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Christian Collot Arai, un décorateur d’intérieur passionné par son fenua

Christian Collot Arai, dans les locaux de TNTV (Crédit photo : Noémie Schetrit)

Christian Collot Arai, décorateur d'intérieur 5 étoiles


Son visage vous semble peut-être familier : sur TikTok, Christian Collot Arai s’illustre dans des petites vidéos drôles quand il est au fenua et qu’il goûte du fafaru ou encore quand il se rend au cimetière sur la tombe de ses grands-parents. Des vidéos qui cumulent des dizaines de milliers de vues.

@christiancollotarai

Je goute pour vous le fafaru pour la peemiere fois de ma vie 😆

♬ son original – Christian Collot Arai 🇵🇫🇫🇷
@christiancollotarai

Au cimetière tu iras pour fleurir la tombe de papau et mamau ♥️♥️🌺🌺

♬ son original – Christian Collot Arai 🇵🇫🇫🇷

Christian est né en Champagne-Ardenne, d’une maman paumotu originaire de Napuka, et d’un papa farani : « Papa avait rencontré maman lors de son service militaire à Tahiti. Maman a laissé deux de ses enfants quand elle est partie vivre en France. C’était difficile pour nous financièrement de revenir après en Polynésie ».

Il se rend pour la première fois à Tahiti à ses 30 ans. Il y rencontre ses sœurs, et surtout, il rencontre le fenua. Immédiatement, c’est un coup de foudre, de cœur : « J’avais peur de ne pas être à ma place en tant que demi (…), et ça a été une vraie révélation. Il s’est passé quelque chose de très fort, d’inexplicable. Ma relation avec la Polynésie est puissante, forte. Je prends à chaque fois une belle leçon de vie en étant ici. Je me pensais beaucoup plus français que je l’imaginais, et je me rends compte qu’en fait, au-delà de mon physique, avec mon caractère, mon humour, ma façon de voir la vie, je vous ressemble énormément ». Ce que confirme sa grande sœur Geneviève : « C’est quelqu’un de formidable, d’adorable, de spontané, de drôle. Il est génial ! Il s’intéresse beaucoup à la culture ici. C’est un vrai Polynésien, même plus que moi, parfois ! ».

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Christian est aujourd’hui un décorateur d’intérieur de renom, spécialisé dans les hôtels de luxe, les restaurants gastronomiques et les espaces commerciaux. Il vit à Montpellier, mais voyage beaucoup selon ses projets : du Vietnam en passant par le Maroc et Shanghai. Et on ne compte plus les articles de presse qui font son éloge. Pourtant, il n’a suivi aucune formation : « Ce sont mes amis et ma famille qui m’ont dit que je devais faire de la décoration. N’ayant pas fait de formation, je décore de façon différente puisque je n’ai aucun code, aucun repère, et au contraire, je cherche systématiquement à les briser. C’est comme dans ma manière de m’habiller. Je cultive beaucoup l’androgynie, j’adore les couleurs, jouer avec les proportions. Je dis souvent à mes copines : n’achète pas une robe parce qu’elle te plait, achète là parce qu’elle te va« .

Il poursuit : « Pour moi, peu importe qu’on dise du bien ou du mal de ma décoration, l’intérêt, c’est de marquer les esprits. Je trouve qu’aujourd’hui, dans la décoration, les gens sont un peu blasés, avec Internet, ils ont l’impression d’avoir tout vu ».

« Pour moi, la décoration, c’est de la mode. »

C’est la mode, sa première passion, qui a conduit Christian à la décoration : « Selon comment tu t’habilles ou comment tu t’exprimes, on ne voit pas du tout que tu as redoublé des classes ! J’ai d’abord commencé à apprendre à m’exprimer de manière convenable, à être élégant dans mon attitude, pour faire partie d’un milieu qui n’était pas le mien. Puis, j’ai eu une chance folle de tomber sur des personnes qui ont tout de suite vu derrière cette folie, un talent, et qui m’ont poussé là-dedans. Ce métier me comble de bonheur, je suis très épanoui ». Dans sa description sur son compte Instagram, il écrit : « Quand je serai grand, je serai HEUREUX ». Grand, il l’est déjà, heureux, il l’est aussi.

Celui qui se définit comme un hypersensible, est un grand rêveur souffrant du syndrome de l’imposteur : « Je suis un hypersensible, qui travaille avec son cœur, et surtout, ses émotions. Je fais partie de ces enfants qui rêvaient sans arrêt. J’étais très mauvais à l’école. Je n’ai même pas mon brevet des collèges, et j’ai redoublé mon CE1 et CM1. J’en ai toujours eu très honte. J’ai le syndrome de l’imposteur, et j’ai décidé d’en faire une force. Je me suis donc défoncé dans mon travail pour montrer que ma place, je la méritais« .

Sa force, ce sont aussi ses racines polynésiennes, que l’on retrouve dans sa décoration : « J’utilise beaucoup les motifs, les fleurs et le végétal, et je mise énormément sur la couleur. Je dis souvent que la force de la couleur, le pouvoir des fleurs, ça amène quelque chose d’incroyable. Je m’en suis vraiment rendu compte en venant ici ».

Amoureux de la Polynésie, Christian envisage de venir s’installer : « 6 mois ici, et 6 mois en France, pour rester auprès de ma maman. Si le fenua veut de moi, on va faire des choses complètement uniques et incroyables. Je crée souvent des ensembles improbables, et je pense que c’est ma force. Tout est une question de dosage. Pourquoi pas apporter mes idées complètement folles et les combiner avec le savoir-faire d’ici, un savoir-faire que je n’ai pas, pour essayer d’avoir le plus beau des résultats ? Il y a moyen de faire des choses extraordinaires ensemble ».

« Peut-être que je vendrais des mape en bord de route habillé en bombe et que je les vendrais le double du prix ! »

Le décorateur s’est donné trois ans pour mener à bien son projet : « Je suis prêt à tenter ma chance ici et de repartir à zéro. Je veux juste kiffer ma vie. Peut-être que je vendrai des mape en bord de route habillé en bombe et que je les vendrai le double du prix ! On me donne tellement d’amour ici que j’ai envie de prendre des risques et venir ». En attendant, il profite de ses vacances en Polynésie pour voyager dans les îles, profiter de sa famille, apprendre le tahitien et s’émerveiller de tout ce qui l’entoure et s’en inspirer : « Je vais plus m’émerveiller devant un abribus où il y aura des motifs que devant le dernier restaurant gastronomique. Je suis passionné par la beauté, l’élégance, le curieux, le dérangeant, l’originalité… On a tendance à dire ‘oh, il est bizarre’. Mais pour moi, tout est relatif dans le bizarre. Bizarre, ça veut dire différent, donc quand on me dit que je suis bizarre, je réponds ‘merci beaucoup' ».

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