de ses ressources (…) Il n’y a pas de confiscation de ressources mais bien un partenariat avec l’Etat français. (…) Les Polynésiens ne sont pas colonisés. Les Polynésiens sont souverains sur leurs ressources naturelles. »
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Le nucléaire, au coeur des interventions
Lana Tetuanui a rappelé la reconnaissance fait nucléaire par la France, les avancées concernant l’indemnisation des victimes du nucléaire et le travail de mémoire qui est effectué.
Le nucléaire justement. Du côté des des « pétitionnaires » de la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU, Hinamoeura Cross, 31 ans, a choisi de s’exprimer en français : « j’ai 31 ans. je vais m’exprimer devant vous en langue française car je souhaite m’adresser directement à l’Etat français. Je suis ici pour dénoncer les tirs nucléaires perpétrés par l’Etat français en Polynésie. Tirs que j’ai connus jusqu’à mes 7 ans et dont mon peuple et moi subissons encore les conséquences. Dans ma famille, toutes les femmes ont un problème de thyroïde. (…) Pendant des années, j’ai été suivie de près et je n’avais rien. Je me sentais chanceuse de ne pas être touchée par cela. Et à mes 25 ans, on m’a diagnostiqué une leucémie. Là, le monde s’est écroulé. En fait, dans la famille, j’avais la pire maladie. (…) pendant 6 ans, j’ai caché cette maladie. La peur et la honte me rongeaient. »
La jeune femme raconte que c’est la plainte déposée par le Tavini pour crime contre l’humanité, qui l’a poussée à se documenter sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie. Elle explique vouloir « lever le voile » sur les victimes indirectes des essais nucléaires.
La vidéo de son intervention, publiée sur les réseaux sociaux, a été partagée plus de 270 fois en seulement une heure.