TNTV : Dans plusieurs communes, ce week-end, Matari’i i Raro, l’entrée dans la saison de la disette, est célébrée dans la foulée de Matari’i i Ni’a, la saison de l’abondance. Arue fête aussi ce changement de période. C’est important selon vous de connecter les gens à ces traditions, à leur culture ?
Teura Iriti : « Tout à fait. A Arue, cela va faire la quatrième année que nous célébrons Matari’i i Raro (en mai, Ndlr) et Matari’i i Ni’a au mois de novembre. Il est bon pour la jeunesse de transmettre un peu le savoir-être et le savoir-faire de nos tupuna. Nous avons, au sein du conseil municipal, un adjoint, monsieur Jacky Bryant, qui y met vraiment du cœur pour transmettre toute cette panoplie de nos tupuna pour que nos enfants puissent en bénéficier. Depuis mardi matin, nos personnes des quartiers sont allées au planétarium de Proscience pour voir un peu comment cela se passe. Hier soir, nous avons eu cette célébration de Matari’i i Raro dans les jardins de la commune, notamment devant le paepae que l’on connaît si bien. Aujourd’hui, nous avons eu le Heiva Tu’aro pour nos jeunes des quartiers. Demain matin, on fera une petite randonnée à Aneane et on clôturera demain soir. J’invite tout le monde à venir à Outu’ai’ai, au temple protestant de Arue. Nous regarderons les étoiles avec quelqu’un qui va nous guider et qui va nous apprendre beaucoup de choses quant aux étoiles qui nous entourent ».
TNTV : Revenons à la politique. Les deux premières séances de l’Assemblée présidées par Antony Géros ont été ouvertes par des prières. Le président du Tapura Edouard Fritch a déclaré qu’il comptait lui envoyer un courrier pour que cela cesse. Mais hier soir, ici à votre place, Antony Géros a indiqué qu’il continuerait. Qu’en pensez-vous ?
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Teura Iriti : « La prière, c’est aussi, on dirait, une coutume, puisque nous sommes des chrétiens. Ce qui est important, pour moi, c’est ce qu’attend la population du nouveau gouvernement. Il y a bien des dossiers qui l’attend, donc je leur souhaite bien du courage. Nous serons là pour apporter, s’il le faut, notre contribution, s’ils veulent bien l’accueillir (…) Il faut se mettre au travail ».
TNTV : Sur 165 commissions extérieures, l’opposition Tapura s’en voit attribuer moins de 10. Edouard Fritch parle de mépris. Vous attendiez-vous à plus d’ouverture ?
Teura Iriti : « Il est vrai que, dans leur allocution, on avait l’impression qu’ils allaient travailler avec nous, main dans la main. Cela dit, nous sommes une petite minorité. Ce sont aussi de nouvelles personnes qui découvrent l’Assemblée. Ils ont besoin d’être dans ces commissions. Ce que nous comprenons. Mais notre groupe peut aussi beaucoup apporter puisque nous avons plusieurs représentants qui ont une expertise dans tel ou tel domaine et qui pourront épauler et accompagner les projets à venir ».
TNTV : Antony Géros a assuré que les débats à l’Assemblée s’exerceront librement pour réconcilier la population avec le monde politique. Cette prise de distance de la population avec les politiques, pensez-vous que le Tapura en a fait les frais lors des dernières élections ?
Teura Iriti : « On doit effectivement en tirer les leçons. Nous sommes à un moment où nous nous restructurons, nous nous remettons en question. C’est la démocratie et cela ne peut que faire du bien aussi. Ceux qui ont regardé de l’extérieur vont être confrontés à la réalité. Je pense qu’Antony Géros fera de son mieux puisque, depuis longtemps, il est au sein de l’Assemblée. Il connaît ses rouages. J’espère vraiment qu’il y aura un débat, avec beaucoup d’humilité surtout (…) Il faut se mettre au boulot ».
TNTV : Le président Moetai Brotherson a dévoilé vendredi les grands axes de sa politique, notamment l’autonomie alimentaire, la prévention de la santé, la déconcentration des activités économique au sud de Tahiti. Qu’en pensez-vous ?
Teura Iriti : « Ce sont des sujets qui ont déjà été évoqués. On a déjà commencé à travailler dessus. Je remercie d’ailleurs notre gouvernement précédent, notamment le ministre de l’Agriculture qui s’y est mis à bras le corps. Merci pour la continuité et j’espère vraiment que tous ces dossiers pourront aboutir ».
TNTV : Et le style Brotherson, le fait qu’il ne parle pas systématiquement d’indépendance mais de développement socio-économique. Est-ce que cela ne vous déstabilise pas au sein du Tapura ?
Teura Iriti : « Je dirais que c’est une nouvelle génération qui arrive. Nous avons connu Oscar Temaru avec son indépendance. Aujourd’hui, la nouvelle génération arrive. C’est vrai qu’il y a eu un peu d’amalgames. Mais nous l’avons bien entendu lors de son discours, la semaine dernière, qu’il allait continuer avec la France. J’espère que ce qu’il dit va se réaliser. Mais l’amalgame est toujours là. On est parfois un peu surpris, sur certain discours. Mais je pense que la page est tournée. Il faut faire confiance à ce nouveau gouvernement. Ils ont 5 ans pour montrer ce qu’ils savent faire. On en reparlera, et le peuple parlera encore ».