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Grève à l’Apair Apurad : les salariés dénoncent leur précarisation et un malaise social persistant

(Crédit Photo : TNTV)

Si le conflit social couvait depuis quelque temps à Apair Apurad, la grève, effective dans l’association au service des patients polynésiens atteints de maladies respiratoires et rénales, est une première. Après l’échec hier – ou plutôt la non-tenue – des discussions autour du préavis déposé le 12 mars dernier à l’initiative de la CSTPFO, près de 60% des 150 salariés ont décidé de suivre le mouvement, principalement à Tahiti, au premier jour. Leurs revendications portent sur deux axes majeurs : revalorisation salariale et amélioration des conditions de travail.

Averi Lachaud, responsable du département social, estime que le malaise n’est pas nouveau au sein de l’association. Principaux symptômes, des « pressions du quotidien » mises sur le personnel et leur précarisation. Leurs revendications, maintes fois exprimées depuis des années, restent lettre morte, dit-elle. Ainsi, malgré des périodes d’ « accalmies » , le conflit était inexorable. « Nous sommes là aujourd’hui parce qu’il n’y a rien qui a été annoncé. Aucun document n’a été transmis, donc aucun point n’a été résolu jusqu’alors (…) Je peux vous dire que toutes ces personnes qui sont ici présentes travaillent avec leur cœur et ne sont pas rémunérées à la juste valeur » , affirme-t-elle.

Perte de pouvoir d’achat

Au-delà des difficultés de gestion humaine, les revendications salariales sont, comme souvent, le principal point d’achoppement du conflit. Un technicien biomédical, en poste depuis 25 ans, exprime son exaspération face à une rémunération qu’il juge désormais insuffisante face à l’augmentation du coût de la vie : « On nous dit toujours qu’on ne peut pas augmenter nos salaires, qu’on est déficitaires ou dans le rouge. Mais on voit toujours qu’il y a de nouvelles voitures qui sortent, qu’il y a de nouveaux postes qui se créent. D’où viennent ces sous-là ? » , interroge-t-il.

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Même-si lui estime qu’il n’est pas le plus à plaindre, il déclare avoir subi une baisse de salaire importante après un changement de poste : « J’ai perdu 50 000 francs. Avec le coût de la vie actuel, qui est super cher, c’est très difficile de joindre les deux bouts » souffle-t-il.

La qualité des soins maintenue, selon la direction

De son côté, la direction assure que les soins continuent d’être assurés et se veut rassurante envers les patients. « Tous les soignants sont à leur poste, et également les médecins. On continuera à prodiguer des soins de qualité, il n’y aura aucune différence » , affirme Frédérique Daviet, directrice des soins de l’association. Cette dernière compte des unités sur Papara, Paea, le quartier Paofai, Mahina, Raiatea et Moorea. Les dialysés à domicile, eux, sont répartis sur tout le territoire. Mais pour les îles non plus, pas d’impact, assure la direction.

Selon Mme Daviet, le « petit couac » de l’absence de négociations ce lundi est dû à un manque de communication des représentants syndicaux. « Ils se sont mis en intersyndicale sans nous prévenir et sans nouveau préavis, donc on a proposé à M. (Patrick) Galenon de continuer à dialoguer, il m’a répondu qu’ils feraient grève » . Elle assure néanmoins que la direction est « ouverte au dialogue« . « Nous allons donner des propositions, et on attend aussi leurs propositions, pour que ça soit constructif, qu’on soit ensemble, poursuit-elle. » Surtout, lors de la première réunion de négociation qui s’est déroulée la semaine dernière, le président a répondu de façon complète et transparente, point par point, à tous les points de négociation. Les documents que le syndicat nous a demandés leur ont été envoyés par mail deux jours après » .

Un mouvement en passe de s’étendre

De son côté, Averi Lachaud avance que « la porte n’est pas fermée » … à l’extension du mouvement de grève aux îles. « On a des collègues, des collaborateurs infirmiers qui sont sur l’éducation, on sait très bien que leur priorité, c’est le soin. On ne les a pas obligés à nous rejoindre sur les piquets de grève, parce qu’on partage aussi, on a une conscience professionnelle (…) mais il n’est pas dit que certains nous rejoindront plus tard ou sur les jours de grève » , poursuit-elle. On a une solidarité qui est commune » , conclut-elle.

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