Tahiti Nui Télévision : Le budget 2024 du CHPF n’a toujours pas été adopté. Est-ce normal ?
Cédric Mercadal, ministre de la Santé : « Je connais l’implication de Mireille dans le CHPF. Elle le vit, elle le pense et c’est quelqu’un que j’apprécie, avec qui on a beaucoup de dialogue. Les pouvoirs publics soutiennent l’hôpital et on va mettre de l’argent, on en a déjà mis via la Protection sociale généralisée. On va encore en mettre via le budget et le collectif qui va arriver. C’était annoncé et c’est ce qui se fera. Le budget sera voté le 2 février. C’est ce qui est prévu, au conseil d’administration. »
TNTV : Le personnel s’inquiète. A-t-il raison de s’inquiéter aujourd’hui ?
Cédric Mercadal : « Non, je ne pense pas. Mais je suis prêt encore à les entendre, à les écouter pour en discuter. Je laisse le travail de lien avec eux à la directrice, mais mes portes sont toujours ouvertes. »
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TNTV : Les arrêts de travail représentaient plus de 3 milliards de francs en 2019, 5 milliards en 2021. À quel point ça pèse sur les comptes ?
Cédric Mercadal : « Ça pèse sur les comptes, nécessairement. Quand on parle d’arrêt de travail, on parle de la garantie que l’on donne à tout un chacun d’avoir un paiement de son salaire pendant qu’on est malade. C’est de ça dont on parle, ce sont les cotisations et la contre-partie des cotisations aussi. Jouer sur les arrêts de travail aujourd’hui via une application, ça va permettre une chose en plus. Ça va permettre de simplifier les choses quand on est au fond de son lit parce que malade, dans son lit, on peut l’envoyer directement à son employeur. Mais ça permet surtout de connaitre les causes de cet arrêt de travail parce que le médecin aujourd’hui va saisir la cause de l’arrêt, la cause de la pathologie et on pourra détecter au mieux le pourquoi des arrêts de travail. »
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TNTV : Et à terme est-ce que ça permettrait de lutter contre les abus ?
Cédric Mercadal : « Des abus, il y en aura toujours. Tout le monde le sait. Il faudra une vraie politique de contrôle que soit mise en parallèle. Pour autant, elle permettra de connaitre les causes de ces arrêts. Et c’est là que nous allons mettre les politiques de santé nécessaires qui permettront de réduire sur le fond les arrêts de travail et leur cause. »
TNTV : Puisqu’on parle de santé, on parle aussi des comptes sociaux. Où en est la réforme de la PSG annoncée par les gouvernements successifs depuis 15 ans ?
Cédirc Mercadal : « C’est une chose à laquelle il faut s’atteler. On avait annoncé qu’il faut d’abord établir le budget de la CPS pour 2024 et que nous allons avancer ensemble. Le président, lors de ses vœux à l’ensemble des partenaires et au Cesec, a indiqué la méthodologie que nous allions adopter, qui est celle du dialogue, des travaux de partenariat avec les partenaires sociaux, les associations et l’ensemble de la société civile pour évoluer petit à petit. Un calendrier a été établi sur lequel j’ai déjà travaillé. La première réunion de travail a eu lieu le 16 janvier avec le président du conseil d’administration de la CPS, et le président du conseil stratégique de la protection sociale. Une lettre va partir à l’ensemble des partenaires pour qu’ils donnent leur avis sur ce calendrier de réforme. Une thématique par mois, un projet qui sera présenté, des idées qui seront récupérées sur la thématique auprès de chacun des partenaires intéressés à la thématique, et on avancera ensemble dans le dialogue. L’équité, la justice, sont les maitres mots de cette protection sociale renouvelée. »
TNTV : Et il sera bien sûr question de financement. Avez-vous déjà aujourd’hui une idée de comment pallier le manque à gagner lié à la suppression de la TVA sociale ?
Cédric Mercadal : « Le financement est une vraie question parce qu’aujourd’hui, on peut assister à l’augmentation très importante du coût de la maladie par exemple. On ne va pas le cacher. Mais elle doit s’accompagner de la politique de la réforme fiscale qui est menée par mon confrère, le ministre de l’Économie et des Finances, Tevaiti Pomare avec qui je travaille conjointement. Ces deux réformes qui seront parallèles, mais qui seront à des moments interdépendantes puisque les partenaires en parleront, eux aussi, de l’autre côté, nous allons travailler sur les prestations et sur les capacités à financer certaines choses ensempble au regard des cotisations. »
TNTV : À quand la réforme ? Quand est-ce que la réflexion sera terminée ?
