À Fakarava, une centaine de touristes sont en attente d’un vol retour vers Tahiti. Parmi eux, des familles avec des enfants, mais aussi des adultes qui manquent de médicaments. Diabétique, Nathalie Rieux a besoin d’insuline pour se soigner. Elle devait revenir à Tahiti samedi dernier, et est toujours bloquée sur l’atoll. La situation l’inquiète : « Je suis passée en demi-dose hier et avant-hier, et aujourd’hui en tiers de dose. Et je n’en ai plus pour demain. Donc, je pense que je risque d’avoir des effets à partir de demain, après-demain, comme les diabétiques. (…) Le dispensaire est au courant, mais bien qu’il soit passé devant notre porte hier, personne ne s’est arrêté pour me rencontrer. Ils me disent que pour les rapatriements sanitaires, il faut vraiment être très mal. Comme il y a quelqu’un d’autre qui n’a plus de traitement pour la thyroïde, ils sont d’accord pour nous faire un certificat médical pour être prioritaires quand il y aura un avion. Moi, j’ai mon insuline qui m’attend à Tahiti ».
Dans un communiqué, le Pays précise qu’ « en cas d’extrême urgence ou nécessité vitale, seule la régulation sanitaire du SAMU (15) est en mesure de déterminer les actes qui s’imposent comme les évacuations sanitaires, en lien avec le personnel soignant local pendant les heures ouvrées et directement hors heures ouvrées ». Et qu’il « mettra en place les moyens pour répondre au mieux aux besoins qui seront exprimés. Pour tous renseignements en cas de problème médical, le gouvernement invite la population à se rendre sur un site dédié » .
Face au surcoût financier d’un séjour qui se prolonge et aux impératifs de retour, plusieurs touristes ont opté pour la solution du transport maritime à bord de catamaran ou avec la navette communale de l’atoll voisin Faaite. Malgré les mauvaises conditions météo, ce matin à 4 heures, une quarantaine de touristes ont pris la mer. Un bébé de 11 mois fait partie du groupe : « Je leur ai dit de faire attention, que la mer était très forte. Ils ont pris le bateau pour rejoindre l’aéroport de Rangiroa » explique Etienne Maro, maire de Fakarava.
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« C’est très embêtant que ce genre de situation arrive, Fakarava est très fréquentée par les touristes. Mais les aléas font que ça arrive pendant leur séjour… Je les invite à prendre leur mal en patience. La situation se débloquera petit à petit » ajoute Jean Anania, chef des pompiers de l’aéroport de Fakarava.
Toujours à Fakarava, d’autres voyageurs dans l’attente se sont entretenus avec le tavana et le responsable des pompiers ce matin. Mais aucune avancée concrète ne se profile à l’horizon pour assurer le retour des touristes.
De son côté, la FRAAP se dit prête à faire un effort pour assurer un service minimum, mais uniquement pour le rapatriement scolaire : « Il y a des îles comme Hao avec le collège, où je pense qu’il faudra rajouter des vols en plus pour pouvoir rapatrier sur les autres îles à côté. Ça, on va le faire. Mais que pour le rapatriement scolaire. Il ne faut pas qu’ils nous ajoutent des passagers pour le vol retour, sinon ça nous casse notre grève » indique Gérard Barff, secrétaire général délégué de la FRAAP.
À la DGEE, on organise avec Air Tahiti la première vague de départ prévue demain mercredi. 10 vols sont au programme : « Nous espérons rapatrier 400 élèves, majoritairement vers les îles des Tuamotu » précise Bettina Tinorua, cheffe du département de la vie des élèves, des écoles et des établissements. En tout, d’ici la fin de la semaine, ils seront 1 500 internes à partir de Tahiti pour rentrer dans leurs îles pour les vacances scolaires.
Les charters des élèves à destination de Makemo, Takume, Hikueru et celui vers Nuku Hiva n’ont pas pu être opérés. Des vols qu’Air Tahiti doit de nouveau reprogrammer.
Le Pays indique de son côté « veiller au bon déroulement des évacuations sanitaires et au retour des élèves internes auprès de leur famille » : « Afin que chaque élève interne puisse retrouver ses proches pour les fêtes de fin d’année, le gouvernement informe l’ensemble des établissements scolaires, les familles et partenaires que le calendrier des vols de rapatriement scolaires débutera en milieu de semaine. Toutefois, en raison du mouvement social en cours, certains retours pourraient être retardés ». Des vols qui ont lieu dans le cadre du service minimum.
Demain matin, le Pays a convié la presse afin de faire le point sur les mesures prises afin d’assurer les évacuations sanitaires et le rapatriement des élèves internes dans leur famille.