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Entre écriture et photographie, le regard aiguisé de Hong My Phong

Fille d’un agriculteur, ancien combattant, Hong My grandit à Tahiti. Très jeune, elle est fascinée par les vieux clichés de son père, un passionné. C’est lui qui lui offre son tout premier appareil. Son amour pour l’image se développe, en même temps que celui de l’écriture.

Plus tard, elle choisit néanmoins de s’orienter vers des études scientifiques, puis l’esthétique. Aujourd’hui patronne d’un institut, elle n’a jamais abandonné ses rêves.

Elle suit plusieurs formations en photographie, et même des workshops à l’étranger. Parallèlement, elle écrit plusieurs textes, poèmes, qu’elle publie dans la revue Litterama’ohi.

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C’est en 2016 qu’elle a un déclic : « Je me sentais prête, prête à passer à autre chose, à évoluer. J’avais écrit des textes, des poèmes, des choses comme ça. Et d’avoir lu beaucoup, j’ai eu envie d’écrire mon propre roman. » En 2019 sort Femmes écorchées, son tout premier livre édité aux éditions Api Tahiti. Un roman policier abordant la condition des femmes en Polynésie. Car ce qui lui plait, c’est « explorer la nature humaine, la noirceur. Je ne sais pas, ça m’a toujours attirée. C’est pour ça que je lis d’ailleurs, depuis l’enfance, plein de romans policiers. J’aime bien le suspens, les énigmes, les mystères aussi. Donc c’est un peu lié, ça va bien ensemble. C’est ça qui m’attire en fait. Un roman policier, c’est un meurtre. Donc c’est m’interroger sur les motivations, ce qui fait qu’une personne passe à l’acte.« 

« C’est inspiré quand même de faits réels. Je suis même allée voir un médecin légiste. »

Pour construire son histoire, l’autrice n’hésite pas à faire des recherches, à échanger avec la population ou avec des professionnels. « J’ai même fait des recherches sur la DSP pour que tout ait un accent de vérité, que ce soit un peu authentique. C’est inspiré quand même de faits réels. Je suis même allée voir un médecin légiste. (…) Dans le roman policier, il y a une structure qui est déterminée. Il y a forcément un meurtre, il y a forcément une enquête. (…) Ce que je trouve difficile, surtout quand on veut que le meurtre se passe ici, c’est qu’en fait, ici, il n’y a pas beaucoup de meurtres. On sait tout de suite qui est le meurtrier. (…) Donc, faire un roman qui tient la route où on ne découvre pas tout de suite le meurtrier, c’est compliqué. »

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En 2021, Hong My sort son deuxième ouvrage, Pater Familias, où elle explore le monde de la drogue. Avec cette nouvelle publication, elle s’affirme un peu plus dans l’univers littéraire polynésien. Elle prépare aujourd’hui un troisième roman. Un projet sur lequel elle aura l’occasion de travailler lors de la résidence d’écriture dont elle est sortie lauréate. « Normalement, je vais à Rikitea et Maupiti. J’attends qu’on me confirme les dates et ces iles que j’ai demandées. Ce qu’il me faut, c’est du temps et du calme pour avancer vite dans mon projet d’écriture. Rikitea, on m’a beaucoup parlé de cette île, de ce village. Ce que je veux, c’est me fondre dans la population, dans la vie quotidienne des iliens, pouvoir discuter avec eux. »

Hong My compte bien emmener dans ses valises son appareil photo. « La façon dont je photographie, ça influence aussi mon écriture. D’ailleurs, quand je vais dans les îles ou quelque part, j’aime bien prendre des photos, regarder les photos, et des fois écrire à partir d’autres photos. On ne peut pas se rappeler de tout. »

Son prochain roman parlera de « jeunes adolescents » nous dit elle, sans en confier davantage.

En attendant, celle qui reçoit ses clients dans son studio photo de Papara expose au Musée de Tahiti et des iles à l’occasion de l’événement Hoho’a. Hong My y présente trois clichés. « Le thème, c’est Chemins et trajets. Et moi, en fait, je voulais illustrer que l’écriture est un chemin de solitude. Donc j’ai mis visuellement en photo, cette idée-là, que l’écriture est un chemin de solitude ».

Ces clichés sont à découvrir 26 janvier à Punaauia.

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