Critiqué de tous bords dès sa prise de fonction, Tevaiti Pomare n’est plus ministre de l’Économie. Moetai Brotherson lui a annoncé sa décision, ce lundi matin, à laquelle il ne « s’attendait pas », selon le président du Pays.
« Au bout d’un moment, il faut, je pense, entendre les messages que nous envoient les uns et les autres, que ce soit du côté de l’assemblée, du monde économique ou des autres institutions. On a fait le constat qu’il fallait changer (…) Je ne suis pas quelqu’un qui jette les membres de son équipe sous un bus aux moindres sollicitations externes. J’ai voulu aller au bout de ce qu’il était possible de faire », a déclaré le chef de l’exécutif qui pointe du doigt « une absence ou une faiblesse de concertation dans la préparation des dispositifs » du ministre sortant, mais aussi sa « méthode » et son « attitude ».
Jusqu’ici conseiller technique, Warren Dexter reprend le portefeuille de l’Économie, des Finances et du Budget. « La feuille de route ne change pas. C’est la méthode qui va changer. Warren, c’est quelqu’un qui a une très longue expérience dans le monde de l’administration, mais aussi dans celui de l’entreprise », a souligné Moetai Brotherson.
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« Le challenge est énorme », a confié le nouveau ministre qui n’avait pas souhaité, il y a un an, intégrer le gouvernement : « J’avais refusé parce que je suis un technicien à la base. Je n’ai pas l’âme d’un politique (…) Je vais devoir être aussi politique que technicien ».
Alors que le dialogue semblait rompu entre les représentants du patronat et son prédécesseur, Warren Dexter pense être en mesure de ramener tout le monde à la table des discussions. « Ma force, c’est que je connais beaucoup de chefs d’entreprise (…) Pour moi, ce sera facile de relancer la mécanique », a-t-il dit.
Accords de modération des prix
Il entend se fixer comme « priorité », « la lutte contre la cherté de la vie ». « Il faut absolument que l’on trouve le moyen de faire baisser les prix », a-t-il indiqué. Le nouveau ministre envisage d’ores et déjà de faire disparaitre les Produits de Première Nécessité (PPN) qui, au lieu de tirer les tarifs vers le bas, ont un « effet inflationniste, car les entreprises sur-margent sur le reste ». Lui plaide pour des « accords de modération » avec les chefs d’entreprise.
« L’idée, c’est de retirer petit à petit ces produits des PPN et, ensuite, de s’entendre avec les chefs d’entreprise sur des marges maximums, mais qui sont pour eux acceptables », a expliqué Warren Dexter avant de préciser toutefois qu’il n’avait pas la « certitude » que cette mesure serait mise en œuvre.
Autre levier d’action : l’emploi : « Il faut absolument que l’on fasse en sorte que les 50 000 exclus aujourd’hui (…) puissent avoir un emploi. Si les chefs d’entreprises ne sont pas en mesure de leur en offrir, il faut que le Pays vienne avec des mesures d’aide à l’emploi. C’est ce qui fera du pouvoir d’achat (…) et dopera l’économie ».
Même chose au sujet de l’éventuelle disparition des PPN. « Je pense que l’on ne pourra pas faire l’économie de mettre en place une aide directe pour les ménages les plus nécessiteux (…) sinon ce n’est pas viable pour les petits », a-t-il conclu