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2 ans du SIGFA : une deuxième chance pour 70% des chiens de la fourrière

Le SIGFA, une fourrière animale, mais pas seulement


S’il a des allures de refuge animal, le SIGFA est pourtant bel et bien une fourrière, rappelle son directeur Matairii Maire : « On est une fourrière parce qu’on répond à une règlementation, (…) mais rien ne nous empêche de nous inspirer des bonnes pratiques qui se font ailleurs, notamment dans les refuges, et qu’on les intègre petit à petit dans notre fourrière, à tel point que les élus ont décidé d’inscrire dans les statuts du SIGFA les piliers du bien-être animal. C’est ça qui guide notre activité ».

Le SIGFA, c’est un peu l’école de la seconde chance pour ces chiens nés dans la rue ou abandonnés par leurs propriétaires, ou encore qui se sont égarés. 227 chiens sont arrivés à la fourrière depuis son ouverture en 2022, 90 ont été adoptés et 64 d’entre eux ont été restitués : « Parmi tous les chiens qu’on a accueillis, on arrive aujourd’hui à donner une deuxième chance à plus de 70% d’entre eux. C’est-à-dire qu’une bonne part, la moitié environ, retrouve leur domicile car on arrive à retrouver les propriétaires des chiens, et pour l’autre moitié, c’est de l’adoption. Donc c’est plutôt positif ».

« Les chiens qu’on voit dans la rue valent le coup encore »

Matairii Maire, directeur du SIGFA


Parmi les 71 chiens recueillis depuis le début de l’année 2024, 21 ont retrouvé leurs propriétaires, 28 ont été adoptés et 15 sont toujours en attente d’adoption. 7 ont malheureusement dû être euthanasiés, faute de place parfois ou en raison de leur état de santé ou de leur comportement : « Cela reste toujours très dur pour nous ».

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Le SIGFA dispose d’un délai légal de 10 jours pour retrouver les maîtres : « Passé ce délai, le chien devient notre propriété. La règlementation nous autorise soit à l’euthanasier, soit à le céder gracieusement à une association de protection animale en vue de son adoption. On est parti sur ce choix-là. Et ça revient moins cher de faire adopter un chien plutôt que de l’euthanasier et de l’incinérer. Puis cela a un vrai sens pour nous. L’idée, c’est de montrer que ces chiens méritent une deuxième chance. Les chiens qu’on voit dans la rue valent le coup encore. Ce ne sont pas juste des êtres vivants anonymes. Des chiens qui sont arrivés chez nous dans un état déplorable, revivent aujourd’hui. Ils ont repris du poids, ont retrouvé un beau poil… ».

Une aire de jeux en projet

La règlementation de la fourrière impose également un suivi régulier de l’état de santé des chiens. Entre la pesée et divers soins, l’équipe veille à redonner aux animaux une confiance envers les humains. « On fait aussi de la pré-éducation canine, on leur apprend le ‘assis’, le ‘couché’, le rappel au pied… pour faciliter les adoptions, et on sort les chiens tous les jours » explique Matairii. Et le SIGFA travaille actuellement sur la création d’une aire de jeux : « Le bien-être, pour moi, commence par un toit, de la nourriture, de l’eau et de l’attention. (…) Mais on peut aller encore plus loin dans l’éducation canine et dans le mieux-être des chiens qu’on héberge. On travaille donc sur le projet de créer une aire de jeux pour les chiens, avec un parcours d’obstacles à l’instar de ce qui se fait dans les clubs canins ».

Dans leurs courettes, les chiens sont à l’abri des dangers de la rue, mais leur regard en dit long sur leur parcours de vie, souvent cabossé, leur faisant perdre confiance en l’homme. Certains sont très craintifs : « La plupart des chiens qu’on accueille au SIGFA sont adorables. Ceux qui sont un peu plus craintifs, c’est simplement dû à leur passé dans la rue, mais avec le temps, on essaie d’améliorer leur comportement pour leur possibilité d’adoption » indique Candy Herbreteau, chargée de mission du SIGFA.

« Si on amène du bien-être animal, c’est parce que les animaux ont des droits, et il faut les respecter. Cela a plusieurs vertus, car en respectant ces règles et en amenant du bien-être animal, cela permet de déstresser les chiens. Pour nous et nos agents, cela permet une bonne interaction avec eux, d’éviter le stress et donc des morsures. Quand on prend soin des chiens, on n’a pas besoin d’équipements particuliers en termes de protection » ajoute Matairii.

« S’occuper des chiens, c’est s’occuper de la sécurité dans nos quartiers »

Tous les chiens du SIGFA portent un collier, d’un part pour les habituer à leur port en vue d’une adoption, mais aussi pour les préparer en cas d’incendie ou autre accident : « On est en train de fabriquer un équipement pour pouvoir accrocher plusieurs chiens sur un même ensemble et les évacuer. On a fait venir un expert cynotechnique, également responsable de la fourrière de Arue, et un formateur spécialiste dans l’évacuation incendie pour les humains, intéressé par cette problématique, pour que l’on fabrique ensemble un moyen d’évacuation des chiens ».

Sensibiliser les jeunes à la condition animale

Parmi les autres projets de la fourrière, outre la création de cages pour accueillir plus tard les chats, sensibiliser les jeunes dans les écoles à la condition animale : « Pour nous, c’est important de toucher les enfants et les sensibiliser sur ce qu’est un chien, comment il se comporte, et ce qu’il se passe quand on en prend soin et quand on n’en prend pas soin. On va fabriquer une mallette pédagogique, créer des supports. À terme, on aimerait que la direction de l’Enseignement puisse s’approprier ce projet et créer des délégués de la cause animale ».

Des employés se rendent déjà régulièrement dans les quartiers à la recherche des propriétaires des chiens, et pour les informer « de la règlementation, sur le fait qu’à Punaauia et Paea, il y a un arrêté du maire qui interdit la divagation, le nourrissage dans la rue ».

Stérilisée depuis peu, cette chienne partira bientôt pour Tubuai où l’attend sa nouvelle famille. (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

La fourrière veut devenir un acteur du débat public en faveur de la condition animale. Quand des chiens sont bien gérés dans leur foyer, ils sont moins enclins à créer des problèmes dans la rue : « Il y a tout à faire encore, mais ce qui a changé, c’est qu’on en parle aujourd’hui. On porte dans le débat public la situation de nos chiens. Parce que c’est lié à la vie de nos quartiers. Souvent, on nous reproche de nous occuper des chiens et pas des humains. En fait, s’occuper des chiens, c’est s’occuper de la sécurité dans nos quartiers, éviter les aboiements intempestifs, les morsures… À partir du moment où les chiens sont bien gérés dans leur foyer, ils vont moins créer de problèmes dans la rue ».

Si le SIGFA organise depuis son ouverture plusieurs journées portes ouvertes, pour la première fois, il célèbrera la journée mondiale du chien le 28 septembre dans les jardins de la mairie de Punaauia : « C’est pour célébrer les chiens du fenua, informer et sensibiliser les administrés à la cause animale, mais également fédérer tous les acteurs qui travaillent et œuvrent tous les jours pour cette cause. (…) Malheureusement, nous ne pourrons pas déplacer les chiens du chenil dans les jardins, mais il y aura un stand avec toutes les photos des chiens à l’adoption. Et les associations de protection animale auront des chiens sur leurs stands » précise Candy Herbreteau.

Retrouvez tous les chiens à l’adoption du SIGFA ICI

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