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Challenge Yearbook : pourquoi certaines applis fonctionnant avec l’IA sont à consommer avec modération

Photos réalisées avec l'application Epik.

Pourquoi certaines applis fonctionnant avec l'IA sont à consommer avec modération

Depuis plus d’un mois, des photos de classe à l’américaine, ambiance années 90, envahissent les réseaux sociaux. C’est une des trend -comprenez tendance- suivie par de nombreux internautes dont des personnalités publiques. Le hashtag #yearbook compte près 800 000 publications à ce jour sur Instagram.

Le yearbook, c’est cet album de fin d’année, rendu célèbre par les séries américaines et compilant des photos d’élèves. Pour se retrouver en tenue retro sur fond bleu moucheté de blanc, les internautes utilisent Epik, une application faisant appel à l’intelligence artificielle, et plus précisément à une technologie de reconnaissance faciale. L’appli récolte ainsi des données biométriques.

Une IA à laquelle vous devez fournir plusieurs selfies et surtout payer… 6.99 euros soit environ 850 Fcfp pour une soixantaine d’images.

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Un challenge amusant, mais coûteux et qui pose, comme celui de l’appli FaceApp qui vieillissait les visages, une question : celle de la sécurité des données.

« Une application comme ça, en France, elle ne peut pas voir le jour, la réglementation, elle est beaucoup plus stricte avec la RGPD. (…) Quand on voit les clauses de confidentialité de l’application, on ne sait pas comment les données sont traitées, souligne David Touche, expert en cybersécurité. Ils disent qu’on peut les supprimer sur demande, mais j’ai envie de vous dire que le droit à l’oubli qu’on a en France avec le RGPD, on ne l’a pas avec cette application. Clairement, ils peuvent prendre vos données, vos photos, et les réutiliser, les revendre à d’autres IA, applications. Et, un beau jour, vous vous retrouvez sur le web, sur des photos qui peuvent vous porter préjudice. Pour prouver ensuite qu’il y a bol d’identité, cela peut être très long ».

Pour Luc Lefebvre, cofondateur de Crypto.Québec interrogé par Radio Canada, cela va même plus loin : « Ils collectent absolument tout, même des informations sur les autres photos que tu as sur ton téléphone« .

Basée en Asie, SNOW Corporation, la société mère d’Epik, a affirmé au media américain NBCNews ne pas stocker les données personnelles, y compris les selfies.

En attendant, Epik a été téléchargée plus de 50 millions de fois à ce jour. « On entraine l’IA. L’intelligence est entrainée par le fait qu’autant de gens l’utilise », souligne David.
Le phénomène fait réagir artistes alors qu’une grève contre l’utilisation des intelligences artificielles dans le cinéma vient de s’achever aux États-Unis.

Des IA et des hackers

L’intelligence artificielle peut avoir des applications multiples et, bien sûr, certaines sont bénéfiques. Mais pour David Touche, c’est son développement extrêmement rapide qui est inquiétant. Des hackers ont par exemple développé des IA pour attaquer plus efficacement des entreprises… « Il y en a plein qui sont vendues et on peut créer un code qui peut tromper n’importe quel antivirus. L’IA pose un sérieux problème de sécurité pour l’avenir. (…) Je pense sincèrement que l’IA est aujourd’hui derrière pas mal de cyberattaques parce qu’il y a des grandes entreprises qui ont de gros moyens et qui se font quand même attaquer. » Les entreprises de cybersécurité pourraient à l’avenir, elles aussi, être amenées à utiliser l’IA… contre l’IA, estime l’expert.

Lire aussi : Une conférence pour « démystifier ce qu’est l’intelligence artificielle »

Alors comment agir ? Dans le monde, plusieurs pays sont en train mettre en place des réglementations. Une loi historique est attendue en décembre dans l’Union européenne. Les États-Unis vont quant à eux créer institut de sécurité de l’IA. Le 30 octobre, le président américain Joe Biden a publié décret pour exiger des développeurs de systèmes d’IA qu’ils partagent les résultats des tests de sécurité avec le gouvernement…

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