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Cardiologie : une première médicale qui tombe à pic, au Taaone

Le professeur Pascal Defaye est un cardiologue rythmologue de renom. Il est responsable du service de rythmologie et stimulation cardiaque du CHU de Grenoble, et effectue régulièrement des missions au centre hospitalier du Taaone : « On organise des missions en moyenne trois fois par an en cardiologie », explique Bruno Ulmer, cardiologue au CHPF. « Le professeur Defaye est un expert en rythmologie, et l’un des leaders européens dans certaines techniques. Il qui nous a apporté des techniques que nous ne maîtrisons pas en Polynésie. Nous n’avons pas suffisamment de patients, ni l’expertise, pour les pratiquer chaque jour. »

Le professeur Defaye implante des pacemackers et défibrillateurs. Des dispositifs médicaux qui ont largement évolué ces dernières années. Autrefois plus volumineux, et dotés de sondes : les appareils de stimulation endocardique sont bien moins invasifs. Le professeur Defaye a implanté, mardi, un micro stimulateur cardiaque semblable à une toute petite balle de revolver, et qui n’est pas plus gros qu’une pièce de 1 francs.

Les professeurs Pascal Defaye et Bruno Ulmer, après la première implantation d’un micro stimulateur sans fil en Polynésie française

« Ce qu’il y a de nouveau, c’est que maintenant, on peut se passer de la sonde, et cette sonde : c’est vraiment le maillon faible puisqu’elle peut entraîner des infections, des thromboses… elle peut se casser, et elle est très difficile à enlever! Alors si on peut se passer des sondes : cela évite beaucoup de complications. Aujourd’hui on a la possibilité de mettre en place des stimulateurs sans sondes. Il s’agit d’objets tout petits, ça contient la batterie, l’électronique et l’électrode, et on peut aller stimuler le cœur uniquement avec cette sorte de puce qu’on va fixer au niveau du muscle cardiaque. C’est l’intervention qu’on a fait mardi, pour la première fois, chez un Polynésien, et en plus : ici! »

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Un micro stimulateur sans fil à côté d’une pièce d’1 franc Pacifique

« Le patient a 78 ans, l’intervention s’est parfaitement déroulée, il n’a pas de cicatrice et pourra se lever dès ce soir »

« Il se trouve qu’au moment où le professeur Defaye est arrivé, le patient, qui souhaite rester anonyme, était en soins intensifs dans le service », indique le professeur Ulmer. « Ce patient avait été implanté il y a quelques mois avec un stimulateur classique. Il s’est infecté. Nous avons alors été obligés de retirer le matériel pour éviter que l’état du malade ne se dégrade. Puis nous l’avons mis du côté droit, initialement. Nous avons attendu, traité le patient avec des antibiotiques pour qu’il soit guéri de l’infection. Quelques semaines plus tard nous l’avons placé du côté gauche. Même chose : il s’est à nouveau infecté. Nous l’avons retiré depuis trois semaines. Si nous tentons de le réimplanter, il va s’infecter. Hélas, nous n’avons plus de solutions ici. Ne restait que l’Evasan ».

Une révolution médicale au fenua et une chance… dans sa malchance pour le patient

« Ce patient était donc sous perfusion avec un rythme cardiaque qui dépend de cette perfusion. Si on arrête la perfusion son coeur s’arrête. C’est une evasan difficile dans un avion, 24h, avec un patient instable. Nous avons commandé le matériel et Nous l’avons eu en quelques jours. Le fait que le professeur Defaye soit là nous a permis de procéder à l’intervention ici. C’est une chance … dans sa malchance! Et c’est aussi, pour moi qui suis habitué à l’implantation de stimulateurs traditionnels : une révolution« , confie le professeur Ulmer.

Les équipes de cardiologie du centre hospitalier du Taaone

Même si la technique apporte un confort certain aux patients : elle ne va pas se généraliser rapidement en Polynésie : « Ca fait quatre ou cinq ans qu’on implante ce type de stimulateurs en France » explique le professeur Defaye. « Pourquoi on ne le fait pas régulièrement en Polynésie? Parce-que la population n’est pas très nombreuse, et qu’il y a donc peu de malades à traiter. Les praticiens doivent bien connaître cette technologie, elle n’est pas très simple, et en terme de sécurité, il peut y avoir des complications, alors il n’y avait pas les conditions requises, jusque là, pour exporter cette technique ici. »

Le micro stimulateur est implanté dans le ventricule

Pas de cicatrice, et le patient peut sortir le soir même

« Il n’y a pas de cicatrice : On fait une simple ponction de la veine fémorale, et grâce à un cathéter qui va permettre de le délivrer, on va l’emmener dans le ventricule droit. Cet appareil a des petites ancres qui vont se fixer sur le ventricule. C’est très indolore. Sur le plan psychologique, ne pas avoir de cicatrice lors d’une intervention : c’est bénéfique ».

Et la recherche n’a pas fini de progresser : «  Les prochaines étapes, ce sera la mise en place de plusieurs capsules de ce type là, une dans le ventricule, une dans l’oreillette, qui pourront converser entre elles. Les prochaines étapes : ce sera de remplacer tous les types de stimulateurs cardiaques. Je pense qu’il n’y aura plus de sondes d’ici quelques années, et cela, c’est un grand progrès pour les patients. »

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