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À Nuku Hiva, la cohabitation délicate entre pêcheurs et requins

(Crédit Photo : TNTV)

Un colocataire envahissant. Si les pêcheurs de Nuku Hiva se sont habitués à la présence des requins près des côtes, certains sont intrigués, voire inquiets, devant un constat globalement partagé : le nombre de squale de l’île a, selon eux, considérablement augmenté ces dernières années.

C’est ce que pense Matikiani Kautai, pêcheur et chasseur local. « Je ne sais pas s’il y a un problème, mais il faudrait qu’on fasse attention, dit-il en vidant son poisson, alors qu’une vingtaine de requins se jettent sur les restes. Tu vois, déjà là, imagine-toi, c’est un petit enfant qui tombe, il n’y a pas de feu vert, il n’y a pas de feu rouge, tu tombes, on te mange » , résume-t-il.

Si Matikiani a longtemps partagé l’océan avec eux sans crainte, il s’est ravisé et a changé ses habitudes. « Je sautais avec eux quand j’étais plus jeune que ça. Mais là, j’ai vu qu’ils ont un peu grandi et j’évite de sauter » , souffle-t-il.

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Jeter les restes à la mer est comparable, selon lui, à servir « le café » à l’animal, et à l’accoutumer à une nourriture abondante. « À force de ramener du poisson, le requin s’adapte au rythme de l’homme. Je l’ai remarqué en prenant de l’âge, même le requin, il fait ce qu’on fait. Quand je mets un petit café, le requin, il vient aussi se présenter sur le quai. Quand il rentre, il sait que le lendemain, le café est là » .

Un équilibre fragile, où l’homme façonne, sans toujours le vouloir, le comportement des sélachimorphes. Sauf qu’en adaptant leur mode de vie à celui des humains, les prédateurs des mers brouillent les frontières naturelles. « Il sait qu’il n’est pas menacé par l’homme. Sinon, il ne ferait pas ça, il nous mangerait. Il sait ce qu’est le thon, la chair fraîche. Le jour où j’ai sauté, les requins ne m’ont pas mangé. Ils se sont bousculés sur moi, mais je suis remonté. C’est pour ça, grand respect aussi à eux » .

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