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« Carte blanche pour le Pays » sur le centre de mémoire des essais nucléaires, assure Éric Spitz

"Carte blanche pour le Pays" sur le centre de mémoire des essais nucléaires, assure Éric Spitz

TNTV : Nous avons entendu Moetai Brotherson faire part de ses doutes quant à la mise en place du centre de mémoire sur les essais nucléaires. Qu’en pensez-vous ?

Éric Spitz, Haut-Commissaire de la République en Polynésie Française : « Je n’ai pas entendu la même chose que vous. Je suis tout à fait d’accord avec lui. C’est le Pays qui a la main et qui en fera ce qu’il voudra. Il faut s’entourer d’historiens, de scientifiques, de spécialistes du monde et du nucléaire pour essayer de bâtir un centre vivant, qui permettrait à tout le monde de savoir ce qui s’est passé. Il faut un centre tourné vers le futur. Il y aura, si le président le souhaite, l’appui du ministère de la Culture pour l’épauler dans cette démarche. Nous avons plusieurs centres de mémoire construits sur des sujets différents en métropole, donc nous avons cette expérience. Mais c’est une carte blanche pour le Pays. Je souhaite qu’on avance ensemble » .

TNTV : Vous vous êtes rendus à Moruroa avec des représentants du Tavini Huiraatira. Certains élus sont encore dubitatifs et ils ont affirmé que les discours de l’État « se suivent et se ressemblent« . Comment restaurer la confiance avec un gouvernement indépendantiste et anti-nucléaire ?

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Éric Spitz : « N’oubliez pas qu’il y avait aussi des représentants des travailleurs, qui ont été jusqu’à 7000 à Moruroa. Ils ont été totalement satisfaits de cette démarche. Ensuite, je ne demande pas au Tavini d’adhérer au fait nucléaire, mais simplement d’ouvrir un dialogue. C’était le sens de la journée que l’on a passée. Je rappelle que la surveillance de l’atoll est continue, qu’il y a une mission qui fait un certain nombre de prélèvements. Il y a une surveillance radiologique du site par Telsite » .

TNTV : Les sols de l’atoll sont fragilisés, la stabilité de la couronne est en permanence surveillée. Il y a un risque de formation de vagues-submersion en cas d’éboulement. Aujourd’hui, peut-on dire que la sécurité des habitants de cet atoll et de Tureia est garantie ?

Éric Spitz : « Sur cet atoll, il y a une trentaine de militaires en permanence. Il y a un système d’alarme Telsite qui permet d’aller auprès d’une borne et de monter en hauteur pour se protéger. La principale commune concernée est Tureia, mais même dans le pire des cas, le Nord serait concerné par une vague de 3 mètres. Quand je m’y suis rendu il y a une dizaine de mois, ils avaient été victimes d’une houle cyclonique d’une hauteur de 4,5 mètres. Telsite permet de déceler au micro-millimètre près les mouvements de la plaque. C’est suivi 24h sur 24 à Paris, et nous pourrions, en cas de glissement, avoir suffisamment de signaux une semaine avant pour permettre à la population de se protéger et de se réfugier » .

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TNTV : Cette année, l’État devrait être doté de plus de moyens pour la sécurité en mer. Quels sont-ils ?

Éric Spitz : « Nous avons un vieux patrouilleur, un P400. Nous allons en avoir deux nouveaux en 2024 et 2025, hyper modernes. Ils iront deux fois plus vite, deux fois plus loin et seront armés de drones pour surveiller la nuit. Pour remplacer le Gardian, nous allons avoir des Falcon 50 de l’armée. Cela nous permettra d’être plus efficaces dans nos opérations de surveillance et de lutte contre la pêche illégale, mais aussi pour sauver des vies. L’année dernière, il y a eu 430 interventions déclenchées par l’action de l’État en mer. On a sauvé plus de 281 vies. Malheureusement, il y a eu 11 morts et 2 disparus » .

TNTV : Autre sujet d’actualité, les accidents de la route qui se multiplient. Ces 10 derniers jours, il y a eu 4 décès. Que pouvons-nous faire pour que les routes du fenua soient moins meurtrières ?

Éric Spitz : « Il y a eu 7 tués depuis le début de l’année. Ils concernent quasiment exclusivement des deux roues. J’ai demandé aux forces de sécurité intérieures de se concentrer sur les deux roues. Il me paraîtrait aussi souhaitable d’introduire une législation similaire à la législation du reste de la France sur les protections. Je vois trop de gens qui circulent torse nu. En métropole, il est obligatoire de mettre un casque, des gants, un blouson. 2024 va être l’année du deux roues. Déjà en 2022 et 2023, 85% des tués étaient des deux roues et des piétons. Ce sont les personnes les plus vulnérables et j’ai demandé aux policiers et aux gendarmes de faire encore plus d’efforts dans ce sens » .

TNTV : L’accent sera donc mis sur la sanction et la prévention ?

Éric Spitz : « La sécurité routière est toujours un dialogue entre la prévention et la répression. Nous sommes français, nous comprenons mieux la répression que la prévention. Il y aura encore une répression accrue » .

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