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Teva Rohfritsch : L’Azerbaïdjan veut « régler » ses « comptes » avec la France en « nous utilisant »

Le sénateur Teva Rohfritsch était l'invité du journal de TNTV, ce jeudi soir.

Teva Rohfritsch : L’Azerbaïdjan veut « régler » ses « comptes » avec la France en « nous utilisant »

TNTV : Le nouveau Premier ministre a enfin été nommé. Michel Barnier, est issu de la droite.  Avec ce choix, Emmanuel Macron a-t-il selon vous respecté la volonté des Français ? 

Teva Rohfritsch : « D’abord, je crois qu’on s’accorde tous à dire : ‘enfin’. Ça fait 60 jours que les élections sont passées, 51 depuis la démission de Gabriel Attal. La tâche n’a pas été facile (…) Les trois blocs continuent de s’affronter, même en dehors de l’Assemblée nationale, et c’est une équation qui a été difficile de résoudre. C’est vrai que spontanément, on aurait pu penser que quelqu’un du Nouveau Front Populaire soit nommé. Mais il aurait été censuré tout de suite, et peut-être que le président de la République aurait pu reprendre l’initiative derrière. Il a cherché à trouver la personne idoine qui, nous l’espérons tous maintenant, parce que c’est dans l’intérêt de tous, au-delà de nos clivages politiques, que ce gouvernement tienne le maximum de temps possible. Il y a un budget à voter. On nous annonce une rigueur sur le budget 2025, donc nous serons vigilants sur ce sujet. Et il y a tout un tas de dossiers urgents de la Polynésie française qu’il me tarde de porter à Paris ». 

TNTV : Qui dit nouveau Premier ministre, dit nouveau gouvernement et nouveau ministre en charge des Outre-mer. Avez-vous été approché pour occuper ces fonctions ? 

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Teva Rohfritsch : « Non, pas du tout. En tout cas, on ne m’a pas contacté. Mais c’est gentil de penser à moi ». 

TNTV : Vous êtes également commissaire aux Finances au Sénat. Le vote du budget approche, vous l’avez abordé. Michel Barnier a une grande expérience en politique, mais pensez-vous qu’il sera attentif aux besoins des Outre-mer, et plus particulièrement à ceux de la Polynésie ? 

Teva Rohfritsch : « Pour ma part, je l’ai déjà rencontré il y a quelques années lorsqu’il était commissaire européen, notamment sur les questions des PTOM, des pays associés à l’Europe. C’est quelqu’un d’une grande écoute, quelqu’un de très calme aussi, et que j’ai trouvé particulièrement compétent et avec une bonne connaissance de nos territoires du Pacifique. Donc j’ai envie de vous dire, ces cases-là, elles sont cochées pour moi, en tout cas aujourd’hui. La plus grande difficulté pour lui, ça va être de trouver un gouvernement qui puisse tenir avec ces trois blocs qui s’affrontent à l’Assemblée nationale. Et puis j’espère qu’on pourra surtout se mettre au travail rapidement, parce qu’il y a beaucoup de dossiers urgents qui nous attendent. Et cette rigueur budgétaire, je ne veux pas qu’elle se fasse au détriment de nos Outre-mer, et du Pacifique en particulier ».

TNTV : En dehors du budget, vous souhaitez solliciter la solidarité nationale, notamment sur les questions de la cherté de la vie, du logement ou encore du pouvoir d’achat. Quelle est votre marge de manœuvre sur ces questions depuis le Sénat ? 

Teva Rohfritsch : « Dans le débat budgétaire, effectivement. Mais avant cela, je pense aussi demander un rendez-vous à Moetai Brotherson et à Warren Dexter, notre ministre de l’Économie et des Finances, parce que même si on n’est pas d’accord sur l’indépendance de la Polynésie, il faut quand même qu’on s’accorde sur les dossiers urgents. Et je souhaite rencontrer bien sûr le Premier ministre et puis les ministres qu’il va nommer. Nous aurons le débat au Parlement, parce qu’il y a des priorités, des urgences pour la Polynésie française. Il nous appartient de les porter. Il y a les sujets que vous avez évoqués. Il y a aussi ceux de la protection sociale généralisée, celui de la réforme du CGCT qui est attendu par nos maires. Donc, nous avons beaucoup de choses à évoquer avec le nouveau gouvernement. Mais la priorité, encore une fois, ça va être ce PLF, ce budget 2025, où il est important que la solidarité nationale s’exprime aussi pour baisser le coût de la vie en Polynésie, quand bien même, nous sommes autonomes ». 

TNTV : Votre actualité parlementaire, c’est aussi la commission d’enquête, dont vous êtes membre, sur les influences étrangères. Votre rapport est public depuis quelques jours. Ce mercredi, le ministère des Affaires étrangères a déconseillé aux ressortissants français de se rendre en Azerbaïdjan. Ce pays entretient des liens étroits avec le Tavini Huiraatira. Que pensez-vous de ce positionnement de la France ? 

Teva Rohfritsch : « Je pense, qu’effectivement, il est temps que la France prenne davantage position sur ses influences étrangères qui sont patentes aujourd’hui dans le pays. On parle de l’Azerbaïdjan et on le voit dans tous les Outre-mer, d’ailleurs. Ils œuvrent dans les Antilles, en Calédonie, ici en Polynésie française, et très certainement en Guyane et à La Réunion. C’est une attaque peu masquée, d’ailleurs, contre la France. Le rapport que nous avons rendu avec le président Dominique de Legge, mon collègue sénateur, et Rachid Temal, qui en est le rapporteur, comporte 47 recommandations très larges qui vont jusqu’à la sensibilisation de nos populations et la mise en garde aussi sur les informations qui sont diffusées dans les médias. Pourquoi ne pas mettre en place un passe médias pour les jeunes pour apprendre à mieux comprendre l’actualité et la manière dont elle est traitée ? En faire une rubrique également de la journée citoyenne pour nos jeunes qui, à un moment, consacrent un petit temps à la nation. Enfin, voilà, c’est 47 recommandations, notamment vis-à-vis de l’Azerbaïdjan pour la Polynésie, mais pas uniquement. D’autres puissances essayent aussi d’influencer et d’influer sur notre vie (…) J’attire vraiment la prudence des Polynésiens sur ces puissances étrangères qui ne veulent pas notre bien, qui veulent simplement régler leur compte en nous utilisant dans ce grand jeu de puissances ». 

TNTV : On en revient sur le plan local. Que devient votre parti Ia Ora te Nuna’a ?

Teva Rohfritsch : « Merci pour cette question. On continue de s’installer. J’installe les comités dans nos communes. Les vacances sont passées, les uns et les autres sont revenus, les familles ont repris le chemin de l’école. Je tiens un conseil politique la semaine prochaine. Voilà, nous nous installons dans toutes les communes, partout où on peut, pour proposer aux Polynésiens une autre vision de la politique. En tout cas, j’appelle vraiment tous ceux qui souhaitent nous rejoindre à me contacter sur les réseaux sociaux ou autres, et puis à contacter nos représentants dans chaque commune. Mais merci. Ia Ora te Nuna’a continue, et je suis fier de pouvoir porter cette flamme avec tous ceux qui m’accompagnent, que je remercie aussi ».

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