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Garance Tanguy à la recherche d’une méthode pour prévenir les crues et construire des infrastructures plus adaptées

Garance Tanguy. Crédit Tahiti Nui Télévision

Garance Tanguy, doctorante de 2e année en hydrologie, a remporté la semaine dernière le 1er prix du concours Ma thèse en 180 secondes. Le sujet de sa thèse ? « Modélisation des crues à Tahiti avec applications au dimensionnement d’ouvrages et à la prévision en temps réel ».

Si l’intitulé semble de premier abord assez rébarbatif, la thèse de Garance répond en fait à un réel besoin : « Ma thèse fait partie d’un projet plus vaste pour l’étude de l’hydrologie entre autres », explique-t-elle. La jeune femme de seulement 23 ans a répondu à une offre de l’université pour travailler sur le sujet.

Mais de quoi parle-t-on exactement ? « J’étudie la formation des crues : comment une rivière va répondre à une pluie par une crue et qu’est-ce qui fait qu’une crue va être plus ou moins forte. Ce que j’explique dans ma thèse en 180 secondes, c’est qu’on a l’impression que c’est simple, que plus une pluie est forte plus le niveau de l’eau va monter haut. Mais en fait ce n’est pas aussi simple que ça. Ça ne dépend pas seulement de la pluie. Ça peut dépendre aussi de la place de la vallée dans l’île de Tahiti : si elle est plus exposée ou moins exposée aux pluies, ça peut dépendre de l’altitude de la vallée, ça peut dépendre de si on est en saison sèche ou en saison des pluies, si la crue a lieu après deux, trois, dix jours sans pluie ou si au contraire il a plu de façon régulière dans le temps. L’objectif de ma thèse c’est de faire de la prévision de crue », explique Garance. Des prévisions qui pourraient permettre par exemple, d’éviter de graves inondations comme celles qui ont eu lieu lors des fortes intempéries de 2017…

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« ça leur permet de rendre des études pour dimensionner des ponts, des barrages, des routes« 

Garance Tanguy, doctorante

Sa thèse se déroule en partenariat avec le cabinet Speed (Société polynésienne de l’eau, de l’électricité et des déchets). « J’ai des réunions tous les semestres avec eux. Ce qu’ils attendent de moi c’est que je leur donne une méthode qui leur permettre d’avoir (…) la puissance maximum du courant pour la crue la plus dangereuse à laquelle on puisse s’attendre. Eux, ça leur permet de rendre des études pour dimensionner des ponts, des barrages, des routes. Quand on construit une route, on traverse un certain nombre de rivières et à chaque fois il faut dimensionner les canaux pour ne pas que ça déborde. »

Une thèse dont l’utilité semble évidente. Mais lorsque Garance présente son travail, c’est généralement à des scientifiques. Et parfois, la jeune femme a du mal à expliquer l’intérêt de son travail à son entourage : « C’est pour ça que j’ai été très attirée par ce concours parce que je sais que j’ai du mal à expliquer aux gens ce que je fais parce que ça me frustre souvent parce que ce sont des sujets qui touchent tout le monde et comme on n’est pas capables d’en parler, on reste entre nous et c’est dommage. Souvent quand j’en parle à mes proches ou des amis, dès que je commence à expliquer ce que je fais en thèse je sors 4 ou 5 mots de jargon scientifique et je perds mon auditoire. C’est vrai que c’était bien de faire un exercice de vulgarisation et c’était difficile. Notre coach nous a demandé d’abord de faire un texte pour résumer la thèse en 3 minutes. Et quand elle a lu notre texte elle n’a rien compris (rire) donc il a fallu faire plusieurs essais avant d’avoir quelque chose d’intelligible. »

« Ce sont des sujets qui touchent tout le monde et comme on n’est pas capables d’en parler, on reste entre nous« 

Garance Tanguy, doctorante

Avant d’arriver en doctorat à l’Université, la jeune femme a suivi une prépa puis une école d’ingénieure en métropole. Et elle a profité de ses stages pour voyager. Des voyages qui l’ont sensibilisée aux problèmes liés aux crues : « J’ai été en Martinique, en Hollande où il y a beaucoup de problèmes de submersion parce que c’est un pays très plat. Ensuite j’ai été à Douala au Cameroun. C’est une ville où il pleut énormément. C’est une ville qui est construite sur une rivière principale donc j’avais un projet là-dessus. »

« J’aime beaucoup faire du terrain »

Garance Tanguy, doctorante

Aujourd’hui au fenua, elle ne se contente pas de théorie. Garance adore faire du terrain. Elle parcourt les vallées de Tahiti dans lesquelles sont posés des capteurs de pluie et de niveau d’eau : « Je rajoute des capteurs pour avoir d’autres informations comme l’humidité du sol. J’ai fait des prélèvements de sol sur toute l’ile de Tahiti. J’ai créé des petits capteurs de niveau manuels que je dois toutes les semaines aller relever. J’aime beaucoup faire du terrain. »

La dernière thèse faite sur le même sujet date de l’an 2000.

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