La journée de Solange a débuté aux aurores. Depuis le mois de septembre, cette mère de famille entretient les jardins de particuliers en lieu et place de son mari, paralysé après un AVC. Une nécessité pour que le foyer puisse percevoir des revenus.
« C’est l’un des rares chantiers qu’il nous reste pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille », souffle-t-elle, « aujourd’hui, c’est moi qui coupe l’herbe avec ma nièce. On fait ce que l’on peut mais c’est très difficile. On ne coupe pas l’herbe pour vivre mais pour survivre. »
En novembre dernier, Solange et son époux Steven, alors en rééducation au centre Te Tiare, déposent un dossier pour que celui-ci puisse bénéficier d’une allocation Cotorep. Mais à ce jour, leur demande est restée lettre morte, malgré plusieurs relances.
– PUBLICITE –
« Le médecin de la Cotorep décidera de son pourcentage d’invalidité. Je sais très bien qu’on ne va pas devenir riches parce qu’il va toucher une ‘allocation handicapé’ mais cela aidera énormément », explique la mère de famille.
Selon nos informations, la commission n’est actuellement plus en mesure de se réunir faute d’un médecin agréé. Un poste vacant depuis février. 1400 dossiers sont donc en attente d’une instruction à l’heure actuelle.
Contactée par TNTV, la Direction des Solidarités, de la Famille et de l’Egalité (DSFE) assure qu’un médecin référent a été recruté il y a quelques jours et que les dossiers seront traités au plus vite pour rattraper les retards.
« Je rame toute seule »
Grandement diminué Steven, lui, prend son mal en patience mais il a du mal à accepter la situation : « Regardez dans quel état je suis. Je ne peux plus travailler comme avant. Maintenant, c’est ma femme qui travaille et cela me fait de la peine ».
Solange fait tout ce qu’elle peut pour assurer un quotidien décent pour ses trois enfants. Une lutte de tous les jours qui l’épuise. « Je souffre beaucoup parce que c’est moi qui ramène le pain à la maison. Pour mon mari, c’est insupportable. Il est dans la voiture et il pleure aussi parce qu’il trouve que ce n’est pas normal que je prenne sa place. Je le déculpabilise tout le temps. Ce n’est pas sa faute. Ça nous est tombé dessus et, aujourd’hui, il faut que l’on avance. Je suis une pirogue où l’on est plusieurs mais je rame toute seule. C’est très difficile », témoigne-t-elle, des sanglots dans la voix.
Malgré la fatigue et sa peine, la mère de famille ne lâchera pas les siens. Elle n’a pas d’autres choix. En Polynésie, environ 5 500 personnes sont reconnues comme handicapées.