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Un Etat fédéral en Polynésie ? « C’est vivable, c’est durable et ça existe », dit Antony Géros

Antony Géros était l'invité du journal de TNTV, ce samedi.

Un État fédéral en Polynésie ? « C’est vivable, c’est durable et ça existe », dit Antony Géros

TNTV : Lors du Congrès du Tavini, ce samedi, des candidatures pour les municipales étaient attendues : vous-même, à Paea, Tematai Le Gayic à Papeete et la surprise Emile Vernaudon. C’est officiel ou pas encore ? 

Anthony Géros : « Sa candidature a été proposée, maintenant, il y a des étapes quand même avant d’arriver à son officialisation. Il faut d’abord voir s’il remplit toujours les droits civiques nécessaires pour pouvoir figurer sur une liste candidate. Et ensuite il faut voir si le bureau directeur du parti va entériner la demande ».

TNTV : Quelle est votre position ? Favorable ou pas ? 

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Anthony Géros : « Bien évidemment, en politique, il y a ce qu’on appelle les fondamentaux de la politique et la stratégie ».

TNTV : Cette stratégie ne va-t-elle pas à l’encontre des valeurs prônées par le Tavini, notamment à cause de ses condamnations, mais aussi de ses multiples alliances avec la quasi-totalité des partis ? 

Anthony Géros : « Peut-être, mais ce qu’il faut retenir, c’est que nous restons toujours dans le droit. Et au niveau du droit, j’étais très surpris d’ailleurs qu’il ait été élu maire à l’intérieur d’une prison. Donc si on peut arriver à ces extrêmes-là, qu’on nous explique le contraire ».

TNTV On sent quand même qu’il y a un petit malaise de la part de certains autres élus, comme Tematai Le Gayic, face à cette candidature…

Anthony Géros : « Oui, certainement. Comme on dit, au niveau du Tavini Huiraatira, chacun a ses opinions, mais lorsque le parti décide, on suit derrière comme une seule voix ». 

TNTV : Oscar Temaru va-t-il se représenter à Faa’a ?

Anthony Géros : « Sans doute, oui, il me semble. Jusqu’ici, il n’a pas fait état du fait qu’il ne se représentait plus, mais je lui laisse le choix de la décision ».

TNTV : L’une de vos propositions à ce congrès est la création d’une constitution d’un Etat fédéral, une fois que l’indépendance sera acquise. Elle donnerait une autonomie plus forte à chacun des archipels. Pouvez-vous nous en parler un peu plus ? 

Anthony Géros : « En fait, ce qu’on nous a reproché, c’est que le Tavini n’était pas prêt, qu’il était exempt de constitution. Vous savez que la Constitution, c’est la loi suprême d’un pays souverain. Et donc nous avons travaillé dessus. Aujourd’hui, nous avons livré à l’ensemble des militants qui se sont regroupés à Vaitupa les éléments de cette Constitution ». 

TNTV : Le point fort, c’est donc cette autonomie des archipels…

Anthony Géros : « C’est ça. Parce que c’est une Constitution d’État fédéral avec des États fédérés. Et dernièrement, par exemple, lorsque j’ai été à Palau, c’est un pays qui a une Constitution d’État fédéral avec des États fédérés. Donc il y a 16 États fédérés pour un État fédéral et pour une population de 17 000 habitants. C’est vivable, c’est durable et ça existe ».

TNTV : Ce que vous souhaitez, c’est réduire le nombre de communes, mais par contre qu’il y ait plus de pouvoir à la tête de chaque archipel.

Anthony Géros : « C’est exactement ça. C’est pour ça qu’on a prévu de mettre en place dans ces États fédérés des institutions décisionnelles, notamment le Conseil des archipels, je ne sais plus comment on appelle ça, mais ça a un nom spécial. Et puis à côté, il y a ce que représentaient à l’époque les gouverneurs dans ce genre de Constitution qu’on va appeler un maire ».

TNTV :  Seriez-vous prêt pour financer ces institutions, qui forcément coûteraient un petit peu d’argent, à faire appel à d’autres États que la France ? 

