L’association Bio Fetia existe depuis 2011, quelle a été la motivation de sa création ?
« L’association Bio Fetia, son objectif principal est de garantir les produits en bio des agriculteurs du fenua qui respectent les règles de l’agriculture biologique. »
Est-ce qu’aujourd’hui beaucoup d’agriculteurs adoptent le label Bio Pasifika, que vous délivrez ?
« Oui, on a vraiment de plus en plus d’agriculteurs qui nous contactent. Depuis l’année dernière, on essaye donc également de communiquer plus sur l’existence de ce label. C’est pour ça qu’on va essayer de faire une campagne de communication, parce qu’on s’est rendu compte que ce label était trop méconnu des consommateurs aussi. Donc on veut vraiment le promouvoir pour valoriser les produits du fenua. Et on voudrait inciter les agriculteurs de Polynésie française à se labelliser parce qu’il est très important qu’ils puissent valoriser leurs produits et offrir une garantie à leurs clients. »
Proposez-vous un accompagnement aux agriculteurs qui voudraient adopter ce label ?
« Oui, on est là pour les accompagner tout au long du processus de labellisation. Il faut savoir que Bio Fetia est un système participatif de garantie. Ça veut dire que tous nos adhérents, qui sont des producteurs et des consommateurs, sont impliqués dans le processus de labellisation, donc à chaque étape, jusqu’à l’attribution du label. En fait, on forme nos adhérents pour faire les inspections dans les fa’a’apu. »
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Depuis l’année dernière, vous faites aussi des missions dans les îles pour voir les agriculteurs qui seraient séduits par ce label ?
« Oui, on était à Rangiroa en juin. On se déplace en fonction de la demande des producteurs qui souhaitent avoir le label. Ce qu’on fait sur chaque île, c’est qu’on crée ce qu’on appelle un groupe local, qui est composé de producteurs et de consommateurs. Ces groupes locaux sont chargés par la suite de développer l’agriculture biologique sur leur île et aussi de garantir le respect de la norme océanienne d’agriculture biologique. Pour qu’on puisse monter un groupe local sur une île, il faut qu’il y ait au moins trois producteurs et deux consommateurs qui souhaitent s’engager dans le bio. »
Quelle est la démarche à suivre pour être labellisé ?
« La démarche à suivre est simple. D’abord il faut devenir adhérent de l’association. Ensuite on demande aux producteurs de remplir ce qu’on appelle un plan de gestion bio. C’est tout simplement le détail de son fonctionnement sur l’exploitation, qu’est-ce qu’il cultive, etc. Une fois qu’il a présenté ce plan de gestion, il y a deux personnes qui ont été formées à l’inspection qui vont aller sur son fa’a’apu faire l’inspection. Ensuite ils font un bilan de comment ça s’est passé, s’il y a des points à ajuster pour coller le plus possible au cahier des charges. Ensuite le dossier, une fois qu’il est prêt, passe en commission de conformité, qui siège à Papeete. »
Depuis 2008, on voit également qu’il y a des initiatives privées, des personnes qui adoptent la culture bio. Vous les incitez également à avoir ce label pour uniformiser les techniques ou la labellisation sur le fenua ?
« Il faut savoir que le label Bio Pasifika, c’est vraiment le label spécifique au Pacifique, qu’on va retrouver sur le marché local. Dans le monde, il existe plein de labels différents. Et pour les personnes qui souhaitent exporter des produits, par exemple vers le Japon, ils vont se tourner vers le label japonais. Mais l’objectif est que les agriculteurs qui ont ce label Bio Pasifika soient reconnus et que les consommateurs connaissent ce label. »
Les grandes surfaces vendent du bio, mais d’Espagne, des Etats-Unis ou d’Asie. Est-ce que, à terme, l’objectif serait de remplacer ces normes bio vendues dans les grandes surfaces par le label Bio Pasifika ?
« C’est sûr qu’aujourd’hui il est plus important que jamais d’encourager la production locale et de limiter au maximum l’achat de produits importés parce qu’en plus ce sont des fruits et légumes qui polluent la planète puisqu’ils sont cultivés de façon conventionnelle et qu’ils ont parcouru des kilomètres avant d’atterrir dans notre assiette. On ne va pas pouvoir remplacer tous les produits importés, mais au moins développer ce qu’il y a localement et essayer de sensibiliser le grand public, les consommateurs, à acheter local et bio. »