Salle de réception des échantillons, salle de pesée, salle d’extraction et salle des analyses : le nouveau laboratoire de l’ILM dédié aux substances naturelles et médicinales est opérationnel. Relancé depuis deux ans après sa fermeture dans le milieu des années 2000, le laboratoire compte sept chercheurs (chimiste organique, docteur en pharmacie, techniciens) et six projets dans les tuyaux, dont deux sur le cannabis et ses vertus thérapeutiques.
Le premier baptisé « Porinetia pakalolo screening » consiste à analyser les teneurs en cannabinoïdes des saisies des forces de l’ordre. L’ILM est fin prêt et n’attend plus que le feu vert du procureur de la République pour récupérer des échantillons. « On a déjà produit les documents de convention, on n’attend plus que la signature de cette convention pour y accéder, en dehors de ça, on a reçu tout le matériel nécessaire pour commencer » souligne le directeur de l’ILM, Hervé Varet.
« L’idée, c’était de se donner une cartographie de ces plantes, de voir leurs teneurs en CBD et THC et pourquoi pas pouvoir sélectionner des plantes et ensuite les développer »
Hervé Varet, directeur de l’ILM
Au-delà de son intérêt scientifique, ce travail doit permettre de développer à terme une filière économique et sociale. « L’idée, c’était de se donner une cartographie de ces plantes, de voir leurs teneurs en CBD et THC et pourquoi pas pouvoir sélectionner des plantes et ensuite les développer et les mettre à disposition d’un certain nombre de producteurs puisqu’on a une loi votée l’année dernière qui va permettre progressivement de mettre en place une filière de cannabis thérapeutique en Polynésie française » rappelle le directeur.
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Et pour décrypter ces teneurs et dresser le profil génétique des prélèvements, l’ILM s’est dotée de chaînes HPLC (chromatographie liquide haute pression). Des machines capables de séparer les molécules d’un mélange liquide afin de connaître sa composition. Un pur travail de chimie. « Nous avons un appareil dédié et calibré pour analyser le cannabis, nous avons un autre appareil qui va nous permettre de voir les aflatoxines (toxines produites par des moisissures, Ndlr), mais aussi les composés qui existent dans les ra’au tahiti » précise le responsable du laboratoire Edouard Suhas.
Pakalolo rapa’au : le paka « qui guérit »
Complémentaire, le second programme est dédié exclusivement au cannabis thérapeutique. Son nom, « pakalolo rapa’au » soit le paka « qui guérit », s’appuie sur l’importation depuis les États-Unis et l’Europe de graines sélectionnées pour leur forte teneur en CBD. En terre, en hydroponie, en aquaponie et bioponie : il s’agit ensuite de les cultiver de différentes manières et d’évaluer les rendements en phytocannabinoïdes ou en terpènes, ces composés à l’origine de la sensation de « défonce ». « On va effectivement cloner les différentes plantes sélectionnées et vérifier la stabilité de ces composées entre les différentes générations de clone pour voir si on a une stabilité de ces molécules » développe le pharmacien Sébastien Bardury.
À terme, ces variétés ont vocation à intégrer une filière réglementée et bien sûr, légale. « On est vraiment sur un schéma de développement de ces variétés pour les mettre à disposition des producteurs afin de développer une filière » reprend le directeur. « Il faut savoir que l’ensemble de ces produits doit respecter la réglementation en vigueur sur la teneur en substance active. Et la loi dit bien que le THC embarqué ne doit pas dépasser 0,3% ».
D’où l’intérêt d’un laboratoire de chimie : pour doser avec précision et rigueur la teneur de ces plantes. Les permis d’importation des graines sont d’ailleurs validés. L’ILM n’attend plus que les graines.