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Deux chercheuses de Polynésie récompensées du prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science

Le Prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science représente une belle reconnaissance pour elles : non seulement il va leur permettre de financer leurs recherches, mais il fait aussi gage de soutien pour leur statut de femme en science, et les encourager à continuer sur cette voie. Récompensées pour leur parcours émérite et leurs travaux brillants, elles recevront une bourse de recherche (15 000 euros pour les doctorantes et 20 000 euros pour les post-doctorantes) et bénéficieront d’un programme de formation au leadership, complémentaire à leur parcours scientifique, afin d’avoir les moyens de briser plus facilement le plafond de verre. 

Aujourd’hui encore en France, les femmes sont sous représentées dans les études et les professions de recherche : on ne compte que 36% de femmes en doctorat, 26% de femmes en écoles d’ingénieurs et 28% de femmes parmi les chercheurs. En Europe, seulement 14% des hautes fonctions académiques en science sont exercées par des femmes, et, au niveau mondial, seules 3 % de femmes ont été récompensées par des prix Nobel scientifiques.

Tepoerau Mai et Pauline Palmas viennent de Polynésie et font partie des sept chercheuses des Outre-mer récompensées du prix.

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Tepoerau Mai

Tepoerau Mai est post-doctorante au Laboratoire Écologie Marine Tropical des Océans Pacifique et Indien en Nouvelle Calédonie.  Elle cherche à anticiper les risques sanitaires liés aux micro-algues toxiques en Nouvelle-Calédonie. Originaire de Tahiti, Tepoerau Mai y étudie jusqu’au baccalauréat. Jeune, elle est parfois soignée aux ra’au Tahiti. Combinant cet héritage culturel et son goût des sciences, elle opte pour un cursus permettant de comprendre les bienfaits des plantes sur la santé.

Depuis 2021, Tepoerau Mai travaille à l’Ifremer de Nouvelle-Calédonie sur l’évaluation de l’impact des facteurs physico-chimiques sur la physiologie et la production toxinique de micro-algues nuisibles et toxiques. Ses recherches ont pour vocation d’évaluer le potentiel risque sanitaire de ces espèces en Nouvelle-Calédonie, et leurs conséquences sur la pêche et la baignade. « Mon travail consiste à identifier les espèces présentes en Nouvelle-Calédonie et d’évaluer la toxicité de ces micro-algues », explique la jeune chercheuse, primée en catégorie Physique-Chimie. 

« Les micro-algues toxiques sont la cause de certaines maladies, notamment de la ciguatera », bien connue dans le Pacifique sud. « On va chercher en Nouvelle-Calédonie des espèces de micro-algues pouvant potentiellement conduire à la ciguatera, mieux les connaître (…), et comparer avec les autres espèces de micro-algues présentes dans le Pacifique ». Naturellement présentes dans l’environnement, « les micro-algues produisent des molécules pour se défendre » précise-t-elle encore. Des défenses dont la particularité est de n’être toxiques que pour l’être humain.

« La bourse L’Oréal-UNESCO représente une reconnaissance » confie la jeune chercheuse. Une reconnaissance à la fois pour les travaux menés mais aussi pour son « engagement pour la science ». « Le plus difficile pour une Polynésienne venant d’un milieu insulaire c’est de s’expatrier en Métropole pendant plusieurs années », poursuit-elle. « Très peu de Polynésiennes exercent le métier de chercheuse » note-t-elle d’ailleurs, soulignant « une fierté ». Cette récompense permettra à Tepoerau Mai de venir en mission dans l’Hexagone « pour me former à des techniques d’analyses chimiques » et « faire de la diffusion scientifique ».

Pauline Palmas

Originaire d’Occitanie, Pauline Palmas est post-doctorante à l’université de Polynésie française, Labex Corail. Elle cherche à évaluer la menace des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité des îles. Parmi les prédateurs envahissants, ses recherches concernent plus particulièrement le chat haret, un carnivore responsable de 26% des extinctions récentes de vertébrés à l’échelle mondiale. La Polynésie étant particulièrement concernée par cette crise d’extinction, Pauline Palmas évalue les impacts de ce prédateur et teste des hypothèses en contexte de multi-invasions, au sein de l’UPF. 

Son but : déterminer les îles où des actions de gestion doivent être implémentées d’urgence pour la préservation de la biodiversité, tout en innovant dans la méthode de suivi des populations animales (caméras automatisées, intelligence artificielle). La nature n’est bien sûr pas qu’un simple lieu de travail pour la chercheuse : « l’observation et expérimentation de la nature est vitale pour moi », confie-t-elle.

Pour Pauline Palmas, « le partage de connaissances scientifiques, transparent et désintéressé, garantit des avancées plus rapides et inclusives ». Ainsi, elle souhaite un meilleur équilibre dans la représentation des genres en science afin d’élargir le spectre des recherches et augmenter les découvertes : « un équilibre et une égalité femmes-hommes dans tous types de structure me paraissent garantir un meilleur fonctionnement », indique la chercheuse, lauréate dans la catégorie Sciences de l’Environnement et de la Terre.

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