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Christelle Lehartel : « il y a eu le nucléaire ici, nos enfants doivent le savoir »

Christelle Lehartel (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Invitée du journal : Christelle Lehartel, ministre de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports

Vous avez fait beaucoup d’annonces lors de la conférence de presse sur la rentrée scolaire ce vendredi matin, dont l’ouverture d’une 6ème à Anaa et à Arutua pour cette rentrée. Ce projet rentre dans le cadre de la réforme des collèges ?
« Effectivement, cela rentre dans le cadre de cette réforme, mais c’est aussi un bel outil pour lutter contre le décrochage scolaire et la déscolarisation. C’est un des sujets et des projets que l’on a l’intention de mettre en place sur plusieurs années, pour réduire ce décrochage scolaire. »

Il ne faut pas que ni les enseignants ni les familles ni les élèves en aient peur…
« Je rassure le personnel enseignant, les parents d’élèves. D’ailleurs, les parents sont très rassurés puisque lors de nos passages pour nos missions, dans les archipels où sont installés ces dispositifs-là, le conseil municipal, la population, les élèves et les enseignants, sont très rassurés et ne s’en inquiètent pas du tout. Au contraire, ils sont ravis de pouvoir participer à ce dispositif. »

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Quelles sont les autres actions à renforcer encore cette année ?
« L’amélioration de nos internats. Cette année, il y a l’ouverture de l’internat au lycée professionnel de Mahina. Pour la rentrée 2020, nous aurons l’ouverture de l’internat de Faa’a, avec 240 lits. C’est une première, c’est un bel internat. Et nous aurions aussi un espace dédié au élèves du collège de Faa’a. Ensuite, nous avons le transport gratuit pour tous les étudiants. 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. C’est quelque chose qui est très attendu par nos étudiants. Lors de mes passages dans les établissements scolaires, j’ai beaucoup entendu que nous enfants ne pouvaient pas se déplacer pour aller dans leur stage. Des difficultés pour se déplacer qui conduisent à beaucoup d’absences. Aujourd’hui, il n’y a pas plus d’excuse. Nos enfants pourront se déplacer pour aller participer à des manifestations culturelles qui font partie de leur éducation. Et surtout, avec le ministère des Transports, nous avons fait en sorte que des bus aillent directement dorénavant à l’université. Il faut bien comprendre que quand on parle des étudiants, c’est un autre statut que le collège et le lycée, c’est vraiment les étudiants après le bac. »

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Le transport scolaire est un sujet assez délicat en Polynésie. D’autres bus sont attendus pour palier cette difficulté de ramassage scolaire ?
« Effectivement, d’autres bus sont attendus cette année, avec de nouveaux chauffeurs aussi, car il faut évidemment des agents compétents pour transporter nos élèves. Et justement, cette rentrée, nous avons préparé des spots que nous allons diffuser sur TNTV à partir du 23 août (jusqu’en février 2020, NDLR) pour parler de la prévention du comportement que nos élèves doivent avoir sur les bus et autour des bus. »

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Dans les nouveautés du programme scolaire, il y a aussi l’apprentissage des langues vivantes. Cette année, trois classes pilotes à Moorea, Taha’a et au CJA de Paea, ont été retenues.
« Tout à fait. Vous parlez du bilinguisme. À partir de cette rentrée, depuis mercredi, ces trois sites se sont portés volontaires. Ils vont apprendre à parler le tahitien, ils vont apprendre en tahitien, ils vont apprendre la langue, ils vont faire des mathématiques en reo Tahiti… »

Quel est votre objectif à travers ce dispositif ?
« On a décidé d’installer des classes bilingues dans certaines écoles tout simplement pour assurer la continuité des dispositifs qui étaient déjà en cours dans le système éducatif. Nous avons 2 heures et demi d’apprentissage par semaine en langue ma’ohi, nous sommes aussi passés à 5 heures d’apprentissage, nous avons eu le dispositif école POM où nous avons eu de bons résultats, et il nous manquait quelque chose entre ces dispositifs. Et je pense qu’arrivé à un moment donné, il fallait qu’on aille un peu plus en avant. Et moi, je tiens beaucoup à la conservation de notre culture et de notre langue. »

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Dans cette conservation de la culture et du patrimoine, il y aussi le fait nucléaire qui va être enseigné dans les établissements de Polynésie.
« C’est ça. Nous allons commencer au cycle 3 : CM1, CM2, 6ème. Les documents sont déjà prêts. Des documents ont été distribués dans les établissements scolaires l’année dernière. On va continuer cette année. Il n’y aura pas de nouveaux manuels en ce qui concerne l’élémentaire, mais cela va être effectivement un complément aux manuels scolaires qui existent déjà. Et cela va être poursuivi dans le second degré. »

Sur quoi allez-vous baser ce programme d’histoire ?
« Il sera sur les faits nucléaires et sur Pouvana’a a Oopa aussi, car c’est une personnalité en Polynésie française. Lors d’une étude que nous avons faite auprès des étudiants, des enfants polynésiens, beaucoup ont peur de parler du nucléaire, alors que c’est un fait. Il y a eu le nucléaire ici, on n’a pas besoin de le cacher. Nos enfants doivent le savoir, pour leur culture générale entre autres. »

Donc vous rassurez tout le monde : rien ne sera caché en ce qui concerne le nucléaire ?
« Oui, rien ne sera caché. »

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Les chiffres du décrochage scolaire et de la déscolarisation sont en baisse. 1 031 élèves ont décroché en 2015 contre 694 l’an dernier. Comment arrive-t-on à un tel résultat ?
« Un gros travail a été fait par le Pays depuis 2015, d’où l’installation des missions de lutte contre le décrochage scolaire : un site sur Pirae, l’année dernière un site sur Taravao… Cette rentrée scolaire : un site sur Raiatea, les îles Sous-le-Vent. En fait, plusieurs dispositifs sont en place pour réduire les chiffres du décrochage scolaire, l’amélioration des internats, l’amélioration des transports scolaires, le dispositif cycle 3 dans les archipels etc. »

L’éducation est un poste avec un budget conséquent qui se monte à plus de 5 milliard de Fcfp cette année. Comment sont réparties les dépenses entre État et Pays ?
« On est très bien accompagnés par l’État, il ne faut pas le cacher. On a de la chance au niveau de l’éducation d’être accompagnés par l’État, rien qu’avec le personnel enseignant et non enseignant qui sont à la disposition de la Polynésie française, ça aussi, il ne faut pas le cacher. »


Télécharger la lettre de rentrée 2019-2020 de la ministre :

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