Cédric Mercadal : « Vous aurez tous les mois la réforme. Pour moi, il y a une réforme par mois sur une thématique précise. Quand je l’ai annoncé aux partenaires, ils m’ont dit que c’était ambitieux mais ce sont des choses sur lesquelles tout le monde est d’accord en fait. La plupart des partenaires que je connaissais par ailleurs voulaient voir ces dossiers avancer. Donc une réforme sur chacun de ces dossiers permettra de faire avancer les choses. »
TNTV : Tout le monde est d’accord sur le fait que l’offre de soins doit être améliorée. Et justement, à ce propos, votre gouvernement a annoncé l’intégration du premier docteur polynésien en médecine nucléaire au sein de l’institut du cancer en 2025. Il y a débat autour de l’emplacement de cet institut. On parle du domaine princesse Heiata mais aussi du CHPF, de le mettre au sein du CHPF. Quel est l’avis du Pays sur cette question ?
Cédric Mercadal : « Le nucléaire est au cœur de l’action gouvernementale pour les raisons qu’on connait. On sait très bien que le fait nucléaire et la question du nucléaire touchent intimement à ce gouvernement. Et de l’autre côté, on a aujourd’hui un moyen, via la médecine nucléaire, de mieux soigner les cancers. Ce sera intégrer l’ensemble au sein de l’ICPF parce que c’est une question de logique. Il faudra faire de la recherche au sein de l’ICPF mais il faudra prendre aussi les maladies et le traitement de leurs maladies. Je suis ravi que le médecin polynésien revienne et collabore avec nous dans l’intégration. On lui avait fait une promesse d’embauche, on va l’aider à pouvoir aller en Australie, et quand il reviendra en 2025, il pourra s’installer. »
TNTV : Taote Reichart intègrera donc l’ICPF. Il milite également pour l’acquisition d’un cyclotron en complément du Tep scan. Sous l’ancien gouvernement, l’acquisition d’un nouveau Tep scan était annoncée mai 2023 et celle d’un cyclotron, mi 2025. C’est toujours d’actualité ?
Cédric Mercadal : « C’est toujours d’actualité. Les Tep scan, cyclotron, sont toujours en cours d’acquisition. Il faudra juste avoir un endroit où accueillir le cyclotron en 2025. Et c’est pour ça qu’on avait choisi de changer d’endroit parce que construire un bâtiment à Princesse Heiata ne va pas mettre un an ou deux, va mettre plusieurs années. On a vu avec le pôle de santé mentale : il a fallu quasiment 12 ans pour sortir un bâtiment de terre. L’endroit du centre 15 que l’on connait tous, la rotonde, qui est juste à côté du CHPF, permet d’accueillir ce cyclotron pour pouvoir installer l’institut du cancer et la médecine nucléaire. »
TNTV : L’institut Mathilde Frébault va rouvrir ses portes en septembre. Comment cette réouverture s’organise-t-elle ?
Cédric Mercadal : « On est en pleins travaux pour désamianter le bâtiment. Néanmoins, ça ouvrira fin septembre, vers le 20 septembre ça devrait ouvrir. On pourra accueillir 15 infirmiers, 15 aide-soignants pour la première promo et on essaie de les avoir dans les locaux. À défaut, on a trouvé des salles, on a lancé un appel d’offres (…). »
TNTV : Autre sujet de l’actualité, la fameuse guerre des pharmacies à Bora Bora. Elle oppose la pharmacie historique à une nouvelle officine tenue par un enfant du fenua. Malgré l’aval du Pays, ce dernier se heurte à la règlementation en vigueur. Va-t-elle être modifiée ?
Cédric Mercadal : « On est en faveur du retour des Polynésiens. Vraiment, c’est le fer de lance de notre politique. Tout ce que l’on peut faire pour les faire revenir, on le fait. On va faire appel déjà de la décision qui a été posée par le tribunal il y a peu. On avait donné l’autorisation le 7 juin. J’avais donné cette autorisation. Il faut savoir que l’Arass, la directrice régionale de l’agence sanitaire est allée défendre en nom propre, directement, l’installation et le besoin sanitaire à Bora Bora puisque c’était nécessaire d’avoir une deuxième officine. Le juge a tranché d’une certaine façon pour refuser, mais pour autant il nous a donné des éléments pour modifier notre règlementation et permettre cette installation que nous voulons au plus vite. »