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CHPF : le conseil de l’ordre des médecins s’insurge contre les propos de l’élue Sylvana Tiatoa

Le conseil de l'ordre des médecins réagit aux propos de Sylvana Tiatoa


Le 24 mai, lors d’une séance à l’assemblée, l’élue Tavini Sylvana Tiatoa, s’est exprimée sur la situation du CHPF. S’appuyant selon elle sur les propos d’un médecin tenus « il y a deux ans au cours d’une réunion » à Pirae, elle a estimé que « le problème de la politique sanitaire de notre pays, c’est parce que, depuis tout temps, on ne s’est jamais préoccupés de la culture de ce peuple, de l’identité de ce peuple. Les Polynésiens ont été soignés comme s’il s’agissait d’Européens et cela s’est senti dans les moyens de soigner la population. Aujourd’hui, aucun médicament ne soigne vraiment les personnes. Les traitements qui sont faits aujourd’hui, ce n’est pas pour soigner, mais pour soulager les souffrances du peuple. Et c’est pour cela que chaque année l’hôpital est toujours déficitaire. »

Pour la représentante, « ces fonds que nous mettons dans le fonctionnement du CHPF ne servent à rien puisqu’il y a autant sinon plus de personnes qui meurent. Il serait peut-être temps de se demander si notre politique sanitaire est au point. On rappelle souvent qu’il faut créer des emplois au CHPF comme si les maladies que rencontre notre peuple sont dues à un manque d’effectif à l’hôpital ».

L’intervention de Sylvana Tiatoa est à revoir à partir de 5 heures 49 minutes :


Des propos qui ont vivement fait réagir l’ordre des médecins du fenua. Les professionnels de santé estiment que la représentante a tenu « des propos racistes, indignes, insultants et surtout d’une incohérence étonnante. Comment peut-on tenir des propos mensongers vis-à-vis du corps médical de l’hôpital et de tous les soignants en général ? Comment peut-on croire qu’il faille donner des traitements médicaux différents selon l’appartenance ethnique ? Comment peut-on croire que des
médicaments peuvent transformer les Polynésiens en Popaa ? Comment peut-on croire que les médecins en Polynésie ne soignent pas ou n’arrivent pas à soigner les malades ? Comment peut-on dire ces choses sans avoir honte ? », s’insurgent les soignants. « Ces propos reflètent une méconnaissance et une ignorance de la réalité du travail réalisée tous les jours au service de la population polynésienne par les médecins, infirmières, sage-femme et par tous les soignants. »

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« D’entendre dire des choses négatives, fausses, mensongères et racistes, sur le fonctionnement de l’hôpital, nous révolte. »

Nedim Al Wardi, président du conseil de l’ordre des médecins

« L’hôpital est en souffrance, l’hôpital apporte énormément de choses positives à la médecine en Polynésie. C’est notre fleuron. En oncologie, en réanimation, ils sont les seuls présents pour nous aider. On a besoin de cet hôpital et on a besoin qu’il soit performant. D’entendre dire des choses négatives, fausses, mensongères et racistes, sur le fonctionnement de l’hôpital, nous révolte. Est-ce que les autorités du Pays, est-ce que le parti auquel elle appartient, la soutiennent, reconnaissent, et sont d’accord avec ce qu’elle a dit ? Cela serait extrêmement grave, bien entendu » déclare Nedim Al Wardi, président du conseil de l’ordre des médecins.

Interrogé sur notre plateau, le ministre de la Santé avait quant à lui répondu de manière détournée. Sans dire s’il cautionnait les propos de la représentante, Cédric Mercadal a estimé qu’il « faut faire quelque chose » pour la santé des Polynésiens. « Il y a de plus en plus de malades en Polynésie parce qu’il y a un état de santé de notre population qui est terrible. Un vieillissement de la population d’un côté et une mauvaise alimentation de l’autre. Il faut dire les choses. 74% de nos Polynésiens sont en surpoids. Il faut faire quelque chose. On va prendre des lois qui seront contre les produits toxiques pour favoriser la meilleure alimentation aussi. Mais on va prendre aussi des dispositions relatives à la santé primaire, c’est-à-dire à la promotion de la santé. Ce qu’on a fait avec les dentistes il y a quelques années, on va le faire de manière généralisée pour inciter les gens à faire plus de sport, plus d’activités physiques, prendre en main, faire en sorte que leur santé soit au cœur de leur vie quotidienne. »

« Le reo Tahiti est une langue métaphorique, et je pense qu’on est là dans le registre métaphorique. »

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française

Contactée, la représentante Sylvana Tiatoa, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Côté gouvernement, en revanche, le président du Pays Moetai Brotherson considère qu’il ne faut pas prendre ses déclarations au pied de la lettre : « Le fils d’infirmier que je suis peut comprendre l’émoi que cela a pu provoquer. Maintenant, je crois qu’il ne faut pas prendre l’expression de l’intervention de Sylvana au premier degré. Le reo Tahiti est une langue métaphorique, et je pense qu’on est là dans le registre métaphorique. Je pense qu’il ne faut pas sortir les propos de Sylvana de ce registre métaphorique. En tout cas, si ce n’était pas le cas, je ne souscrirais pas à ces propos, mais si on est dans le registre métaphorique, je peux comprendre l’expression des propos de Sylvana ».

Le conseil de l’ordre n’exclut pas des actions en justice et déplore une véritable méconnaissance et ignorance de la réalité du travail réalisée tous les jours au service de la population par l’ensemble du corps médical.

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