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Bagarres filmées : les vidéos se multiplient sur les réseaux sociaux

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il semble au fil du temps prendre des proportions de plus en plus inquiétantes. Comme en témoigne une page Facebook réunissant plus de 13 000 membres et qui a attiré l’attention de la rédaction de Tahiti Nui Télévision. Elle propose depuis quelques jours des dizaines de vidéos de bagarre, parfois très violentes, tournées en Polynésie à l’aide de smartphones.

Des internautes proposent également de s’échanger les meilleurs combats sous le manteau, en messages privés. Dans la rue, la plupart des jeunes que nous avons interrogés connaissent cette page : « Ils veulent peut-être se faire respecter, se faire connaître » explique l’un d’eux. « Ils veulent faire les intéressants. C’est ça les jeunes de nos jours, il y a beaucoup de violence… » rajoute un autre.

Des images qui ne sont pas du goût des professionnels des arts martiaux. Raihere Dudes, champion de MMA, nous donne son avis : « Quand je vois des vidéos comme ça, cela m’agace un peu… On essaie de faire passer des bonnes valeurs à travers les sports de contact justement. Cela fait tomber à l’eau toutes les valeurs qu’on essaie de défendre ».

Pour Vincent Dubois, avocat pénaliste au barreau de Papeete, la multiplication de ces vidéos violentes est loin d’être anodine. « Cela créé un danger sociétal, d’abord parce que c’est des violences qui peuvent être extrêmement graves, et ensuite parce cela créée une sorte d’émulation, une sorte de phénomène de groupe très inquiétant. Chacun va vouloir y aller de sa petite vidéo, à vouloir taper sur son voisin, son ennemi de classe… et à le diffuser. Et après, c’est sans fin… »

Et ces combats peuvent avoir de lourdes conséquences. Pour les belligérants comme ceux qui les filment. « Il y a énormément de choses répréhensibles. D’abord, il y a le fait qu’il y a les deux protagonistes qui se battent : il suffit que l’un ou l’autre blesse gravement l’autre combattant. On sait qu’il y a régulièrement à la cour d’assises des morts suite à de telles violences. Et puis il y a ceux qui enregistrent. C’est prévu par le code pénal, article 222-33-3. La peine est encore plus lourde pour ceux qui diffusent ces vidéos, notamment sur des réseaux sociaux » précise Maître Dubois. 

Mais difficile pour la justice d’avoir un œil sur tout ce qui se fait sur Internet et de poursuivre les administrateurs des pages concernées. Alors pour que ces combats de rue cessent, Raihere Dudes, prend pour exemple ce qui se fait chez nos voisins hawaiiens : « là-bas, c’est pareil, il y a des combats tout le temps dans la rue entre jeunes, entre quartiers, entre communes… Mais le territoire a décidé de mettre en place des salles dans chaque commune avec un encadrant, quelqu’un qui a été formé. Je pense que ça serait une bonne solution ici ».

Sentant qu’il risquait des ennuis, l’un des administrateurs de la page a demandé mercredi à ses membres de ne plus poster de nouvelles vidéos. Reste que les dizaines déjà mises en ligne sont encore librement visibles, par tous…

Sur Facebook, la fondation Te Ti’aturi Nei de Mareva Georges et son mari Paul Marciano, ont partagé une publication en expliquant les risques encourus pour toute personne filmant ses bagarres ou les diffusant.
 
Rédaction web avec Jean-Baptiste Calvas, Oriano Tefau et Davidson Bennett
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