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Handicap : plusieurs nouvelles infrastructures publiques… non accessibles aux personnes à mobilité réduite

Sur son fauteuil roulant, Nicolas Puahiohio se déplace à la force des bras… Habitant du quartier Outumaoro, nous l’avons rencontré alors qu’il se rendait seul à la pharmacie, en tentant d’avancer au mieux sur ce trottoir mal entretenu. Un parcours semé d’embûches qu’il emprunte régulièrement.

« C’est très dur physiquement, surtout dans mes déplacements, et pour me rendre en centre-ville : je suis obligé de louer un véhicule. Cela me coûte 3000 francs l’aller-retour, je limite ce genre de sortie à une fois dans le mois », explique cet usager. 

Avec une santé fragile, Nicolas n’a pas toute l’assistance ou un moyen de transport pour faciliter ses déplacements. 
Plus tôt dans la matinée, il a rejoint la mairie de Punaauia poussé par un membre de sa famille : trois kilomètres aller-retour.
« Les longues distances me fatiguent énormément, cela m’essouffle », explique-t-il.

 

A Punaauia, comme dans d’autres communes, l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, en fauteuil, avec des béquilles, ou même pour des personnes âgées, est-elle facilitée ? Pas forcément… et cela, même lorsque des nouvelles infrastructures sont installées.
La passerelle à la marina Taina permet de traverser en toute sécurité la chaussée, lorsqu’on est valide. C’est désormais impossible pour les PMR.  Le passage piéton a été condamné récemment, pour des raisons de sécurité selon ce communiqué du Pays. Des deux roues l’utilisent pour faire demi-tour, un danger supplémentaire sur la route.


 

Passage piéton, voirie, trottoir, espaces publics… la fédération Te niu o te huma travaille pour ce que toute la chaîne de déplacement soit réfléchie. La 3e édition du guide pratique de l’accessibilité fait un état des lieux des aménagements possibles et obligatoires… Bien que les bâtiments qui accueillent du public aient procédé à des amélioration, la Polynésie demeure très en retard sur ses plans d’aménagement en faveur du handicap : « la réglementation qui existe en matière d’accessibilité des lieux utilisés par le public date de 1992 », explique Michel Gay, secrétaire adjoint de la fédération.  » Elle prévoyait une mise en place de structures, avec un calendrier sur 10 ans. Et on est presqu’au point mort!  » 

Au centre de ville de Papeete, les déplacements restent encore compliqués pour une personne qui a perdu l’usage de ses jambes.  Une brève démonstration suffit pour comprendre que même sur les trottoirs rénovés : il demeure difficile de circuler en fauteuil roulant. « On ne peut pas faire plus de 10/15 mètres d’affilée sans rencontrer une difficulté, et quand on rencontre un accès d’un bord, il est souvent mal fait. On est obligé de demander de l’aide aux passants. En face, on se retrouve avec un trottoir, on est alors obligés de faire demi-tour et circuler sur la route », décrit Michel Gay. 

Le transport collectif n’est pas non plus adapté. Sur l’ensemble du réseau urbain, seul 3 bus disposent d’une rampe d’accès et d’un espace réservé. Seulement, faute d’utilisation régulière, nous avons appris que les mécanismes étaient grippés. Toutefois, la situation devrait s’améliorer des 2019 avec la nouvelle délégation de service public. 20 bus dit « low entry » devraient entrer en circulation.
Le tableau n’est pas totalement noir ! Mahina est la 1ere commune à avoir adopté depuis 2013 une charte ville handicap. Le site touristique de la pointe vénus a été réaménagé pour faciliter l’accès aux PMR.  
« A partir du phare, à l’entrée de la route, un circuit a été mis en place de façon à permettre à toute personne porteuse de handicap de circuler », indique Marie-Pauline Cojan, 1ère adjointe au maire de Mahina. 

Un cheminement a aussi été tracé pour accéder au quai et pouvoir embarquer sur un bateau. La mairie s’est également équipée d’un tiralo : un fauteuil amphibie qui permet à toute personne handicapée de goûter au plaisir de la mer en toute sécurité. L’équipement et le tapis de mise à l’eau sont à la disposition des associations.

Le stade de la commune est lui aussi doté d’une rampe d’accès pour les supporters en fauteuil. Il s’agit du seul stade ainsi pourvu.

En Polynésie, plus de 5000 personnes sont en situation de handicap moteur. Cela représente près de 1% de la population.  Ces statistiques ne comptabilisent pas les touristes en situation de handicap. Des agences de voyages sollicitent régulièrement la fédération Te niu o te huma pour savoir si la destination Polynésie est suffisamment accessible pour les PMR.
 

Rédaction web avec Thomas Chabrol et Jeanne Tinorua
 
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