Anthony Géros : « Quand un État est souverain, il est ouvert au monde. Et donc dans l’interdépendance de ce que représentent les 193 pays qui existent, qui sont membres de l’Organisation des Nations Unies, il y a des relations entre eux, et puis effectivement, il y a des coopérations qui se font entre eux. Oui, c’est tout à fait possible ». 

TNTV : Cela veut dire, par exemple, que la Chine pourrait financer des institutions politiques en Polynésie…

Anthony Géros : « La Chine est un pays qui est représenté à l’ONU, pourquoi pas ? ».

TNTV : Vous avez récemment accueilli, à l’Assemblée, le colloque sur la vie chère. On a vu que le MEDEF se désolidarisait des conclusions, qui n’étaient pas d’accord avec vous. Que répondez-vous aux patrons ? 

Anthony Géros : « Je vais d’abord leur dire que je vais leur adresser ma réponse, si ce n’est pas déjà fait aujourd’hui, puisque je l’ai annoncé au Congrès. En fait, c’est tout à fait normal que le positionnement du MEDEF soit celui qui m’a été annoncé par une lettre de son président. Je le redis à nouveau, je l’ai dit lors de ce colloque, il ne faut pas qu’on se mette en confrontation. Nous sommes là sur un terrain méconnu pour les élus de l’Assemblée, et donc on a eu l’appui d’un certain nombre de ressources, notamment les représentants de l’Autorité polynésienne de la concurrence, certains économistes et puis d’autres personnes expertes, qui sont venus nous accompagner pour nous faire comprendre comment, au niveau économique, les relations se faisaient et où ces relations étaient exagérées. C’est là que les préconisations ont été proposées, 10 préconisations. L’objectif des élus, c’est de faire baisser la tarification vers le bas. L’objectif de certains autres, c’est peut-être de faire baisser d’accord, mais sans perdre quand même l’intérêt qu’ils ont à rester sur le terrain économique, et c’est tout à fait normal. C’est pour ça que je leur dis que le dialogue va perdurer pour arriver à un consensus ». 

TNTV : À l’Assemblée toujours, la séance n’a pas pu se tenir ce mardi, faute de quorum. Une partie des élus de la majorité n’est pas venue. Hinamoeura Morgant-Cross a déclaré, je cite, que c’était à cause de l’éternelle bataille entre l’Assemblée et le gouvernement depuis 2023. Est-ce que c’est aussi votre analyse ? 

Anthony Géros : « Non, absolument pas. Le Tavini, à chaque fois, a été solidaire. J’ai été au gouvernement plusieurs fois, et donc on a toujours été solidaire des plus petits. Aujourd’hui, il y a deux classes qui sont actuellement en difficulté :  ceux qui n’ont pas de revenus et ceux qui ont des revenus qui sont bas. L’opportunité qui nous a été donnée de réfléchir à cette classe sociale a été justement ce problème qu’il y a eu et qui a été porté par un syndicat sur les catégories D. La proposition du Pays a été de leur allouer, au collectif, 251 millions de francs.

Une des élus de l’Assemblée a proposé de rajouter 60 millions. Et dans sa manière de présenter les choses, elle nous disait qu’en rajoutant 60 millions, on peut rajouter 5 points d’indice en plus de ce que propose le gouvernement. Mais en fait, lorsqu’on s’est réunis durant cette journée, ce n’est pas tout à fait le calcul qui nous a été donné. On nous a dit que si on mettait en place ce que propose l’opposition, on ne serait pas sur 60 millions. On serait sur 393 millions. Donc ça fait un écart. Bien entendu, ce n’est pas raisonnable de pouvoir changer du jour au lendemain comme ça »

TNTV : Et c’est pour ça que vous avez choisi de ne pas siéger.

Anthony Géros : « Non. On a discuté. Ça a pris du temps pour avoir les chiffres, pour avoir les calculs.  C’est à la fin qu’on a pris la décision de ne pas bouger les fondamentaux du collectif qui nous a été présenté. Mais on a quand même demandé au gouvernement d’essayer, dans les jours qui viennent, d’améliorer le positionnement financier qu’ils ont eu dans ce collectif ».

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